Le Tournoi des cœurs édition 2016 s’est terminé avec le couronnement d’une nouvelle reine, Chelsea Carey. Celle- a grimpé sur le trône après une semaine de dures batailles où elle a réussi à renverser à deux reprises celle qui détenait la couronne depuis février dernier, Jennifer Jones. Après avoir fait valdinguer tous les aspirants au titre, elle a mis fin à cette longue guerre de succession en achevant la favorite du peuple, Krista McCarville à l’aide d’un placement droit au cœur de la maison sur la place publique!

La nouvelle régente tentera à compter de la mi-février de reconquérir le titre mondial, exploit qui n’a pas été réalisé par une équipe canadienne depuis 2007. Cette reconquête pourra s’effectuer en sol canadien, puisque le Championnat mondial aura lieu à Swift Current, en Saskatchewan, qui est situé seulement à quelque 500 kilomètres de Calgary, port d’attache de la formation de Chelsea Carey.

Si l’on voulait résumer en quelques mots la façon dont s’est déroulée l’édition 2016 du Tournoi des cœurs, on se devrait de parler d’un manque de constance. Ce manque de constance de plusieurs formations est un phénomène qui était à prévoir avec autant de joueuses qui en étaient à leur première participation au Championnat canadien, mais il y a également eu un manque de constance de Jennifer Jones, la grande favorite de ce tournoi avant l’ouverture des hostilités. La formation qui tentait d’aider sa capitaine à rejoindre Colleen Jones au chapitre du plus grand nombre de titres en carrière a vu sa capitaine être capable du meilleur et du pire en l’espace de quelques jours pour ne pas dire quelques heures.

En effet, après avoir commencé le tournoi lentement, comme Jones a pris l’habitude de la faire dans les championnats nationaux, celle-ci a fait l’étalage de tous ses talents dans la deuxième portion du tournoi à la ronde, écrasant ses adversaires avec une facilité déconcertante. Le Québec de Marie-France Larouche a d’ailleurs goûté à la médecine de Jennifer Jones en fin de tournoi, alors que celle-ci était totalement intraitable et semblait se diriger allégrement vers un sixième titre en carrière.

Par contre, dans la ronde éliminatoire, ronde dans laquelle historiquement parlant Jennifer Jones a la réputation d’offrir ses meilleures performances, le tapis a glissé sous les pieds de l’ancienne souveraine. Tout d’abord face à sa principale rivale Chelsea Carey qui a livré une bataille impeccable lors de la première demi-finale vendredi soir et par la suite face au Nord de l’Ontario dans l’autre demi-finale. Dans cette rencontre face à Krista McCarville, sans vouloir rien n’enlever à la superbe prestation de la formation avec trois quarts de recrues de Thunder Bay, la vétérane et capitaine canadienne a connu une désastreuse deuxième portion de match qui a pavé la voie à la formation de Krista McCarville pour la finale. Un manque de constance auquel Jennifer ne nous a pas habitués dans les matchs cruciaux tout au long de sa brillante carrière.

McCarville et ses jeunes louves se sont battues chèrement lors de la finale. Ce fut un match presque sans bavure d’un côté comme de l’autre. Un match sans rien de très spectaculaire, un match méthodique où l’avantage de la dernière pierre peut être suffisant à faire la différence entre la victoire et la défaite. Justice a été faite en quelque sorte, puisque la formation albertaine avait l’avantage du marteau au premier bout, en vertu de sa première place au classement à la suite du tournoi à la ronde, et cet avantage a été un élément clé dans la victoire albertaine.

Si l’on jette un coup d’œil sur la prestation du Québec, le manque de constance résume également très bien le tournoi pour nos championnes provinciales. Malgré de belles victoires entre autres contre le Manitoba et la Nouvelle-Écosse en milieu de semaine, qui ont permis aux partisans du Québec de croire aux chances de Marie-France Larouche de terminer dans le quatuor final, des contreperformances contre des équipes face auxquelles on espérait de meilleures choses sont venues anéantir les espoirs du Québec. Les défaites  contre la Colombie-Britannique, Terre-Neuve-et-Labrador et le Nouveau-Brunswick, trois formations qui ont terminé aux trois derniers rangs au classement cumulatif, ont scellé le sort du Québec. Le Québec avait le talent et l’expérience pour espérer mieux dans cette édition 2016 du Tournoi des cœurs,  mais disons simplement que la longue période d’inactivité sur la scène des tournois d’importance de la formation au cours des deux dernières années précédant cette année s’est fait sentir à plusieurs reprises lors du tournoi à la ronde.

Tous les espoirs seront à nouveau permis l’an prochain pour cette formation plus que talentueuse. Il lui faudra cependant, encore une fois, réussir à jongler entre les obligations familiales, professionnelles et sportives.