BARCELONE - Le retour au sommet de Williams, ce week-end au Grand Prix d'Espagne de Formule 1, n'est pas vraiment une surprise : la position de tête de samedi était une sorte de cadeau pour le 70e anniversaire de Sir Frank, mais la victoire de dimanche ne doit rien au hasard.

Certes, il y a eu le déclassement de Lewis Hamilton après sa position de tête, parce que sa McLaren n'avait plus assez d'essence pour rentrer au stand, après son meilleur tour, en gardant 1,3 litre au fond du réservoir. Problème de consommation ou erreur de calcul, la sanction est tombée, très sévère.

Du coup, Pastor Maldonado a hérité de la pole position, sa première en F1, à son 24e Grand Prix. Mais son 2e temps du jour ne devait rien à personne, car sa FW-34 est bien née, on s'en était déjà aperçu lors des essais hivernaux ou au GP d'Australie, et son moteur Renault est un gros plus.

Dimanche, au départ, le Vénézuélien est brièvement retombé dans ses petits travers, en laissant un minimum d'espace à la Ferrari d'un Fernando Alonso mieux parti que lui, à l'intérieur. Mais pas de touchette, pas de dégât, ce qui a permis aux deux hommes d'offrir ensuite un spectacle de haute volée, pendant 66 tours.

La seule vraie surprise, c'est que Pastor a ensuite attendu son heure, celle du premier arrêt au stand, pour prendre brièvement la tête, puis s'est recalé derrière Alonso et ne s'est jamais énervé. Même quand, revenu en tête à la faveur du deuxième arrêt, il a dû doubler des attardés en fin de course, et quand Alonso est revenu à six dixièmes de lui, au 57e tour.

Règlement quasi-parfait

Finalement, le formidable Fernando a lâché, assuré les points, et Pastor a gagné pour la première fois en F1, à la régulière, devant l'un des rois de la catégorie-reine. Comme lors de la première victoire de Nico Rosberg en Chine, un vent de fraîcheur souffle sur le paddock de F1, porteur de nombreuses promesses, grâce à un règlement 2012 quasi-parfait.

Souvent critiquée, à tort ou à raison, la Fédération internationale de l'automobile (FIA), en liaison étroite avec les 12 écuries, a accouché d'un règlement qui a permis à huit d'entre elles de rentrer dans le top 10 dimanche, avec en prime un cinquième vainqueur différent en cinq courses.

Williams a bien fait de renouer avec Renault, comme à l'époque de sa gloire et de ses titres mondiaux dans les années 90. Car si le règlement moteur est figé, souligne Jean-François Caubet, de Renault Sport F1, les possibilités sont nombreuses en fonction des écuries et des voitures, et les moyens de Renault bien supérieurs à ceux de Cosworth, qui équipe HRT et Marussia.

Dimanche, les deux seules écuries à avoir placé leurs deux pilotes dans le top 10, Lotus et McLaren, sont aussi les plus régulières aux avant-postes, en performance pure. Chez les « Noir et Or », Kimi Räikkönen et Romain Grosjean, une sacrée paire de pilotes, ont fini 3e et 4e, fruit d'un joli travail d'équipe.

Chez les McLaren boys, Jenson Button a assuré et Lewis Hamilton a été phénoménal, au lendemain d'un déclassement qui, l'an dernier, lui aurait cassé le moral. Parti 24e et dernier, il termine 8e grâce à une stratégie à deux arrêts et une série de dépassements à couper le souffle.

Seul Sebastian Vettel a réussi à le doubler en fin de course, grâce à des pneus plus frais sur sa Red Bull. Du coup, les quatre premiers du championnat, tous champions du monde, se tiennent en 12 points. Sacrée saison.