My name is James, James Allison.

Permettez-moi de paraphraser la célèbre expression de la série des James Bond (« My name is Bond, James Bond ») alors que se tourne actuellement le nouvel épisode de la saga de l’agent secret 007, afin de vous présenter LA raison de la renaissance de Ferrari cette saison.

James Allison, donc. Le directeur technique de la Scuderia Ferrari depuis l’automne 2013.

Il le dit lui-même : il ne dessine aucune des pièces de la voiture. Tout comme Ross Brawn à la grande époque de Michael Schumacher chez Ferrari.

Alors que fait-il? Disons qu’il agit comme un « guide » auprès des ingénieurs :

-  il leur fixe des objectifs précis. Par exemple, un gain à atteindre en appuis aérodynamiques sur une nouvelle voiture.

-  il décide quels concepts/nouvelles idées/suggestions en provenance des bureaux d’études valent la peine d’être validés en soufflerie, puis éventuellement testés en piste.

Pour ce faire, un directeur technique doit posséder une grande expérience.

Et pour faire respecter ses choix, il doit avoir un curriculum vitae qui en impose.

Allison possède tout cela. Et il a un autre atout : il connaît bien la Scuderia Ferrari.

À son arrivée en F1 en 1991, il travaille comme aérodynamicien au sein des écuries Larousse et Benetton (chef aérodynamicien en 1998).

En 2000 il passe chez Ferrari où il occupe le poste d’aérodynamicien responsable des opérations piste.

En 2005, il retourne chez Renault (née Benetton) comme adjoint du directeur technique. Il participe donc aux deux saisons de championnat de Fernando Alonso (2005-2006).

Mais l’Espagnol part puis Renault se désengage de la F1 à la fin de la saison 2010 (l’écurie devient Lotus-Renault puis Lotus F1). Les budgets sont moindres, les cerveaux quittent.

Allison, nommé directeur technique en 2009, va lentement remettre Lotus sur pied. L’écurie passe de la 8e place au classement en 2009 à la 4e position en 2012 et 2013.

Ah, 2012-2013! Les années du retour en F1 de Kimi Raikkonen. Le Finlandais avait surpris avec deux victoires et plusieurs podiums (neuf fois 2e et quatre fois 3e). Des résultats souvent basés sur une caractéristique technique de sa Lotus : une faible usure des pneumatiques, qui permettait à Raikkonen de faire un arrêt de moins que ses rivaux.

Cela ne vous rappelle pas le tout dernier Grand Prix disputé en Malaisie et remporté par Sebastian Vettel sur Ferrari devant Lewis Hamilton sur Mercedes?

Sur ce circuit où la chaleur atteignait 60 °C sur le tarmac, la performance des voitures était limitée par les pneus.

En étant plus douce avec ses pneus, la Ferrari a pu combler, sur la distance d’une course, le déficit qu’elle accuse en performance pure (sur un tour, dans des conditions normales) par rapport à la Mercedes.

À Sepang, la Ferrari de Vettel a ainsi bénéficié de deux avantages :

-  un arrêt aux puits de moins

-  plus de tours (37 contre 18 pour Hamilton) sur la gomme medium plus performante que la gomme dure

Ce n’est sûrement pas un hasard si la Ferrari 2015 possède un peu de l’ADN des Lotus de 2012-2013.

Si ce Britannique de 47 ans ne dessine aucune des pièces de la voiture, c’est bien lui qui donne les lignes directrices de la conception.

Arrivé chez Ferrari en septembre 2013, il n’a eu aucune influence sur la Ferrari 2014.

La voiture actuelle est donc la première monoplace de Maranello dont il est le maître d’œuvre. Allison souligne que la SF15-T est issue d’une remise en question totale versus les voitures précédentes. Le gain en performance, qu’il évalue 50 % au niveau du châssis et 50 % au niveau du moteur, est absolument remarquable.

Pour l’instant, il faudra encore des circonstances favorables, comme en Malaisie, pour que la Ferrari se montre supérieure à la Mercedes.

Puis, tout au long de la saison, c’est la guerre entre ingénieurs sur le développement de leur voiture qui viendra faire la différence entre les deux écuries.

Mercedes a-t-elle encore une marge d’amélioration?

Chez Ferrari, on se montre optimiste. Au cours des derniers mois, la Scuderia a effectué un énorme travail de reconstruction (changement de personnel, investissement dans les équipements) qui commence à porter ses fruits.

« My name is James, James Allison. » Oui, il est en train de se faire un nom, ce Britannique.