Par Alban Quénoi

Cette semaine avait lieu la grande messe annuelle du jeu vidéo à Los Angeles, avec le célèbre Electronic Entertainment Expo, ou E3 pour les intimes. Événement orienté professionnel à sa création, il a progressivement évolué et s’est ouvert au public avec l’avènement des diffusions en ligne, et est un rendez-vous attendu chaque année de pied ferme par les amateurs de jeux vidéo. Bien évidemment, le jeu compétitif n’est pas en reste, même si l’audience esports n’y est pas une cible prioritaire. Plusieurs annonces et événements à retenir de cette dernière semaine californienne.

Electronic Arts capitalise sur ses acquis

Probablement le plus actif au niveau compétitif parmi les acteurs présents à l’E3, EA a comme à son habitude poussé ses licences de simulation de sport. Alors que leur conférence de l’année passée avait été marquée par le lancement de leur championnat sur Madden doté d’un million de dollars, l’éditeur est resté relativement sobre cette année. L’emphase a plutôt été mise sur la communauté et ses créateurs de contenu, et les nouveautés à venir pour les prochaines occurrences de Madden et FIFA 18. Toutefois, une grande annonce en marge de la conférence : le lancement d’un championnat unifié, en partenariat avec la FIFA, pour une grande compétition mondiale EA Sports (MC) FIFA.

Outre leurs titres esports, un mode compétitif serait également dans les cartons pour Battlefield One.

L’ESL étend son empire avec Intel

Sur tous les fronts depuis quelques mois, c’est sans trop de surprises qu’on a retrouvé l’ESL pour une grande annonce, à savoir un partenariat majeur avec le constructeur Intel, qui équipera la majorité des tournois organisés par la structure. Plus spectaculaire, ce partenariat ajoute l’Intel Grand Slam sur CSGO : une cagnotte d’un million de dollar à la première équipe à compter quatre victoires sur les tournois majeurs des circuits ESL, à savoir les ESL Pro League, ESL One, Dreamhack Masters, et Intel Extreme Masters. Pour rajouter une dose de piquant, une équipe en privant une autre de son quatrième trophée empochera 100 000$ de prime. De quoi faire monter la tension et braquer les regards à grand renforts de liasses de billets.

Quake Champions en reconquête d’identité

Un autre million de dollars est également annoncé, cette fois sur l’ancêtre de l’esport, à savoir Quake Champions, le prochain titre de Bethesda et id Software. L’ESL sera la plateforme qui organisera cette première compétition d’envergure, dont les qualifications débuteront en ligne dès la fin du mois. Deux modes de jeux seront disponibles, le traditionnel duel en un contre un, et le nouveau mode Sacrifice. Sorte de fusion entre la capture de drapeau et les points de contrôle en quatre contre quatre, il devrait donc remplacer les Team Death Match et Capture The Flag.

Enfin, c’est dans la réalité virtuelle que l’ESL va venir tremper les pieds, à travers le VR Challenge, une nouvelle compétition dotée de 200 000$ en partenariat avec Oculus. Là encore, deux tournois en un contre un et quatre contre quatre, reposant sur deux titres différents : The Unspoken et Echo Arena. Challenge plutôt audacieux étant donné la faible envergure actuelle de l’audience concernée, la réalité virtuelle ayant pour l’instant du mal à convaincre plus que les enthousiastes de cette nouvelle technologie.

Nintendo, un poing d’honneur à rester à sa place

Le constructeur japonais de son côté alignait pas moins de trois titres compétitifs, à savoir Splatoon 2, Pokkén Tournament DX, et Arms, avec chacun leur tournoi durant les deux jours de l’exposition.

Véritable phénomène au Japon, Splatoon n’a pas vraiment su s’imposer à l’Occident, et souffrait de certaines faiblesses, comme le manque de serveurs en ligne fiable et d’un mode spectateur. Le tir devrait être ajusté pour le second opus, comme on a pu le constater lors du World Inkling Invitational, remporté par les Étasuniens de Deadbeat. Un tournoi qui aura permis d’entre apercevoir le potentiel du titre, dont la sortie est prévue pour le 21 juillet prochain.

Pokkén se sera illustré de son côté avec un tournoi par équipe de deux, couronnant Allister "ALLISTER" Singh et Matthew "MatPat" Patrick. Il sera également à surveiller, le premier opus ayant observé un nombre surprenant de participants lors du dernier EVO. Sortie le 22 septembre 2017, sur Switch.

Enfin, le tout récent Arms aura vu la participation de la Québécoise Kelsy “SuperGirlsKels” Medeiros, qui s’est incliné en demi-finale. Proposant des affrontements en un contre un, le jeu de combat semble toutefois destiné à l’audience familiale habituelle de Nintendo, bien qu’ayant une profondeur et des mécaniques intéressantes.

Nintendo a donc monté la barre sur le rayon compétitif, mais un titre s’est distingué par son absence : la franchise Super Smash Bros, qui est de loin le titre du constructeur ayant la plus large scène compétitive sur ses deux titres Melee et Wii U, n’est toujours pas officiellement prévue sur la dernière console de Nintendo. La communication de Regis Fils-Aimé, directeur de Nintendo of America, insiste également sur la volonté de la compagnie à rester un soutien, et non pas un moteur de la scène compétitive.

L’esport, le vecteur marketing à double tranchant

Aux abonnés absent au cours des grandes conférences, on notera que l’éditeur français Ubisoft n’a absolument pas abordé le cas de Rainbow Six : Siege, malgré une présence sur le plancher du salon. Même chose du côté de Sony, dont le partenariat avec Cineplex au Canada notamment souligne pourtant l’investissement du constructeur sur la franchise Street Fighter, entre autres jeux.

On relèvera pour terminer les mauvaises notes relevées chez EA, dont la présentation façon esport de Star Wars BattleFront II se sera révélée aussi inefficace qu’agaçante, mais aussi chez Microsoft. Développé par Scavengers, studio montréalais, The Darwin Project aura marqué les esprits durant la conférence Microsoft avec son commentateur sur scène, dont les vocalises auront grillé quelques tympans. Ce fut un faux-pas de communication du constructeur, dévoilant un titre jusque-là inconnu du grand public avec un déguisement désagréable de jeu compétitif établi. En effet, l’utilisation du succès des jeux compétitifs en tant qu’outil de promotion pour un titre n’ayant pas fait ses preuves est une mauvaise habitude régulièrement pointé du doigt par la communauté.

The Darwin Project est toutefois un jeu prometteur, mêlant survie et combats singuliers, opposant sept joueurs sur le mode “battle royale”, très en vogue ces derniers mois. Le studio qui comporte douze membres, s’est vu recevoir pas moins de sept prix durant le salon.