MONTRÉAL – Luc Brodeur-Jourdain n’est pas tombé en bas de la table de son physiothérapeute lorsqu’il a eu vent des commentaires de son directeur général et entraîneur, Jim Popp, qui croit qu’il pourrait rater la moitié ou même la totalité de la saison 2016. 

Popp a fait cette révélation, durant la fin de semaine, à notre collègue Didier Orméjuste dans le cadre des évaluations physiques de la LCF.

Pourtant, Brodeur-Jourdain s’est toujours fixé un retour sur le terrain pendant le camp d’entraînement, qui prendra son envol le 29 mai au campus de l’Université Bishop’s.

Avec son côté cérébral, le centre québécois ne se berce tout de même pas d’illusions. Il sait que la sévère blessure ligamentaire qu’il a subie au genou droit, lors de l’avant-dernier match des Alouettes le 1er novembre, exige une période de remise en forme de six à neuf mois.

Opéré en décembre, LBJ a donc tout mis en œuvre pour atteindre le pronostic le plus optimiste. Voilà pourquoi il préfère aborder la déclaration de Popp avec la même approche positive.

« Il y a deux façons de le voir. D’abord, en tant qu’athlète, tu veux revenir à l’action dès que possible, mais tu peux te dire que c’est négatif de savoir qu’il ne s’attend pas à te voir sur le terrain. Mais, l’autre façon, c’est de simplement considérer que les Alouettes veulent me donner le temps nécessaire et ne pas m’imposer le stress de revenir trop tôt », a exposé le jeune père d’un petit garçon.

Tout de même, le colosse qui célébrera son 33e anniversaire cette semaine ne désire pas sacrifier l’une des dernières années de son parcours professionnel.

« C’est certain que je ne rajeunis pas en tant que joueur. Quand je pense au côté perspective de carrière, je n’ai clairement pas le goût de manquer une année surtout à mon âge », a confié Brodeur-Jourdain, entre quelques tâches de congé parental, au RDS.ca.

Heureusement, Popp lui avait déjà témoigné sa crainte pour le calendrier 2016, si bien que ses propos ne l’ont pas étonné.

« Jim m’avait glissé un mot que l’équipe médicale s’attend à ce scénario. Après tout, à titre d’exemple, le porteur de ballon Brandon Whitaker est retourné sur le terrain après huit mois à la suite d’une blessure du même genre. On parle d’un joueur d’un peu plus de 200 livres alors que j’en pèse 315. On sait que plus tu es pesant et grand, plus c’est exigeant pour un ligament », a comparé celui qui se soumet à cinq séances de physiothérapie par semaine.

Ce barème ne refroidit cependant pas ses ardeurs et il assure qu’il ne vit pas dans l’utopie.

« Je ne vais pas rester dans un positivisme illusoire, mais je vise le camp d’entraînement. Je me prépare pour être en mesure de jouer sans douleur et être prêt pour une saison entière », a confirmé le vétéran de sept saisons.

« En même temps, j’écoute les gens autour de moi, les professionnels de la santé. Si on me dit au camp que je ne suis pas apte à jouer – ce que je vais savoir moi-même – je ne serai pas débiné, je suis conscient que c’est possible. Mais, chose certaine, je vais être sur le terrain quand je serai en pleine forme », a poursuivi l’athlète apprécié de ses coéquipiers et des partisans.

Après avoir été impliqué dans un processus de remise en forme si exigeant, Brodeur-Jourdain espère seulement que personne ne viendra le bloquer.

« Si je fais tous les tests, qu’on me dit que je suis correct pour jouer et que, finalement, le frein ne vient pas d’une équipe médicale, c’est là que ça pourrait plus m’affecter », a avoué le joueur de ligne offensive.

Le discours de Popp pourrait justement laisser croire que les Alouettes souhaitent placer le nom de Brodeur-Jourdain sur la liste des blessés pour six semaines pour des raisons pécuniaires, mais il n’adhère pas à cette théorie.

Cela dit, Brodeur-Jourdain n’a pas besoin qu’on lui explique le portrait. Avec l’embauche de Dominic Picard, il sait qu’il devra prouver que le poste de centre lui revient encore quand il remettra ses crampons.

« Quand je vais revenir, je devrai mériter ce poste. Ça reste du sport professionnel, ça doit être compétitif », a convenu l’ancien du Rouge et Or de l’Université Laval.

Pendant ce temps, il pousse tellement la « machine » qu’il a brisé la machine à glace qu’il a achetée pour favoriser sa remise en forme!

« Ça fonctionne comme les engins pour mesurer la pression (tensiomètre). Ça gonfle et ça envoie de l’eau glacée et la jambe devient froide, froide. J’ai commandé les pièces pour la réparer », a raconté Brodeur-Jourdain avec le sourire.

Signe que les traitements fonctionnent, Brodeur-Jourdain est en mesure de courir de nouveau. Par contre, il évite, pour le moment, cette option qui causerait inutilement de l’enflure.

Une consolation facile à trouver

En plus de vivre les joies de la paternité, Brodeur-Jourdain peut se consoler en regardant les améliorations effectuées à l’attaque des Alouettes. Il est enchanté par la présence d’un quart-arrière d’expérience (Kevin Glenn), l’ajout d’un entraîneur de la trempe de Jacques Chapdelaine, les retours de Duron Carter et Kenny Stafford ainsi que la prolongation de contrat accordée à Nik Lewis.

« On a besoin d’un arsenal offensif. On revient avec la formule d’un quart expérimenté entouré de jeunes receveurs explosifs. L’adversaire ne pourra pas seulement attitrer deux joueurs en couverture sur S.J. Green puisque Duron et Kenny pourront se démarquer », a mentionné LBJ, qui n'a jamais hésité à déplorer le rendement timide de l'attaque.

L’entente d’un an acceptée par Carter le motivera sans doute alors que le fait de retenir Lewis n’est pas à négliger.

« Nik, c’est un gros receveur en fin de carrière, mais mon Dieu que tu as besoin d’un gars comme lui dans ton équipe », a conclu Brodeur-Jourdain avec reconnaissance.