Jamais au grand jamais on n'aurait imaginé après la première séance d'essais libre vendredi, que l'équipe Player's remporterait sa première victoire sur circuit routier depuis celle du regretté Greg Moore en 97 à Détroit. L'atmosphère était à la fête à la tente d'hospitalité Player's. Le président directeur d'Impérial Tobacco, Bob Bexon, n'en revenait pas, lui qui avait manqué la victoire de Patrick l'an passé au Michigan.

" Dis-moi que je ne rêve pas Didier " furent ses paroles lorsque la voiture numéro 32 à croisé le fil d'arrivée avec 17 secondes d'avance sur Michael Andretti, auteur de 58 podiums dont 28 victoires en 178 départs en circuit routier.

Pour une 26e fois en 108 départs sur ce genre de circuit, Paul Tracy montait aussi sur le podium. Carpentier de son côté n'a certes pas la même feuille de route, mais c'est avec panache qu'il remporte sa deuxième victoire en CART après avoir mené 66 des 115 tours, de ce marathon de plus de deux heures sur le circuit temporaire du Burke Lakefront Airport.

Après un départ de la première ligne, Patrick a glissé en troisième place. Toute suite il y a eu une neutralisation, la seule de la course. À la relance Patrick a maintenu le rythme infernal que da Matta imposait au reste du peloton. Entre les deux c'était glissé Dario Franchitti. Le Brésilien a ensuite été forcé à l'abandon sur problèmes mécaniques. Franchitti a alors mené du 20e au 49e tour.

Alors que l'Écossais s'est arrêté aux puits, Patrick a pris la commande de l'épreuve. Il a poussé la machine au maximum et après s'être arrêté six tours plus tard, Carpentier est ressorti toujours en tête de l'épreuve. Il y a bien sûr eu quelques moments inquiétants, comme lorsqu'il a perdu toutes informations sur son tableau de bord et que l'antipatinage ne fonctionnait pas bien. Le tout s'est replacé et Patrick a pu engranger les tours rapides.

Il y a aussi eu l'assaut d'Andretti qui finalement n'a pu s'approcher à plus de huit secondes du Québécois. Et à quelques tours de la fin, Patrick s'est payé une petite chaleur que des milliers d'amateurs ont ressentie aussi, en mettant une roue hors piste. Il fallait voir la réaction de l'équipe et des spectateurs présents qui ont apprécié la performance de Patrick. Quelques dizaines de Québécois avaient fait le voyage dont un de ses beaux-frères qui était aussi au Michigan quand Patrick a gagné l'an dernier. Du haut du podium Patrick lui a lancé " Tu viens à Vancouver, j'te paie le billet d'avion… " Carpentier aura dû travailler très fort pour arracher cette victoire. Pourtant sur le podium, il avait l'air frais comme une rose alors qu'Andretti avait peine à rester debout. Il a par contre dû passer par l'infirmerie pour soigner une ampoule à la main gauche, celle qui tenait le volant quand il a dû effectuer plus de 2,800 changements de vitesse. Carpentier a réussi tout un exploit avec une voiture qu'on ne croyait plus compétitive.

Bruce Ashmore, le directeur de l'équipe reste les deux pieds bien sur terre en rappelant que même si le châssis est relativement performant, on doit absolument continuer à travailler chez Ford pour améliorer l'antipatinage et augmenter la puissance.

Il ne faut surtout pas passer sous silence, la très belle course d'Alexandre Tagliani, remonté de la 14e à la cinquième position. Il a d'ailleurs rejoint Carpentier sur le podium pour recevoir le prix de la plus belle remontée.

À quinze jours du Molson Indy a Vancouver où Tag et Pat avaient placé leurs voitures sur la première rangée, un vent d'optimisme balaie l'équipe Player's. Mais lorsqu'on parle de son contrat à Patrick, il répond laconiquement " ce qui arrivera, arrivera… " La suite dans deux semaines à Vancouver.