C’est la 3e saison que j’ai l’opportunité d’écrire ces chroniques pour le RDS.ca. Chaque année, lorsque Lewis Hamilton a confirmé son titre mondial, je lui consacre ma chronique suivante, afin de rendre un petit hommage au champion.

 

Le problème? Ça commence à être difficile d’être original lorsqu’il est question du pilotage du désormais septuple champion du monde. Encore une fois cette saison, Hamilton a été dominant, du début à la fin. Toujours aussi rapide, il faut aussi souligner sa gestion des pneus et des stratégies. C’est vrai qu’il se plaint souvent de ses pneus ou qu’il remet parfois en question les décisions de son équipe, mais à la fin, avouons qu’il est plutôt rare que Mercedes et Hamilton ratent le bateau en termes de stratégie. Il pousse son équipe à réfléchir et à se remettre en question, et la plupart du temps, ça rapporte.

 

Surtout, on doit une fois de plus souligner la constance d’Hamilton, ce qui est selon moi sa plus grande force, ce qui le distingue le plus de la compétition. Je suis toujours impressionné par sa capacité à convertir une journée difficile en points, comme il l’a démontré cette saison à Monza. Après une pénalité pour être entré dans les puits alors qu’ils étaient fermés, Hamilton s’est retrouvé dernier avec plus d’une vingtaine de secondes de retard sur le peloton. Il a finalement effectué une belle remontée pour terminer 7e et récolter six points. Essayer de battre quelqu’un dans un championnat quand même ses mauvaises journées se terminent avec une récolte de six points...

 

Le Britannique a aussi fait de l’excellent travail cette saison en qualifications. C’est fou à dire puisqu’Hamilton était déjà le pilote avec le plus grand nombre de positions de tête de l’histoire de la F1 avant le début de la saison... mais il s’est amélioré sur ce point en 2020. Hamilton a amassé neuf positions de tête en 14 Grands Prix cette saison, ce qui est beaucoup mieux que sa récolte de cinq positions de têtes en 21 épreuves de 2019.

 

En fait, si Hamilton prend le 1er rang en qualifications lors des trois Grands Prix restants, il égalerait son record de 12 positions de tête réussi en 2016... saison qui comptait 4 courses de plus.

 

Finalement, soulignons aussi sa capacité d’adaptation en cette saison particulière. Il fallait s’adapter à des conditions différentes, l’absence du public, des effectifs réduits, une bulle à respecter, et aussi, à de nouveaux circuits. Or, Hamilton a remporté toutes les courses disputées sur les circuits qui n’étaient pas prévues au calendrier initial (Mugello, Nurburgring, Portimao, Saint-Marin et Istanbul).

 

Bien sûr, toutes ces statistiques témoignent aussi du travail de Mercedes et d’une autre voiture dominante. C’est primordial pour connaître du succès en Formule 1. Mais quand les statistiques sont aussi éloquentes, il est impossible d’en dissocier le pilote. Surtout lorsqu’au passage, il devient le pilote le plus victorieux de l’histoire de la Formule 1 et qu’il égale la marque de sept championnats du monde de Michael Schumacher

 

Voilà pour le petit résumé des statistiques en piste d’Hamilton cette saison.

 

Par contre, en 2020, noter simplement les prouesses en piste de Lewis Hamilton n’est pas suffisant. Il faut aussi parler de l’homme et de son implication loin des circuits.

 

En 2020, j’ai beaucoup apprécié l’attitude d’Hamilton. J’ai découvert un Lewis qui se place un peu moins à l’avant-scène afin de passer des messages et faire avancer des causes qu’il juge importantes.

 

On pense bien sûr à son implication dans le mouvement Black Lives Matter. Tout au long de la saison, il a poussé la Formule 1 à réfléchir à ces enjeux et à s’impliquer. Lorsque les hommages à la cause étaient timides et désorganisés en début de saison, il a fait la différence et forcé la Formule 1 à réfléchir au message qu’elle souhaitait porter. Ce n’est pas un hasard que la F1 met désormais sa campagne « We race as one » afin de promouvoir une F1 plus inclusive.

 

Cependant, ce mouvement n’est pas le seul exemple de messages que le Britannique a voulu passer cette saison. Sur les réseaux sociaux, il a publié plusieurs messages afin de sensibiliser le public sur les enjeux de santé mentale en cette année 2020 difficile pour tous, expliquant que c’était normal de douter de soi, de se remettre en question, et d’avoir parfois besoin d’aide.

 

Lorsqu’il a mis la main sur le titre, il aurait très bien pu expliquer comment cette saison a été difficile, mais plutôt que de parler de ses exploits, il a préféré lancer un message aux jeunes en leur démontrant qu’avec du travail, même les rêves les plus fous sont possibles. Il l’a dit à la radio dès son tour d’honneur en piste, mais l’a aussi répété régulièrement par la suite en entrevue.

 

Bref, c’est comme si Hamilton réalise tout l’impact et l’influence qu’il peut avoir et je trouve qu’il l’utilise de plus en plus. Je trouve d’ailleurs tout à fait pertinent qu’une personne qui a la notoriété et l’influence d’Hamilton l’utilise afin de faire avancer des causes sociales qui lui tiennent à cœur, et aussi, afin d’inspirer le public à pourchasser leurs rêves, quels qu’ils soient. Si Hamilton, en plus de gagner des courses, peut avoir un impact positif sur la vie de plusieurs personnes qui l’écoutent en entrevue et qui le suivent sur les réseaux sociaux, je crois que ça ajoute une nouvelle corde à un arc de champion déjà bien garni.

« Une épreuve complètement folle! »