Magic Vettel?
Formule 1 jeudi, 10 oct. 2013. 08:24 mercredi, 11 déc. 2024. 21:11Pouvez-vous imaginer Sebastian Vettel recevoir le surnom de « Magic »?
Et bien moi non plus!
« Magic », c’est évidemment Ayrton Senna. « Magic » car il pouvait réussir des choses époustouflantes au volant d’une F1, notamment à ses débuts.
Une première saison sur une modeste Toleman-Hart qu’il mène, sous la pluie, jusqu’à une incroyable deuxième place dans les rues de Monaco en 1984. Et si la course n’avait pas été arrêtée en raison de la pluie et en faveur du meneur Alain Prost (sur McLaren), le Brésilien aurait probablement gagné.
Puis deux saisons chez Lotus-Renault, les fameuses flèches noires de 1985-1986. Une première victoire au Portugal en 1985, évidemment sous la pluie, le facteur qui nivelle les performances des voitures et permet au talent de s‘exprimer.
Pourquoi parler de « Magic» Senna aujourd’hui?
J’ai repensé au surnom du Brésilien alors que la F1 se dirige vers le Japon et la piste de Suzuka. Senna était adulé au Japon et attirait des foules record à Suzuka. La demande de billets à son époque était telle que les organisateurs du Grand Prix devaient mettre sur pied une loterie pour procéder à la vente de billets.
Pourquoi parler de « Magic » Vettel aujourd’hui?
Parce que l’on sent le pilote allemand mal aimé du grand public. Au point d’être parfois hué lorsqu’il monte sur la plus haute marche du podium.
À cela deux raisons.
Ses victoires semblent tellement faciles, au volant d’une Red Bull dominante, qu’il ne dégage pas cette aura d’un pilote capable de surpasser les déficiences de sa voiture, comme Senna pouvait le faire.
L’Allemand possède huit victoires cette saison. Chaque fois il est parti de la première ou de la deuxième place sur la grille.
Comparons avec Fernando Alonso et sa Ferrari. L’Espagnol a gagné en partant 3e (Chine) et 5e (Espagne). Il a terminé 2e à cinq reprises en partant 5e (Australie), 6e (Canada), 9e (Belgique), 5e (Italie) et 7e (Singapour). On sent, on sait qu’il se bat pour récolter les miettes que lui laisse Vettel.
Certains pilotes sans palmarès étincelant sont passés à l’histoire justement en raison de leur esprit combatif, de leur attitude à ne jamais baisser les bras. On pense évidemment à Gilles Villeneuve, qui se débattait avec un châssis déficient, mais heureusement doté d’un bon moteur. On peut penser à Ronnie Peterson, Jean Alesi.
L’autre raison du manque de ferveur populaire envers Vettel est peut-être son employeur.
Est-ce que Red Bull fait rêver les amateurs de course comme des écuries de légende tel Ferrari, McLaren, Mercedes, Lotus, Williams?
Est-ce qu’une compagnie qui vend des canettes fait rêver comme des constructeurs de voiture haute performance (Ferrari, McLaren, Mercedes/AMG)?
Le fait de vendre 5,226 milliards de canettes pour un chiffre d’affaires de 6,4 milliards de dollars permet à la compagnie autrichienne de faire de Red Bull Racing l’écurie la mieux nantie du plateau avec Ferrari, avec un budget estimé à environ 400 millions de dollars (mais Ferrari fabrique ses moteurs, alors que RB dispose d’un Renault à prix avantageux).
Mais plus désagréable encore – et ceci est un avis très personnel – est le fait que Red Bull (et sa filière Toro Rosso) ait saboté les efforts de la FOTA (l’association des écuries de Formule Un), qui avait réussi à faire signer par l’ensemble des équipes une entente de restrictions des dépenses.
En se dissociant de la FOTA, Red Bull a démontré qu’elle n’avait à cœur que son propre intérêt. Tout en anéantissant le pouvoir de négociations de la FOTA envers le détenteur des droits commerciaux.
Red Bull a un côté rouleau compresseur qui n’attire pas la sympathie. Ce qui déteint forcément sur son pilote.
En plus elle triche?
Malgré les nombreuses accusations au cours des dernières années, l’écurie Red Bull n’a jamais été sanctionnée pour être allée trop loin dans l’interprétation du règlement (aileron avant flexible, ouverture dans le plancher, ajustement de la garde au sol, relation non linéaire entre accélérateur et réaction du moteur, etc.).
Soyons honnêtes, tous les ingénieurs tentent de jouer dans les zones grises du règlement. Alors bravo au concepteur en chef Adrian Newey s’il fait preuve de plus d’ingéniosité que ses collègues.
Au lendemain du Grand Prix de Singapour, Red Bull a de nouveau été pointée du doigt, alors qu’une vilaine rumeur faisait état d’un système d’antipatinage (ce qui serait illégal) utilisé en sortie de virage. Tout cela basé sur le son du moteur.
En fait, il s’agit sûrement d’une question de gestion électronique de moteur. On sait que Renault et Red Bull collaborent étroitement dans ce domaine, ce qui a permis à Red Bull de bien maîtriser, et ce, avant tout le monde, le phénomène de soufflage des gaz d’échappement.
On sait que ces gaz sont dirigés de façon très spécifique vers l’arrière de la monoplace pour créer de l’appui aérodynamique. Et l’électronique « joue » dans le moteur puisqu’il y a du soufflage même lorsque le pilote lève le pied.
Une question de poids
La question du poids des pilotes a pris de l’ampleur en Corée, alors que le pauvre Nico Hülkenberg, auteur d’une fantastique 4e place à Yeongam, n’a toujours pas de contrat pour 2014 en raison de sa taille et de son poids.
De toute évidence, les écuries ont commencé à réaliser qu’elles auront de la difficulté à atteindre le poids minimum de 690 kg.
Il y a pourtant des solutions. Modifier la définition du poids minimum de la voiture en incluant le pilote. Ou prévoir un lest dans chaque voiture, variable selon le poids du pilote.
Est-ce vraiment si compliqué à résoudre?
F1 Magazine
En ondes à RDS le vendredi 11 octobre à 10 h 30, 16 h 30 et 19 h 30, et le dimanche 13 octobre à 7 h du matin avant la reprise du Grand Prix du Japon.
Au menu cette semaine : deuxième épisode sur Comment construire la meilleure F1 du plateau, la Red Bull RB9; une entrevue avec le directeur technique de Ferrari, qui nous explique les déboires de la Scuderia, puis nous parle de 2014; Lewis Hamilton et Nico Rosberg traitent du SREC; un superbe vidéoclip de l'écurie Sauber; lexique F1; et en conclusion le circuit de Suzuka au Japon, analysé par Romain Grosjean et Pirelli.