En règle générale, sur la planète CrossFit, il y a deux façons de nommer des entraînements: la première vient de noms féminins - mais on vous l’expliquera plus tard - et l’autre, les “héros”  de soldats tombés en service.

De cette dernière tendance, une autre est née: créer des entraînements commémoratifs pour des gens de la communauté, ou encore aider à des causes.

Au Québec, depuis 2016, à chaque 24 avril, presque toute la province se rallie pour un de ces entraînements: Marianne.



Pour le plus de répétitions possible en 24 minutes

 

4 épaulés-jetés à 185 livres pour les hommes et 135 livres pour les femmes

20 tractions à la barre (“pull-ups”)
16 “wall balls” avec un ballon de 20 livres pour les hommes et 16 livres pour les femmes.


L’entraînement a beau porter ce nom, mais il sert avant tout à une cause très importante: la prévention du suicide. Le fondateur de cette initiative provinciale, Jean-Guy Provost, est nul autre que Jean-Guy Provostle père de Marianne. Chaque année, la vague d’amour et de sensibilisation prend de l’ampleur au Québec, et rallie des gens à cette cause. Le mouvement a même vu les premiers centres affiliés CrossFit le programmer en Russie, en Égypte et aux États-Unis.

“Cette date-là nous donne un petit quelque chose pour se retrouver à chaque année - on a envie d’en parler. Ça dépasse le nom maintenant, on le fait plus pour la cause et pour sensibiliser. Je veux aider le monde à l’aide de ce véhicule-là. Et ça porte le nom de ma fille, comme emblême. Pour célébrer la vie.”, confie-t-il.

Jean-Guy, c’est un homme toujours souriant, un travailleur de la construction qui pratique le CrossFit depuis quelques années. Un passionné. Il n’en est pas à sa première épreuve de vie avec laquelle le sport a servi de thérapie: le karaté étant jeune, le football en tant qu’adolescent, et le CrossFit comme adulte.

“Beaucoup auraient pu tomber dans la drogue, l’alcool ou l’isolement, mais le sport est devenu mon véhicule. Quand tu es seul chez toi, dans ta bulle, personne ne peut te sortir de là sauf toi-même. Quatre jours après le décès de Marianne, j’étais à CrossFit Chambly. Je n’avais pas besoin que les gens comprennent, mais juste de recevoir les tapes dans le dos. Sans le CrossFit et toute la communauté, je ne sais pas où je serais aujourd’hui”

 

De son propre aveu, il avait deux choix: se laisser abattre ou tendre la main aux gens.



Prévenir pour guérir

 

Ainsi est née l’initiative “Marianne”, conjointement avec le Centre de Prévention du Haut-Richelieu, et maintenant avec l’Association Québécoise de la Prévention du Suicide.

Est-ce que tendre la main ainsi aux autres aide à son cheminement personnel?

“Dans les réunions d’endeuillés, on me prend parfois pour un extra-terrestre!” dit-il à la blague. “ Quand tu as vécu cet enfer, ta détermination peut te faire accomplir n’importe quoi! Depuis qu’on a fondé cette initiative, ça a été médiatisé et ça nous a aidé. On reçoit beaucoup de messages de jeunes qu’on a pu écouter. Ça m’aide à me sentir bien. Non, ça ne me ramènera pas ma fille, mais ça me dit que j’ai la bonne mission, et je veux continuer à aider les gens.”

 

Bien sûr, la discussion dérive sur des enjeux de société très actuels. L’isolement et l’anxiété font partie intégrante de la vie des jeunes d’aujourd’hui. Plusieurs initiative de ressources voient le jour, mais l’activité physique, peu importe laquelle, reste une formidable solution pour contrer ces problèmes. Marianne avait 14 ans et vivait des défis comme bien des adolescent(e)s de son âge, comme l’intimidation. Elle s’entraînait pour courir le Grand Défi Pierre-Lavoie, exploit que sa petite soeur aura réussi l’année suivante.

“Personne n’est à l’abri de ça, aujourd’hui. Les jeunes ont beaucoup de crises d’anxiété, de maux de vivre. Il faut qu’ils sortent et qu’ils bougent. C’est important!” conclut cette homme, avec son éternel sourire au visage.

 

Ligne d’aide ouverte pour tous: 1-866-APPELLE.

 

Pour tous les centres d’entraînement qui aimeraient programmer MARIANNE le 24 avril prochain et amasser des dons, vous pouvez rejoindre Jean-Guy Provost.
 

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