Le vent de fraicheur de Val Sweeting
Curling lundi, 8 déc. 2014. 11:51 mercredi, 11 déc. 2024. 15:32Au cours du week-end dernier s'est déroulée à Camerose en Alberta la coupe Canada, première étape de la Saison des Champions de l'Association canadienne pour la 2014-15. Cette compétition qui regroupait quatorze des meilleures équipes au Canada à donner place à tout un spectacle, et ce, tant du côté féminin que du côté masculin.
Plusieurs jeunes formations au pays en profité de cette coupe Canada pour nous éblouir de tout leur talent. Certes, certains vétérans étaient présents également, on pense entre autres à Jennifer Jones chez les dames et Glenn Howard chez les messieurs, mais ce sont surtout les jeunes formations qui ont donné le plus beau du spectacle.
Mike McEwen, qui lui fait flèche de tout bois depuis le début de la saison, et Valérie Sweeting ont remporté les grands honneurs. Ces formations ont encaissé les $14 000 promis aux vainqueurs ainsi qu'un laissez-passer faire la Coupe continentale qui aura lieu à Calgary en janvier prochain. Elles ont également mis la main sur un laissez-passer en vue des prochaines préqualifications olympiques de 2017.
Il a été vraiment rafraîchissant de voir Val Sweeting remporter cette coupe Canada. Elle en a profité pour faire taire une fois pour toutes ceux qui croyaient que son succès l'an dernier au championnat Canadien féminin et aux préqualifications olympiques était peut-être un feu paille. Pour la jeune formation albertaine, c'était une deuxième victoire majeure au cours des dernières semaines, ayant remporté un des tournois de la série du grand chelem en octobre dernier.
Cette jeune formation, même amputé d'un de ses meilleurs éléments durant la saison morte ( Joanne Courtney a décidé de poursuivre sa carrière avec la formation de Rachel Homan de l'Ontario), a démontré qu'elle avait un avenir certain dans le monde du curling canadien féminin.
Valérie Sweeting a remporté cette coupe Canada de belle façon, montrant un calme de vétéran et surtout une modestie, une humilité qui fait grand bien à voir pour les yeux du spectateur moyen.
Valérie Sweeting et sa formation sans vouloir les dénigrer d'aucune façon que ce soit ressemblent beaucoup à une formation que l'on pourrait retrouver dans plusieurs clubs de curling du Canada. Une formation qui tout à coup croirait en son talent et qui lui permettrait de rivaliser avec les meilleures formations au pays. Elles ressemblent un peu à ces formations de l'ère pré olympique qui sortaient de leur zone, de leur région et finalement de leur provincial, sans que l'on ne sache trop trop qui elles étaient, et qui finissaient par surprendre dans les Championnats Canadiens. Ce genre de formation n'existe pratiquement plus de nos jours dans le curling de haut niveau. L'écart entre l'élite et le joueur moyen semble dorénavant trop grand pour permettre une telle situation. Val et sa troupe font en quelque sorte figure d'anachronisme dans l'ère moderne du curling qui nous a depuis quelques années habituées à ces équipes semi-professionnelles qui se partagent entre elles les titres et ne laisse guère de place pour l'arrivée de sang neuf au sein de l'élite canadienne. Cette victoire de Val Sweeting prouve qu'il est encore possible d'aspirer aux plus grands honneurs sans nécessairement faire partie du programme d'athlètes identifiés de l'Association canadienne.
Faut bien avouer que le processus de développement de l'élite du curling au Canada est en quelque sorte un genre de vase clos qui bien qu'il semble fonctionner adéquatement présentement (les deux médailles d'or olympiques aux Jeux de Sotchi en sont la preuve) risque de créer d'importantes carences dans quelques années. Le système de points dorénavant utilisé pour calibrer les formations au pays apporte avec lui certaines lacunes qui devront être adressées par l'Association canadienne et l'association des joueurs à court ou à moyen terme. Le nombre de participants dans les dernières qualifications provinciales à travers tout le pays, pas seulement au Québec, est un indice flagrant d'une problématique grandissante. La principale raison qui a permis au Canada de dominer outrageusement le curling international depuis des années, a toujours été le bassin incommensurable de joueurs parmi lesquelles le talent pouvait émerger. Faute de rêves et d'espoir, ce bassin s'effrite trop rapidement.
Heureusement à l'occasion surgit une Val Sweeting, qui tout à coup envoie un vent de fraîcheur et d'espoir aux Jos Bleau de ce monde qui lancent des pierres quotidiennement dans tous les clubs de curling du pays. Ces amateurs qui rêvent comme l'ont fait leur père, leur oncle, leurs voisins, d'atteindre les plus hauts sommets d'un des sports qui il y a encore très peu longtemps, était parmi les sports les plus accessibles au pays.