Le processus d’élimination suit son cours chez les Alouettes. Après Tanner Marsh il y a trois semaines, c’était au tour de Jonathan Crompton dimanche de biffer son nom sur la liste des candidats potentiels au poste de quart-arrière numéro un de l’équipe.

Le problème, c’est que les Alouettes en font encore les frais.

Inertes en attaque avec Crompton aux commandes, les Montréalais ont en effet vite perdu la bataille psychologique face aux Roughriders de la Saskatchewan, qui leur réservaient une leçon malgré les allures inoffensives de leur fiche (1-10) avant la rencontre.

Du Crompton tout craché

Gagnants du tirage au sort, les Alouettes ont amorcé le match avec le ballon dans les mains et le vent dans le dos. La porte était donc ouverte pour frapper fort d’entrée de jeu. Quelques passes imprécises de Crompton et une interception ont toutefois rapidement dégonflé la « balloune » des Oiseaux.

Alors que la confiance des Alouettes semblait déjà baisser, celle des Riders grimpait.

Déployant son attaque pour la première fois de l’après-midi, les Roughriders ont asséné le premier gros coup de poing du duel et forcé la défense montréalaise à jouer selon leurs propres termes.

C’est ainsi que les deux premiers relais de Kevin Glenn ont chacun franchi plus de 30 verges. Sa première passe de 49 verges a été suivie d’une de 38 verges dans la zone des buts.

Alouettes 21 - Roughriders 33

Avant la rencontre, l’unité défensive des Alouettes avait alloué 14 passes de plus de 30 verges. Pour une rare fois cette saison, elle était donc poussée sur ses talons.

Les Riders ont ainsi « étiré » la défense des Alouettes, la forçant à déployer davantage de ressources dans les zones profondes. Une stratégie qui a donné de l’oxygène aux autres facettes de jeu offensives, c’est-à-dire les passes courtes et le jeu au sol.

Le porteur de ballon Jerome Messam a ensuite fait le reste. Si bien qu’après avoir été « étirée », la défense des Alouettes s’est fait ramollir et marcher dessus. Alors que la troupe de Jim Popp concédait en moyenne 82 verges au sol par match avant la rencontre, elle en a alloué 171 aux Riders. Messam et Anthony Allen ont respectivement affiché une moyenne de 7,4 et 8,3 verges de gains par portée. Avant le match, les Alouettes affichaient le meilleur rendement de la LCF avec 4,3 verges accordées en moyenne par course.

Il est de plus à noter que les statistiques de Messam et Allen ne sont pas gonflées par de très longues courses. Les plus longs sprints de ces derniers ont été de 15 et 11 verges. C’était le supplice de la goutte chinoise.

La défense des Alouettes n’a guère été plus efficace pour gêner Glenn, qui n’a pourtant complété que 14 de ses 31 passes. Échappant à la pression et aux blitzs des Montréalais, l’attaque des Roughriders et leur quart-arrière n’ont jamais eu à forcer le jeu. Et par son inertie, l’attaque des Alouettes n’a quant à elle pas contraint l’unité offensive des Riders à produire.

Qu’arrive-t-il lorsque la défense des Alouettes n’offre pas une performance exceptionnelle? On a maintenant la réponse...

L’attaque n’est pas assez bonne pour faire la différence et prendre le contrôle de la situation lorsque la défense connaît des défaillances et que les unités spéciales ne remportent pas leur duel.

L’heure Cato

Pour l’instant, Crompton n’est visiblement pas armé pour prendre un match sur ses épaules.

Jonathan Crompton

Quand on examine de près le travail de ce dernier, trois éléments sautent aux yeux. D’abord, il gagne des matchs sans toutefois être le grand architecte de ces victoires. Avec un rendement avoisinant les 55 % en carrière dans la LCF, Crompton est imprécis, comme en témoignent ses 8 passes complétées en 18 tentatives dimanche. Puis, lorsqu’il commet des erreurs, c’est régulièrement parce qu’il se met à fixer l’un de ses receveurs. Comme s’il avait des œillères, il ne fait que regarder sa cible du début à la fin du jeu sélectionné. Les défenses adverses ne sont pas folles, elles se dirigent aussitôt où Crompton regarde.

Ce fut le cas sur une interception face aux Blue Bombers la semaine dernière et ce le fut encore dimanche sur la deuxième interception dont il a été victime. Il a de plus échappé à un autre revirement de la sorte lorsque le ballon a échappé à Jeff Knox dans les mêmes circonstances.

Et dire qu’avant le match, les Riders n’avaient réussi que cinq interceptions. Ils ont presque doublé ce total avec quatre revirements du genre face aux Oiseaux. C’est tout dire...

Je comprends que les Alouettes jugent qu’il s’agit d’un bon gestionnaire et qu’ils ont récemment gagné avec lui aux commandes, mais est-ce normal de répéter toujours les mêmes erreurs? Où est l’amélioration?

C’est à se le demander. Le jeu erratique de Crompton en début de rencontre a rapidement fait perdre confiance à l’attaque montréalaise, en plus de visiblement affecter le moral du reste de l’équipe.

Nous ne sommes pas là au quotidien, à chaque séance d’entraînement, à chaque réunion et dans le vestiaire, mais j’ai peine à croire que Rakeem Cato n’obtiendra pas le départ jeudi face au Rouge et Noir d’Ottawa. On est rendu là.

Il faut préparer Cato et conclure la campagne avec lui au poste de quart partant. C’est même à se demander si les Alouettes ne devraient pas aussi commencer à préparer Brandon Bridge. Marsh nous a prouvé qu’il est l’homme de la situation pour les faufilades du quart, alors que Crompton ne devrait pas renouer avec l’action à moins d’une blessure.

Chasser la rouille

Quand Cato a fait son entrée sur le terrain au troisième quart, il ne fallait pas s’attendre à un miracle. Le jeune quart n’avait pas joué depuis une blessure subie à la mi-août face aux Tiger-Cats. C’est sans compter qu’il n’était pas à Montréal lors du congédiement de Turk Schonert et de l’arrivée d’Anthony Calvillo à titre de coordonnateur offensif, puisqu’il était en Floride pour des raisons personnelles.

Bref, Cato accusait du retard dans sa préparation.

Jouer en deuxième demie lui a cependant permis de chasser la rouille, tout en se familiarisant avec le nouveau système et la terminologie qui l’accompagne. En lançant une passe de touché à Fred Stamps – alors que les Riders concédaient volontairement de petites passes – Cato a conclu la rencontre sur une note positive.

Il a insufflé un peu plus d’enthousiasme aux vétérans de receveurs de l’équipe, les S.J. Green, Stamps, et Nik Lewis, dont le langage corporel disait beaucoup.

Avec un match aussi tôt que jeudi face au Rouge et Noir, les Alouettes n’ont pas le temps de s’apitoyer sur leur sort. La bonne nouvelle, c’est qu’ils ont déjà joué deux matchs contre ces derniers cette saison. Avec une semaine aussi courte, ne pas faire face à l’inconnu n’est certes pas de refus.

Reste qu’il s’agira tout de même du troisième match de Calvillo seulement à titre de coordonnateur à l’attaque. L’ancien quart-arrière étoile n’aura cependant pas à décortiquer longtemps les deux revers des siens contre Ottawa pour y déceler un point à améliorer.

S’inclinant par des marges de quatre et trois points lors de ces matchs, les Alouettes avaient laissé tomber le jeu au sol. Alors dirigée par Schonert, l’attaque montréalaise n’avait remis le ballon à Tyrell Sutton et Brandon Rutley que 11 et 10 fois.

Il n’y avait pourtant pas de raisons d’abandonner la course, encore plus lors de matchs aussi serrés.

Face à une équipe qui ne sera sans doute pas de bonne humeur après s’être inclinée devant Toronto, les Alouettes ont une grosse commande devant eux. Comme on dit, « il n’y en aura pas de facile ». Un autre match qu’ils ne peuvent échapper...