Près de 24 heures après les événements tragiques survenus au Las Vegas Motor Speedway, Alexandre Tagliani ressent toujours une immense frustration face au destin qui a coûté la vie à Dan Wheldon.

En entrevue téléphonique au RDS.ca, Tagliani a déclaré que plusieurs pilotes d'expérience comme Dario Franchitti, Scott Dixon, Tony Kanaan, Helio Castroneves et lui-même avaient discuté du danger de mettre les roues sur cette petite piste ovale de 1,5 mile.

« Nous avions des réticences à l'idée de piloter sur ce circuit », a confié le Québécois d'une voix encore tremblotante. « Nous connaissions les risques, ainsi que le genre de course que ça allait donner. On disait que ça ne faisait aucun sens. Bref, ça ne sentait pas bon. »

Néanmoins, pas moins de 34 pilotes se sont élancés dans l'espoir de rafler la victoire lors de cette dernière épreuve de la saison. Ironiquement, Wheldon était celui qui avait le plus à gagner, lui qui aurait raflé un montant de cinq millions de dollars advenant une victoire.

« Tout le monde se disait que ça allait être fou, mais personne n'a refusé d'y aller pour autant. Après tout, c'est notre job de piloter ces bolides à toute vitesse. Nous savons tous que ces incidents font partie des risques du métier », a soutenu Tag. « La course a eu lieu parce que c'était un événement important et que le championnat était en jeu. en tant que pilote, t'acceptes le fait que certaines pistes sont plus dangereuses que d'autres à cause de la situation. »

Encore sous le choc, le pilote de Lachenaie a raconté qu'il n'arrêtait pas de penser à son ami Wheldon. À la fois triste et en colère, il explique qu'il a du mal à gérer la frustration qui l'habite. En temps normal, Tagliani n'a pas de difficulté à accorder des entrevues, mais au lendemain de cette terrible nouvelle, la tâche s'avérait plus ardue.

« Je ne sais toujours pas comment réagir; j'ai l'esprit bien mêlé. Les mots sortent difficilement et je deviens facilement irritable », a-t-il souligné. « Je ne peux imaginer toute la douleur que doit ressentir sa femme en ce moment. D'après l'entourage de Wheldon, elle était inconsolable. Ça te rend encore plus triste quand tu penses à ça. Ses deux petits gars étaient présents durant la course. C'est difficile d'accepter le scénario. »

Il avait le cœur à la bonne place

L'ayant côtoyé comme coéquipier à quelques reprises cette saison, Alexandre Tagliani a brossé un portrait très élogieux de Dan Wheldon, avec qui il entretenait une relation d'amitié très solide.

« Il était facile d'échanger avec lui. Dan était un gars pas compliqué, qui ne détenait pas d'agenda caché. Honnête, il a toujours désiré le bien de son équipe. Nous avions développé une bonne chimie; on riait beaucoup ensemble. »

Lors d'une entrevue réalisée sur une chaîne américaine peu de temps après la tragédie, Tagliani a raconté qu'il considérait Wheldon comme son petit frère puisqu'il était un bon gars muni de bonnes valeurs semblables à celles du Québécois.

« Ça aurait pu m'arriver »

Tagliani sait pertinemment qu'il aurait pu être à la place de Dan Wheldon dimanche lorsque des voitures devant lui se sont touchées. S'étant souvent retrouvé en milieu de peloton tout au long de la saison (au volant de cette même voiture no 77 que conduisait le pilote anglais dimanche), il se compte chanceux aujourd'hui d'être encore en vie.

Cependant, Tag pense qu'il y a une leçon à retenir de cet accident. Il espère que dorénavant, les pilotes seront à l'avenir plus respectueux envers les autres sur ce genre de circuit.

« Ce qui est choquant, c'est de voir comment l'incident a débuté. Je trouve ça frustrant quand un pilote place ses ambitions personnelles avant la sécurité des autres. », a-t-il dénoté. « Durant toute la fin de semaine, ce genre d'incident a failli survenir à plusieurs reprises alors que certains pilotes ont tenté des manœuvres stupides. Heureusement, rien ne s'est produit. »

Une pensée pour Greg Moore

Comme Patrick Carpentier l'a fait lors d'une entrevue à Sports 30, Alexandre Tagliani n'a pas pu s'empêcher de faire un rapprochement avec ce qui s'est produit dimanche et l'accident qui a entraîné le décès de Greg Moore à Fontana en 1999.

« C'était très similaire comme accident. Il s'agissait de la dernière course de la saison. Et comme dans le cas de Moore, le contact avec le mur était si violent qu'on savait dès le début que c'était très grave. »