Toutes mes excuses pour ce jeu de mots douteux d’entrée de jeu, mais soyons honnête, il résume bien les dernières années de Charles Leclerc.

 

Le pilote monégasque a été confirmé chez Ferrari l’an prochain, ce qui n’est pas rien, car Ferrari n’a pas du tout l’habitude de faire confiance à de jeunes pilotes.

 

En fait, à 21 ans, Charles Leclerc deviendra le plus jeune pilote de la Scuderia depuis Ricardo Rodriguez, en 1961. Faites le calcul, ça fait 57 ans! Rodriguez, pour la petite histoire, n’a pris le départ qu’à cinq Grands Prix avec le cheval cabré avant de décéder tragiquement lors des essais d’une épreuve hors championnat en 1962, au Mexique, au volant d’une Lotus.

 

En termes d’expérience, également, il y a longtemps que l’écurie italienne n’a pas confié un de ses volants à un pilote qui a si peu de vécu en Formule 1. La dernière fois, le pilote en question n’avait disputé qu’une seule épreuve auparavant en F1... c’était un certain Gilles Villeneuve. Je ne crois pas avoir besoin de vous dire comment s’est passée la suite de sa carrière, devenant, sans chauvinisme, l’un des pilotes les plus respectés de l’histoire.

 

Est-ce que la suite de la carrière de Charles sera à la hauteur des attentes? Difficile de savoir ce que l’avenir lui réserve. Sauf que lorsqu’on regarde ses résultats cette saison et lors des dernières années, il n’y a aucun doute qu’il mérite sa place parmi les rouges. Il est champion de GP3 en 2016, champion de F2 l’an dernier et il a déjà inscrit plus de points cette saison que l’écurie Sauber au cours des deux dernières années.  Entre le Grand Prix d’Azerbaïdjan et le Grand Prix d’Autriche, Leclerc a inscrit des points cinq fois en six épreuves. Aucun pilote Sauber n’avait réussi cet exploit depuis Nico Hulkenberg, en 2013. Ça met en relief l’ampleur du travail de la recrue.

 

Toutefois, il y a une raison pourquoi Ferrari fait rarement appel à de jeunes pilotes... et c’est la pression. Existe-t-il un poste en Formule 1 où la pression est plus forte qu’être pilote chez Ferrari? Les médias italiens peuvent être très durs, les tifosi également, eux qui n’ont pas célébré un championnat du monde des constructeurs depuis 2008. En plus, Leclerc prendra la place du dernier pilote à avoir remporté un titre mondial avec la Scuderia, soit Kimi Räikkönen. Les attentes seront énormes sur les épaules d’un pilote avec une seule saison d’expérience.

 

Malgré tout, de mon humble avis, Ferrari a pris une bonne décision. Même si Kimi Räikkönen connaît une bonne saison, je crois qu’il était trop peu, trop tard dans son cas. En 93 courses depuis son retour chez Ferrari et en tout près de cinq saisons, Räikkönen n’a aucune victoire et 23 podiums. En comparaison, en une saison de moins chez Ferrari, Vettel a amassé 13 victoires et 40 podiums. Oui, Vettel est le pilote numéro un chez Ferrari. Oui, il a parfois été favorisé aux dépens de Räikkönen. Il n’en demeure pas moins qu’il y a un monde de différence entre les chiffres de Vettel et ceux du Finlandais.

 

Chez Ferrari, on pouvait vivre avec cette différence, car cela rendait Vettel heureux. Clairement numéro un, l’Allemand était bien content d’avoir un coéquipier loyal et un ami à ses côtés. Sauf que ça n’a pas encore payé, et avec 30 points de retard sur Hamilton, rien n’indique que ça fonctionnera cette saison. Je crois qu’il était temps que Ferrari se tourne vers une autre stratégie et qu’elle applique un peu de pression sur Vettel. Maintenant, si l’Allemand ne fait pas le travail, il y aura un jeune talentueux avec les dents longues à ses côtés. Ce sera à lui de démontrer qu’il mérite vraiment le poste de premier pilote.

 

Donner une prolongation de contrat à Räikkönen et permettre à Leclerc de continuer à prendre de l’expérience l’an prochain, par exemple, chez Haas, n’aurait pas été une mauvaise décision en soi. Ferrari avait deux options intéressantes pour l’an prochain. Mais je suis heureux qu’on ose, qu’on se tourne vers l’avenir et qu’on permette à Leclerc d’exprimer son talent le plus rapidement possible. Si ça ne fonctionne pas pour Leclerc, ce qui serait surprenant, ça pourrait au moins permettre à Vettel de hausser son niveau un peu.

 

Quant à Iceman, il nous réservait lui aussi une petite surprise. À 38 ans et après 16 saisons en Formule 1 depuis 2001, on pouvait s’attendre à le voir prendre sa retraite, mais il s’est engagé avec Sauber, prenant le chemin inverse de Leclerc. Il retourne ainsi là où tout a commencé pour lui, en 2001.

 

C’est donc un poste disponible en moins pour les jeunes qui poussent aux portes de la Formule 1, mais je suis quand même heureux de voir Kimi poursuivre sa carrière. Ça démontre que même s’il ne sourit pas souvent, il aime la Formule 1 et veut vraiment y rester. Il devra travailler fort avec Sauber, mais espérons simplement que l’écurie continuera de progresser et ne retournera pas en fond de peloton comme ce fut le cas lors des années antérieures.

 

L’épreuve d’endurance de la saison

 

La Formule 1 reprend l’action cette fin de semaine, sous les étoiles, à Singapour. Ce circuit urbain, très sinueux, est très complexe pour les pilotes. Même la nuit, les températures sont élevées et la course est, année après année, la plus longue de la saison, se rendant souvent à la limite de deux heures. C’est donc l’épreuve d’endurance de la saison!

 

C’est également très difficile de prédire quoi que ce soit à Singapour. Je pourrais vous dire que c’est un circuit qui ne convient pas très bien aux Mercedes. L’an dernier, les flèches d’argent s’étaient qualifiées seulement 5e et 6e, tout comme en 2015. Toto Wolff a même admis que c’était l’une des pistes les plus difficiles du calendrier pour Mercedes. Sauf que l’écurie allemande a remporté trois des quatre dernières courses sur ce tracé, et lors des deux dernières saisons, les deux pilotes Mercedes sont montés sur le podium. Alors, franchement, écarter les flèches d’argent pour ce week-end serait une erreur.

 

Je pourrais aussi vous dire que c’est un circuit qui sourit aux Red Bull. Lors des 5 dernières saisons, les deux voitures Red Bull étaient toujours parmi le top-4 lors des séances de qualifications. Sauf que la dernière victoire de l’écurie là-bas remonte à 2013 avec Sebastian Vettel au volant.

 

Quant à Ferrari, elle n’a que deux victoires sur le circuit de Marina Bay, soit en 2010 et en 2015. L’an dernier, elle était en bonne position, mais un accrochage au départ a causé les abandons de Vettel et Räikkönen.

 

Bref, vous voyez ce que j’essaie de démontrer. Singapour, c’est un circuit où il se passe beaucoup de choses. Depuis son entrée au calendrier en 2008, il y a toujours eu au moins une sortie de la voiture de sécurité par course. L’an dernier, plus de 20% de la course s’est déroulée derrière la voiture de sécurité. La clé pour gagner, c’est d’éviter les accrochages, de bien réagir aux sorties de la voiture de tête et de rester concentré pendant deux heures. Plus facile à dire qu’à faire…

 

Pour suivre ce Grand Prix sur nos ondes, soyez des nôtres samedi matin, comme d’habitude, pour la séance de qualifications à 8 heures 45.

 

Par contre, le départ de la course se fait une heure plus tôt qu’à l’habitude! On vous donne donc rendez-vous dimanche dès 7 heures 30.