MONTRÉAL – Même s’il n’est pas flamboyant, Tom Higgins possède le don de bien résumer la situation et il ne se gêne pas pour écorcher quelques personnes au passage sans vouloir leur manquer de respect.

Une fois de plus, l’entraîneur des Alouettes de Montréal a été d’une franchise remarquable lors de son point de presse à la suite de la remarquable prestation de Rakeem Cato menant les siens à un triomphe de 29-11 aux dépens des Stampeders de Calgary.

« Quand on peut compter sur un quart-arrière qui peut envoyer le ballon aux receveurs, ça rend les choses plus faciles », a avoué Higgins avec une phrase qui devrait inciter les autres quarts des Alouettes à redoubler d’ardeur.

Il faut dire que les Alouettes possèdent tellement de talent - et surtout à la position de receveur - que ça pouvait devenir frustrant de jouer pour des quarts manquant de dextérité. Le vétéran S.J. Green a d’ailleurs confirmé qu’il s'était amusé comme un petit fou dans ce match.

« Il était très confortable, il a été tellement bon. J’ai eu énormément de plaisir à jouer ce match, ça faisait un bout que je ne m’étais pas autant amusé », a avoué Green qui a dû exercer sa patience quelques fois avec des athlètes moins efficaces.

Tout de même, Higgins est trop honnête pour oser qu’il avait prédit un début aussi retentissant de Cato. À vrai dire, il s’était plutôt fié à son intuition pour miser sur l’ancien de l’Université Marshall.

« Les Stampeders ne savaient pas à quoi s’attendre tout comme nous d’ailleurs. On a été agréablement surpris par sa performance », a admis Higgins qui était en deuil d’une personne de son entourage.

En plus de son calme, sa prestance et ses qualités de meneur, l’entraîneur a adoré un autre aspect de son répertoire.

« J’apprécie énormément le fait qu’il soit capable de courir avec le ballon, ça ajoute beaucoup de choses à son arsenal. Ça lui permet d’allonger les jeux et de donner une chance à ses receveurs de demeurer des cibles potentielles », a noté Higgins et l’attrapé à une main de Samuel Giguère en a été une preuve éloquente.

Stampeders 11 - Alouettes 29

Avant d’y aller de sa prochaine phrase, le vieux routier de la LCF a pris le temps d’ajouter un bémol, mais il a été emballé par son jeune protégé de 23 ans.

« Je ne veux pas que ce soit pris hors contexte, mais je vois beaucoup de Doug Flutie en lui dans sa façon de parvenir à compléter des jeux, peu importe la manière. Il peut faire tellement de choses sur le terrain et lancer le ballon de façons différentes. Il est capable d’improviser et ceux qui connaissent son histoire savent que c’est une belle histoire. Il est devenu un passeur d’élite et c’était vraiment excitant de le voir aller », a détaillé Higgins.

Quant au principal intéressé, il s’est assuré de demeurer très humble.

« Je voulais seulement remercier mes entraîneurs et mes coéquipiers de me faire confiance pour ce match. J’ai eu une bonne semaine d’entraînement et il me restait simplement à utiliser ce que nous avions pratiqué. Mes coéquipiers ont réussi tellement de jeux importants autour de moi », a évoqué Cato, le héros de la soirée.

Comment expliquer un tel succès

Le brio de Cato est d’autant plus impressionnant que plusieurs Américains ne parviennent pas - même après de nombreuses tentatives - à s’adapter au football canadien. La question était donc de savoir comment ce quart a pu y arriver aussi rapidement.

Digne d'un vétéran

« Je voulais simplement me servir de ce que la défense adverse me concédait. Ils ont joué un système homme à homme très souvent et j’ai pu en profiter parce que le coordonnateur Turk Schonert avait préparé un excellent plan », a lancé Cato avec modestie.

Les coéquipiers de Cato étaient nettement plus élogieux dans leurs commentaires.

« On peut constater qu’il a les aptitudes pour s’adapter. Il est tellement confiant, on sent que le moment n’est jamais trop intimidant pour lui. Il est arrivé tard à notre camp d’entraînement et ça prouve qu’il a appris très rapidement. Il a bien exploité ses forces, c’est le fun quand l’attaque fonctionne ainsi », a souligné Giguère (4 passes captées pour 39 verges et un touché).

À titre de vétéran de la LCF, Nik Lewis était très bien placé pour déterminer la recette du succès de Cato.

« Il a joué avec ses possibilités et j’ai la conviction qu’on possède plusieurs armes intéressantes avec S.J. (Green), Sam (Giguère), (Fred) Stamps, Cody (Hoffman) et moi en plus de Tyrell qui a été sensationnel. Quand tu vois ton porteur de ballon courir ainsi, tu n’as pas le choix de te défoncer et de bloquer de ton mieux pour lui », se réjouissait Lewis qui était comblé d’avoir battu son ancienne équipe.

Grand amateur de football universitaire américain, Marc-Olivier Brouillette savait à quoi s’attendre de la part de Cato contrairement à plusieurs autres témoins au match.

« Il s’est appliqué énormément dans la semaine de préparation, c’est un athlète qui a connu beaucoup de succès au niveau universitaire. Marshall n’est pas la plus grande institution donc son rendement a sûrement surpris plusieurs personnes, mais je savais ce qu’il avait accompli », a rappelé Brouillette avec le sourire au visage.

Doit-on se garder des réserves?

Cette victoire sans équivoque a envoyé un message intéressant au reste de la LCF puisque les Alouettes avaient subi un revers au premier match en plus de perdre les services des quarts Jonathan Crompton et Dan LeFevour.

« On sait qu’on possède une excellente équipe à tous les niveaux et on l’a prouvé dans ce match. On a dominé même avec un quart-arrière recrue. Personne ne le connaissait et il a démontré qu’il pouvait être à la hauteur pour cette ligue », a souligné Tyrell Sutton.

Le mot de la fin ne pouvait revenir à personne d’autre que Cato qui tenait à remercier tous les partisans qu’il a conquis pendant son passage à Marshall.

« Je les aime, Marshall, c’est ma maison et Montréal est ma nouvelle demeure. Je remercie toutes ces personnes qui me supportent. C’est un moment vraiment plaisant », a-t-il conclu.