Les pneus ont beaucoup (trop) fait parler cette saison. Heureusement, ce temps est probablement révolu.

Déjà au Grand Prix d’Allemagne, les pneus ont joué le rôle qui leur est destiné, à savoir ajouter du piquant à la course, pas en être l’acteur principal.

En Hongrie, Pirelli va proposer de nouveaux pneus, qui seront utilisés d’ici la fin de la saison. Il s’agit d’une combinaison des gommes 2013 et de la construction en kevlar de 2012. Ces pneus ont été testés avec succès à Silverstone la semaine dernière.

On sait que Pirelli avait voulu apporter des changements à ses pneus au mois de mai pour éliminer les délaminations survenues en début de saison. Mais cela demandait l’unanimité des écuries et trois équipes s’y étaient opposées : Ferrari, Lotus et Force India.

Pourquoi? Parce que ces écuries ne voulaient pas perdre l’avantage dont elles disposaient, à savoir une usure moindre des pneus. Un avantage qu’elles avaient mérité en effectuant un travail de recherche et développement durant l’intersaison.

Les événements de Silverstone (cinq éclatements de pneus) ont forcé la main de tout le monde et Pirelli a pu apporter des changements temporaires pour l’Allemagne et définitifs pour la Hongrie et la suite de la saison.

Cela va-t-il nécessairement pénaliser Lotus, Ferrari et Force India?

Pas du tout, selon Paul Hembery, le patron de Pirelli. Ni la bande de roulement, ni les mélanges de gomme, ni la structure fondamentale du pneu n’ont été modifiés. Pirelli ne veut pas être accusée de manipuler le championnat.

Les nouvelles gommes vont moins se dégrader, ce qui a priori pourrait désavantager les trois écuries qui n’abusent pas de leurs pneus. Mais il faut voir plus loin. Il faut ajouter l’élément de stratégie dans la vue d’ensemble.

Souvent cette saison, parce que les pneus s’usaient rapidement, le pneu de prédilection pour la course était le plus dur des deux types offerts pour chaque Grand Prix (le pneu « prime»plus dur et le pneu « option» plus tendre). Cela n’aidait pas Lotus, Ferrari et Force India, qui éprouvent des ennuis à faire monter rapidement les pneus en température (c’est le défaut de leur qualité).

En théorie, ces écuries pourront maintenant tirer avantage des nouveaux pneus en utilisant le pneu « option» (désormais plus durable) au lieu du « prime»comme celui de prédilection pour la course.

Au radar dans les puits

L’incident de la roue mal fixée de la Red Bull de Mark Webber dans les puits à Silverstone, qui a heurté et blessé un caméraman de la FOM, aura aussi des répercussions.

La FIA a décidé d’imposer dès le Grand Prix de Hongrie une mesure qui devait être appliquée à partir de la prochaine saison, à savoir une réduction de la vitesse maximale dans les puits, qui passera de 100 à 80 km/h.

Au Hungaroring, le temps de passage aux puits augmentera de 12,3 à 16,4 secondes. Or 4,1 secondes en Formule Un, c’est une éternité.

Ce temps perdu va nécessairement avoir un impact sur les stratégies d’arrêts aux puits, puisque les écuries auront probablement tendance à effectuer un arrêt de moins.

Cela avantagera ceux qui peuvent étirer un peu plus les relais en course. Tiens donc, il s’agit de Lotus, Ferrari et Force India!

Pas facile pour Red Bull?

Les trois prochaines courses n’ont guère souri à Sebastian Vettel jusqu’à présent.

Hungaroring. Même s’il a décroché deux positions de tête (2010 et 2011), l’Allemand n’a jamais gagné sur ce tracé sinueux.

En 2010, il mène la course avant d’être victime d’une drôle de pénalité. Lors d’une relance après une période de neutralisation de la course, il ne respecte pas le maximum de dix longueurs de voiture entre sa monoplace et la voiture de sécurité. Il écope d’une pénalité de passage aux puits qui le relègue à la troisième place.

En 2011, il tombe derrière Jenson Button lors de la première séquence d’arrêts aux puits, alors que toutes les voitures entreprennent de passer des pneus intermédiaires pour piste détrempée aux pneus pour le sec.

Le Hungaroring demeure ainsi le seul circuit, avec la nouvelle piste texane d’Austin, où Vettel n’a jamais triomphé. Il faut dire que le circuit hongrois présente un type de tracé qui, a priori, n’est guère favorable aux monoplaces Red Bull.

Spa et Monza, deux circuits à appuis modérés, ne sont pas non plus particulièrement favorables à la Red Bull. Vous allez me dire que Vettel y a gagné en 2011, mais il faut se souvenir qu’il disposait alors d’une voiture imbattable.

En effet, la RB7 générait tellement d’appuis aérodynamiques avec ses échappements soufflés que Vettel pouvait réussir des manœuvres spectaculaires, dépassant Nico Rosberg (Mercedes) par l’extérieur dans Blanchimont (Spa) et Fernando Alonso (Ferrari) par l’extérieur dans Lesmo 2 (avec deux roues dans le gazon!).

À Spa, le triple champion du monde se mesurera au roi des Ardennes, Kimi Raikkonen, qui compte quatre victoires à ses sept dernières participations. Et à Monza, la Scuderia Ferrari et Fernando Alonso voudront bien paraître et répéter leur triomphe de 2010 (position de tête, meilleur tour en course et victoire).