Le décès du Beauceron Michel Bernier récemment en a sérieusement fait réfléchir plusieurs. Les commentaires furent nombreux, témoignages de sympathie, de l’incompréhension et surtout de l’interrogation.

 

Aurait-il pêché par excès d’exagération, m’ont demandé de nombreux adeptes de la course à pied ?

 

Mettons les cartes sur table. Je ne suis vraiment pas bien placé pour tenter de répondre à cette question. Personnellement, je n’ai jamais su doser cette discipline lorsque la dépendance a fait son apparition. En toute franchise, j’ai exagéré et je vous avouerai qu’en certaines occasions, j’ai joué avec le feu.

 

Pourquoi Michel et pas un autre coureur ? Impossible d’y répondre. Par contre, par expérience, je peux affirmer qu’au fil des années dans la pratique de ce sport, on s’enfonce dans une sorte de tunnel sans fin dont on ignore totalement l’issue.Tunnel 3

 

Pour emprunter la célèbre phrase qui explique ce phénomène : La course à pied est comparable à une drogue.

 

 

LE SEVRAGE

 

La différence est qu’on ne pense jamais au sevrage, justement parce que l’on croit, et avec raison, que courir comporte beaucoup plus de bénéfices que d’aspects négatifs. Voilà pourquoi on se dirige vers un monde que l’on imagine meilleur, sans problème, qui nous évitera de nombreux ennuis, à l’abri de tous les soucis.

 

Cette attitude peut facilement nous jouer des tours et ce, sans que nous puissions nous en apercevoir.

 

Quand on court, on ressent ce sentiment d’indestructibilité, que personne n’arrivera à freiner notre élan, que nous sommes en mesure d’affronter les plus gros obstacles, de défier les plans les plus inimaginables parce que l’on se dit que tout cet entraînement nous conduira assurément vers cette apothéose.

 

Quand survient un décès durant une course ou chez un coureur comme Michel, ça ébranle, ça secoue, Nous vivons alors l’épreuve en s’inquiétant pour notre avenir. Toutefois, le confort que provoque un entraînement ou la participation à une course nous fera vite retomber dans nos souliers de course.

 

 

LE DOSAGETunnel 1

 

Sans s’arrêter complètement, il faut y penser, agir avec sagesse sans être influencé par les autres. Il faut rester nous même en essayant de contrôler nos limites, là ou encore une fois, j’ai échoué à maintes reprises.

 

Il devient facile de courir à tous les jours, c’est tellement accessible mais c’est justement cette ouverture qui conduit tout droit vers des ambitions qui peuvent devenir coûteuses. Pas toujours évident de doser.

 

Depuis ce 100e, depuis cette pandémie, depuis mon cancer, mon intérêt envers ce sport n’a jamais diminué. Je constate une dégradation du corps humain causé par des facteurs que je n’arrive plus à contrôler. Ce qui signifie que peu importe l’âge, le moment, l’année, la situation, c’est toujours l’esprit qui aura le dernier mot.

 

Pensez-y la prochaine fois que vous lacerez vos souliers !

 

 

 

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