BROSSARD – À la suite de la dégelée encaissée en Saskatchewan dimanche, les Alouettes de Montréal n’avaient pas une seule seconde à perdre pour essayer de renverser la vapeur puisqu’ils croisent le fer avec le Rouge et Noir, dès jeudi soir, à Ottawa.

Sans surprise, Rakeem Cato s’est retrouvé aux commandes de l’attaque montréalaise étant donné qu’il procure une dynamique plus intéressante à cette unité et l’entraîneur Jim Popp a confirmé qu’il entamera le match pour son premier départ depuis le 27 août.

L’Américain a complété la dernière rencontre à Regina en venant en relève à Jonathan Crompton qui a été plus qu’erratique. Celui-ci a fait l’impasse sur la séance d’entraînement intérieure (en raison du mauvais temps) pour se présenter à un rendez-vous médical. Selon les premières indications, il est plutôt amoché à une épaule et à la main gauche si bien qu’il ne devrait pas être en uniforme cette semaine.

En raison de sa pénible prestation sur le terrain des Roughriders, il ne serait toutefois pas étonnant de constater que Crompton soit relégué à un rôle de spectateur jusqu’à la conclusion de la saison régulière. Ce résultat permettrait aux Alouettes de finalement miser sur une stabilité recherchée avec acharnement.

« On veut de la stabilité au poste de quart-arrière et lui confier notre livre de jeux complet », a reconnu Popp.

Au fil de sa longue carrière au football canadien, Popp en a vu de toutes les couleurs et il continue de croire la saison actuelle n’est pas gâchée et surtout que le temps ne manquera pas à sa troupe.

« Je ne pense pas, toutes les possibilités sont encore à notre portée comme celle de remporter notre division. Mais, bien sûr, on doit arrêter de commettre des erreurs coûteuses comme les revirements et les punitions », a-t-il évoqué.

Toutefois, le temps commence à presser pour les Oiseaux (5-7) et les résultats des matchs de la section Ouest deviennent cruciaux. Cette semaine, les yeux des amateurs et des membres des Alouettes seront tournés vers l’affrontement entre les Eskimos d’Edmonton (9-4) contre les Blue Bombers de Winnipeg (4-9) et celui impliquant les Riders et les Lions de la Colombie-Britannique (4-8).

Cependant, une victoire contre le Rouge et Noir (7-5) animerait les choses dans l’Est puisque les Alouettes enchaîneront avec trois autres parties contre leurs rivaux de section. Cette portion du calendrier inclura également les deux affrontements de l’année contre les Argonauts de Toronto.

Jusqu’ici, en 2015, la formation montréalaise a échappé les deux parties contre Ottawa par une marge totale de sept points. Le moins que l’on puisse dire, c’est le moment de la revanche serait opportun.

« Ça me fait dire qu’on a très bonnes chances de gagner », a jugé le patron.

Même s’il n’est pas arrivé à Montréal avec de fines connaissances du football canadien et le particulier contexte de croisement pour les éliminatoires, Cato n’a pas besoin qu’on lui fasse un dessin pour comprendre l’enjeu des matchs à venir.

« Je me sens définitivement en mode éliminatoire et c’est d’ailleurs la mentalité avec laquelle je veux aborder tous les matchs. C’est le temps que notre équipe grimpe d’un cran, je pense qu’il s’agit de la semaine parfaite pour se remettre d’une défaite difficile et se faire pardonner. Nous avons une bonne équipe, une formation qui peut aspirer au championnat », a évalué le numéro 12.

Dans le scénario d’une victoire, le calendrier rapproché deviendrait une bénédiction.

« Évidemment, tout le monde est déçu de cette défaite. Il y avait beaucoup de frustration après le match à Regina. Par contre, on a la chance de pouvoir éliminer le mauvais goût que nous avons en bouche dès jeudi », a rappelé le polyvalent receveur Samuel Giguère.

Souvent très volubile, Nik Lewis, le frère d’armes de Giguère, n’avait pas encore effacé ce mécontentement de son esprit.

« Ça devient frustrant par moments parce qu’on sait qu’on possède le talent pour mieux jouer que ce qu’on a démontré. Il faut accepter notre sort avant de pouvoir s’améliorer, c’est le processus qu’on traverse présentement », a précisé le vétéran de 35 ans.

Par ailleurs, les nouvelles sont pessimistes dans le cas du demi de coin partant Mitchell White qui s’est blessé à une cheville contre les Roughriders et son absence pourrait se prolonger pendant quelques semaines. Mardi, c’est le vétéran de demi défensif Jerald Brown qui s’est acquitté des tâches de White.

L’art de se tirer dans le pied

Au football, les entraîneurs utilisent souvent le refrain selon lequel le résultat d’un match se joue seulement sur l’issue de quelques jeux importants. Leur expérience semble leur donner raison puisque la saison décevante des Alouettes pourrait présenter un visage totalement différent. En effet, ils ont perdu sept matchs par un total de 36 points.

On ne parle donc pas de déconfitures fréquentes, mais les Alouettes ne sont pas encore parvenus à jouer à la hauteur de leur réputation principalement avec des bêtises qui se répètent.

« On se tire constamment dans le pied avec des revirements ou une punition qui n’est pas la bienvenue. Avec la défense qu’on a, je continue de croire que notre attaque sera responsable de toutes nos défaites. On ne veut pas gagner des matchs 15 à 12, mais on possède la défense pour y parvenir donc on doit se contenter de limiter nos erreurs », a analysé Luc Brodeur-Jourdain avec justesse.

Bien sûr, l’objectif de réduire les revirements ne se matérialise pas aisément, ça nécessite un effort constant.

« Les joueurs doivent être conscientisés du danger. Oui, ils veulent se battre pour la verge supplémentaire, mais c’est souvent là que tu te fais extirper le ballon. Les quarts doivent aussi constater que certains jeux peuvent mener à des sacs ou à une passe dans les estrades pour éviter une erreur regrettable.

« C’est mieux d’agir ainsi que de tenter de jouer au super-héros et faire mal à l’équipe », a ajouté le centre devenu papa récemment.

Auteur de deux interceptions (tout comme Crompton), Cato a démontré qu’il avait bien enregistré cette consigne.

« On doit réaliser que parfois ce n’est pas une mauvaise chose de se rendre à un botté de dégagement au lieu d’un revirement », a conclu Cato qui a pu se débrouiller d’une certaine rouille dimanche.