Bienvenue au camp d’entraînement 2018!

Les Alouettes de Montréal ont officiellement été écartés de la course aux éliminatoires, lundi, après un revers face aux Eskimos d’Edmonton. À partir d’aujourd’hui, tout ce que les Als vont faire, c’est en prévision de préparer la saison 2018.

C’est malheureux de se faire sortir des éliminatoires, mais ils vont avoir de l’avance sur toutes les autres équipes. Ils vont avoir tout ce temps-là pour évaluer les joueurs, déterminer qui va revenir au camp en 2018, faire des expériences et voir si les jeunes qu’on a présentement ont du potentiel en leur donnant du temps de jeu. C’est le seul côté positif. Ils ont besoin de toute l’avance qu’ils peuvent avoir pour examiner la situation.

Une fin décevante après un excellent départ

Au moins les Alouettes ont compétitionné hier. C’est sûr que le résultat a ultimement été le même, mais au moins on a eu un spectacle, on a vu de beaux jeux et on a assisté à un bon début de match. Ce sont des choses qu’on n’avait pas vues depuis les sept dernières rencontres. J’ai apprécié l’effort. On a vu du football complémentaire : les trois unités ont contribué en première demie et c’était le fun à voir. En même temps, le scénario final se répète. Quand tu es chez vous et que tu détiens une avance de 15-0 à un certain moment, il ne faut pas échapper le match. Les Moineaux ont été dominés 16-0 au quatrième quart, et c’est là que la chaîne a débarqué. Mais c’est ça les Alouettes de 2017 : il y a toujours un passage à vide, toujours un mauvais quart, toujours une mauvaise demie…

Les Eskimos d’Edmonton sont plus talentueux. Ils ont un meilleur groupe d’entraîneurs et je trouve que leur directeur général Brock Sunderland fait un travail incroyable malgré le fait qu’il en est à sa première année à ce poste au sein de l’organisation. C’est une des équipes sinon l’équipe qui a été victime du plus grand nombre de blessures cette saison. Malgré tout, ils sont encore compétitifs dans l’Ouest avec une fiche de 8-6, c’est assez exceptionnel. Sunderland est proactif, il a travaillé fort pour garder son équipe en vie dans les éliminatoires et rester compétitif. Par exemple, juste avant le match des Alouettes, il a perdu un autre porteur de ballon et il a donc fait l’acquisition de C.J. Gable des Tiger-Cats de Hamilton. Hier, Gable a touché au ballon 23 fois face aux Alouettes, il a gagné 120 verges et a marqué deux touchés.

Un résultat difficile à accepter pour les vétérans

En bout de ligne, la logique a donc été respectée, il ne faut pas se le cacher. Les Eskimos sont plus talentueux à tous les niveaux : joueurs, entraîneurs, direction et opérations football.

Cette élimination est décevante pour les Moineaux. Surtout pour des vétérans comme John Bowman et Luc Brodeur-Jourdain. On a d’ailleurs vu Bowman en larmes. Monsieur Alouettes, il a l’équipe tatouée sur le cœur. Il vient de réaliser non seulement qu’il ne participera pas aux éliminatoires, mais en plus ça sent la fin de carrière. C’est toujours désolant de voir ça, je comprends pourquoi c’est important pour lui. Il prend ça à cœur. D’ailleurs c’est ça le problème avec les Als : on sent que les anciens comme Bowman et Brodeur-Jourdain notamment ont ça à cœur, mais de l’extérieur, même si je n’ai pas un accès privilégié dans le vestiaire, je ne sens pas que les joueurs de la nouvelle génération ont les choses autant à cœur que les vétérans. Je comprends que si ça fait juste deux ou trois ans que tu es dans l’équipe, tu n’as pas gagné grand-chose et tu ne sais pas ce que ça signifie. Ils sont habitués à ne pas faire les éliminatoires depuis qu’ils sont là.

Les projecteurs se tournent vers Reed

Quand on regarde tout ce qui s’est passé depuis la dernière campagne, c’est évident que les projecteurs vont se tourner vers le directeur général Kavis Reed. C’est lui le grand manitou. C’est lui qui est payé pour prendre les décisions déchirantes. Il nous a souvent dit ça, entre autres quand il a congédié Jacques Chapdelaine et qu’il a laissé partir Noel Thorpe. Mais quand on commence à faire une évaluation de ses décisions, à court terme on ne peut pas dire que c’est flatteur.

Des moments très émotifs pour John Bowman

Toutes les décisions qu’il a prises n’ont pas fonctionné, autant le congédiement de Chapdelaine que celui de Noel Thorpe. On a dit que la défense de Thorpe ne faisait pas partie de l’élite, mais depuis qu’il est parti, la défense a alloué 163 points. Ça fait environ 41 points par match. Cela dit, loin de moi l’idée de pointer du doigt Greg Quick, le coordonnateur défensif actuel, parce qu’il s’est ramassé avec le problème dans sa cour. Il a tenté de réparer les pots cassés et c’est lui qui en subit les conséquences. Quant aux acquisitions de Darian Durant et d’Ernest Jackson, force est d’admettre que là non plus ça n’a pas fonctionné.

Du nouvel état-major qu’on nous a présenté, il reste désormais Reed et le président Patrick Boivin. Reed a intérêt à avoir un super plan d’action pour 2018 car les résultats ne sont pas au rendez-vous. Qui va l’évaluer au niveau football et au niveau talent, pas juste au niveau de la gestion du plafond salarial?

On est à la croisée des chemins encore une fois. C’est pour ça que je dis « Bienvenue au camp d’entraînement 2018 ». C’est un drôle de camp d’entraînement pour l’instant car on ne sait pas quels joueurs vont rester, qui seront les entraîneurs, quels changements seront effectués. Il y a beaucoup d’incertitude. Ce sont des mois cruciaux pour les Alouettes, des décisions devront être prises et on ne pourra plus se tromper. Ça fait quatre ans que c’est difficile et ça va être intéressant de voir ce qui va se passer dans les prochains mois. En espérant que les trois derniers matchs vont servir à faire des expériences, et j’espère surtout qu’on va découvrir de nouveaux joueurs, que les joueurs vont saisir l’opportunité d’impressionner et nous donner de l’espoir en vue de 2018 parce qu’on en a besoin.

*Propos recueillis par Audrey Roy