La page est maintenant tournée sur le Championnat canadien de curling masculin 2013. Un championnat qui aura été le théâtre de plusieurs changements. Tout d’abord, commençons par les priorités, car nous avons avant tout assisté à un nouveau couronnement. Brad Jacobs et sa formation du Nord de l’Ontario sont devenus les 52es champions canadiens de l’histoire. Ils ont réussi non seulement l’exploit en détrônant le champion en titre de 2012 lors de la demi-finale, le renommé Glenn Howard,  mais également en disposant du triple champion canadien, le Manitobain Jeff Stoughton, en grande finale, et ce, de façon fort convaincante. Il est devenu le premier représentant du Nord de l’Ontario, depuis le célèbre Al Hackner en 1985, à remporter un titre canadien.

Dans un autre ordre d’idées, ce Championnat canadien masculin, tout comme celui des femmes à la fin février, a vu quelques changements dans sa formule. Tout d’abord, le calendrier de la compétition fut modifié. Le nouveau calendrier plus allégé en début de tournoi à la ronde pour se condenser durant le second week-end a pour but de servir les amateurs qui se déplacent d’année en année pour assister à ces différents championnats. Autre petit changement, non négligeable, fut dans le chronométrage des matchs. L’Association canadienne a utilisé pour la première fois le temps de réflexion plutôt que le temps de jeu comme méthode de chronométrage. Se faisant, elle s’est mise au diapason avec les tournois du Grand Chelem qui utilisaient cette formule depuis quelques années. Cette façon de chronométrer les matchs est beaucoup plus équitable pour les joueurs en présence.

Le Brier a également été la première compétition majeure à utiliser les nouvelles pierres de l’Association canadienne. Celle-ci utilisait depuis plusieurs années des pierres appartenant à l’Association du Manitoba. Bien que ces nouvelles pierres furent utilisées, pour ne pas dire « testées », lors du Championnat canadien junior le mois dernier, leur utilisation lors de ce Championnat masculin a  suscité beaucoup de commentaires négatifs et d’interrogations en début de tournoi.

Tous ces changements, bien qu’intéressants, perdront leur importance par rapport au véritable changement auquel nous avons assisté lors de ce Brier, celui du changement de garde. Lors du dévoilement des diverses formations qui représenteraient leurs provinces et territoires pour ce championnat, tous furent ravis et non surpris de voir les mêmes gros noms du curling canadien sur la liste des participants. Tous les amateurs salivaient à l’idée de voir les noms de Stoughton, Howard et Martin, et imaginaient des batailles féroces entre ces légendes vivantes du curling canadien. Bien que Howard et Stoughton aient terminé respectivement 2e et 3e au classement final, ce ne fut pas ces équipes qui ont retenu l’attention et qui ont fait écarquiller les yeux au cours de la semaine. Ce sont plutôt les jeunes formations qui ont montré de belles choses et démontré aux amateurs de curling que la relève du curling canadien était bien assurée et prête à prendre sa place sur l’échiquier canadien et international.

On pense évidemment à Brad Jacobs qui a remporté le titre. Jacobs est devenu le plus jeune Canadien à remporter le Brier depuis Kevin Martin en 1991. Que dire aussi de la formation de Brad Gushue. Celui-ci, entouré de jeunes joueurs dont Brett Gallant (23 ans) à la position de vice-capitaine, a été une des formations les plus constantes de cette édition 2013. Brock Virtue (26 ans) de la Saskatchewan, qui lui pilotait la plus jeune formation en présence, a fait la preuve que son équipe serait à surveiller dans les années à venir. Même Andrew Bileskey, de la Colombie-Britannique, bien qu’il n’ait obtenu qu’une seule victoire lors de Championnat canadien, devrait progresser rapidement à la suite de cette enrichissante expérience.

Depuis quelques années, nous avons assisté à un rajeunissement important chez les participants aux divers Championnats canadiens. La tendance était plutôt de voir un vétéran capitaine s’entourer de jeunes coqs fringants pour relancer ou allonger sa carrière. Martin, Howard et Stoughton ont tous utilisé cette formule avec succès. Avec l’émergence des jeunes capitaines, devrons-nous conclure que cette formule sera désormais périmée? La même réflexion pourrait s’appliquer du côté du curling féminin. Les deux équipes à surveiller lors du Championnat mondial féminin qui s’amorce le 16 mars prochain à Riga, en Lettonie, sont Ève Muirhead (Écosse) et Rachel Homan (Canada), toutes les deux âgées de 23 ans seulement!

Tous les amateurs de curling au Canada sont fort conscients que les essais olympiques de décembre prochain à Winnipeg, épreuve qui déterminera les formations qui représenteront le Canada à Sotchi en 2014, seront le dernier tour de pistes pour plusieurs capitaines célèbres. Tous les observateurs ont leur opinion sur quelles formations auront les meilleures chances de s’accaparer de cet honneur tant convoité. Avec ce dont nous avons été témoins, tant du côté de Kingston (Scotties 2013) le mois dernier que ce qui s’est déroulé cette semaine à Edmonton, nous devront peut être conclure que ces essais arrivent une année ou deux trop tard pour les Jones, Nedohin, Howard, Martin et compagnie, et que 2013 aura été la scène d’un véritable changement de garde dans le curling canadien.