PARIS - Une fois n'est pas coutume, Mark Webber, l'éternel numéro 2 de Red Bull Racing y compris sur le podium à Sao Paulo, a volé la vedette à son coéquipier Sebastian Vettel ce week-end au Brésil lors de son 215e et dernier Grand Prix de Formule 1.

Pendant trois jours à Interlagos, les compliments ont plu sur l'Australien de 37 ans qui va devenir, l'an prochain, la vedette absolue de l'endurance. Après 12 ans de F1, cet authentique sportif, qui a toujours préféré jouer collectif, a le profil idéal pour faire le bonheur de Porsche et le talent qu'il faut pour remporter un jour les 24 Heures du Mans.

Il le mérite et ça ferait une jolie ligne de plus à son palmarès déjà riche de trois podiums en championnat du monde de F1 (2010, 2011, 2013) en plus d'une jolie brochette de victoires (neuf), dont deux à Monaco. Webber n'aura jamais été champion du monde de F1 mais il a pris beaucoup de plaisir et il s'est « hissé au niveau des meilleurs », a-t-il encore rappelé dimanche.

Comme par hasard, sur le podium très symbolique d'Interlagos, il y avait à la fois son meilleur ennemi, Vettel, et son meilleur ami, Fernando Alonso, qu'il a bien failli rejoindre chez Ferrari pour cette saison 2013. Mais dans l'euphorie d'une victoire à Silverstone, il avait resigné pour un an chez Red Bull.

Tour d'honneur sans le casque

Huit podiums, cinq meilleurs tours et deux positions de tête sont venus ponctuer ce dernier tour de piste. Et comme Webber, en plus d'adorer le sport, est un grand sentimental, il a gardé le meilleur pour la fin : un tour d'honneur tête nue dans sa voiture « pour entendre des bruits que je n'avais jamais entendus, pour regarder les fans et les commissaires de course ».

« On a toujours de l'adversité dans une carrière », a dit Webber ce week-end, en référence au phénomène Vettel qui l'a privé de nombreuses victoires. « On est amenés à prendre des décisions, après il faut les assumer et vivre avec », a ajouté le natif de Queanbeyan, fêté comme il se doit pendant tout le week-end et très ému au moment de monter dans sa voiture pour un dernier départ en F1.

Au briefing des pilotes, Mark a reçu un accueil chaleureux de la part de tous ses collègues de travail. Dans les puits, ses mécaniciens avaient posé tout ce qu'il fallait : un ballon de rugby, un boomerang, un drapeau australien. Et ils ont tous coiffé un chapeau de brousse pour l'entourer sur la grille où Alonso lui a donné une longue accolade.

Il ne manquait rien, même pas la fameuse ballade Waltzing Matilda en fond sonore. Sur le panneau de course, un grand « Merci Mark », en lettres blanches et jaunes. Et à la fin de la conférence de presse, qui a eu lieu en présence de Bernie Ecclestone, debout dans un coin, Webber est reparti avec un drapeau signé et dédicacé par tous les pilotes, même Vettel.

Horner : « c'est un gentleman »

Mark « a joué un rôle déterminant » dans les quatre titres mondiaux des constructeurs raflés depuis 2010 par Red Bull, rappelle volontiers son directeur d'équipe, Christian Horner. « Il a eu une carrière formidable. Il est dur, déterminé, courageux, c'est un gentleman, un pilote à l'ancienne », ajoute Horner. Il l'avait recruté en 2007 et ne l'a pas regretté : 978,5 points récoltés en sept saisons, une belle moisson.

« Je n'avais peut-être pas un talent naturel et le flair le plus absolu, mais je savais que si je travaillais dur j'aurais de super résultats, juge Webber. J'ai explosé beaucoup de gars qui avaient plus de talent que moi, parce qu'ils ne travaillaient pas aussi dur. J'ai baissé la tête et j'ai bossé pendant la plus grande partie de ma carrière. »

« J'ai eu de très bons résultats en F1, mais c'est aussi le parcours qui compte et je peux dire que j'ai eu un parcours incroyable, poursuit-il. Mais j'aurais aussi été très heureux de grandir et de rester à Queanbeyan, parce que je n'aurais rien connu d'autre. »

En 2014, Webber va découvrir l'endurance et tenter de remporter les 24 Heures du Mans. Le grand Mark va continuer à courir, tant mieux.