Listen to "Les Jeux CrossFit 2019 avec Michèle Letendre - 11 juil. 2019" on Spreaker.

On se transporte à Albany. Fin mai 2018, dernière journée du championnat régional de l’est (East Regional).

 

La franco-ontarienne Carolyne Prevost est en pleine bataille avec la québécoise Chloé Gauvin-David pour la 5e place, qui donne aussi accès au dernier billet disponible pour les Jeux CrossFit.


Chloé fait bien dans l’épreuve du matin, terminant 2e. Dans la dernière épreuve, Carolyne, elle, se place 7e, et sa rivale obtient une dévastatrice 34e position.
Le suspense est à son comble, et le verdict tombe au micro de l’annonceur - Carolyne arrive à 6 petits points d’accéder à son rêve, le plus près qu’elle n’aura jamais été. En bonne professionnelle, elle prend le tout avec philosophie, et rebondit de cette expérience.

Un an plus tard, elle entre par la grande porte: grâce à une 14e position mondiale dans le Open, elle obtient finalement son billet pour les championnats mondiaux.

 

Son entraîneur de longue date et aussi propriétaire de CrossFit Colosseum, Paul McIntyre, n’a jamais eu de doutes sur la capacité de son athlète: “Carolyne est la meilleure athlète que j’ai eu la chance de voir progresser dans ma vie.”

Voilà qui est clair, Paul.

 

L’exception à la règle

 

“C’était bizarre un peu de qualifier “par courriel”, mais peu importe, je suis très contente, très excitée. Quel soulagement de finalement être rendue là! Le Open a toujours été bon pour moi - les épreuves sont moins lourdes, plus rapide, il faut souffrir un peu plus. Je savais que c’était ma meilleure chance pour qualifier, et les épreuves sont bien tombées pour moi!” rapporte-t-elle.

Le truc, c’est que pour faire partie de l’élite de ce sport, de nos jours, il faut s’entraîner énormément. C’est-à-dire, à temps plein. Carolyne est enseignante au secondaire dans une école francophone en banlieue de Toronto. Carolyne est aussi attaquante pour les Furies de Toronto dans la défunte Ligue canadienne de hockey féminin. Elle a d’ailleurs commencé sa carrière avec les Stars de Montréal, il y a 7 ans.

 

Lorsque questionnée sur cette gymnastique d’horaire et sur ses objectifs, elle rit, et reste réaliste;  “Je pense que le fait que je sois aussi occupée m’aide quand même à progresser - je mets plus d’intensité mais moins de volume, donc je me blesse moins. À ce que je sache, je serai la seule athlète qui sera présente aux Jeux avec 2 emplois à temps plein. C’est donc difficile pour moi de me comparer aux meneuses mondiales. J’aimerais quand même terminer dans le top 20!”

Sa qualification à Madison cette année lui a d’ailleurs valu une invitation d’un certain Rich Froning (4 fois champion du monde en individuel et 3 fois en équipe) Caro #2pour venir aider la deuxième équipe de son centre d’entraînement, CrossFit Mayhem Independance, à se qualifier pour les mondiaux cette année.

 

Une belle expérience enrichissante pour elle, mais ne développe pas pour autant l’envie de passer aux compétitions par équipe pour le moment. Carolyne est convaincue qu’elle continue sa progression comme athlète individuelle. Après les Jeux, elle tentera d’ailleurs d’obtenir le titre de championne canadienne au prochain Open, en octobre. Un titre qui appartient cette année à une certaine Carol-Ann Reason Thibault.
 

L’enseignante de l’année?

Je me suis permis un petit jugement de valeur quand la discussion a tourné autour de sa profession d’enseignante.

“Les élèves doivent trouver que tu es plutôt cool et inspirante, non?”

“Ils sont curieux, ils se demandent pourquoi je ne vis pas de ma carrière d’athlète, alors on discute de la réalité des femmes dans le marché. Même s’ils aiment m’avoir comme enseignante, ils aimeraient aussi que je vive de ma passion. Je coach aussi à l’école, et on a démarré un groupe de filles actives durant les heures de dîner. Elles me demandent par elles-même de venir leur ouvrir la salle d’entraînement. C’est vraiment bien de les voir prendre leur place, ça leur donne beaucoup de confiance. Et moi, ça me donne un gros sourire chaque fois.”

 

Bien honnêtement, ça nous le donne aussi.

 

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