MONTRÉAL – John Bowman ne connaît pas les demi-mesures. Intense, émotif et dédié, le redoutable ailier défensif a finalement décidé de poursuivre sa carrière avec les Alouettes de Montréal alors qu’il croyait que la saison 2015 allait clore son parcours professionnel.

Quand il replonge dans ses souvenirs d’il y a un an, Bowman se souvient qu’il se préparait à l’idée de disputer un dixième et dernier tour de piste dans la Ligue canadienne de football. L’Américain avait même partagé ses états d’âme avec quelques coéquipiers dont Chip Cox et Billy Parker en plus de laisser planer l’idée devant les journalistes.

Mais, entier comme il est, Bowman a donné tout ce qu’il avait sur le terrain et il a surmonté une période de deux matchs laissé à l’écart (sous l’ère de Tom Higgins) pour se hisser au sommet de la LCF avec 19 sacs. L’athlète de 33 ans a ajouté une autre marque personnelle avec 46 plaqués pour savourer une deuxième nomination sur l’équipe d’étoiles de la LCF.

Envahi par les pensées qu’il était en train de jouer son dernier match, Bowman a laissé couler plusieurs larmes sur les lignes de côté.

Deux mois plus tard, Bowman a finalement décidé de repousser ses plans de retraite - il espère devenir agent de joueurs – pour accepter une nouvelle entente d’une saison avec les Oiseaux.

« C’est génial ! L’équipe voulait que je sois de retour, j’ai probablement réussi de bonnes choses la saison dernière et ils ont probablement pensé que je pourrais essayer de faire l’équipe en juin », a-t-il raconté avec une touche d’humour au RDS.ca.

« Nous sommes excités que John ait décidé de poursuivre sa carrière avec les Alouettes, a déclaré le directeur général et entraîneur-chef des Alouettes, Jim Popp, par voie de communiqué. Le travail acharné de John, autant sur le terrain qu'à l'extérieur, a continué de lui rapporter des dividendes, ainsi qu'à notre organisation tout au long de sa remarquable carrière.»

Mais le revirement de situation n’était pas si étonnant puisque Bowman avait passablement vendu la mèche lors du bilan de l’organisation en novembre. Il avait utilisé l’occasion médiatique pour prétendre qu’il voulait être rémunéré au même titre que les meilleurs athlètes de sa spécialité, les ailiers défensifs.

Question d’obtenir tous les dollars espérés, Bowman aurait pu tester le marché de l’autonomie à partir du 9 février, mais il a plutôt accepté l’offre finale de Popp ce qui laisse croire que son message a été entendu.

« Au football professionnel, personne n’obtient ce qu’il veut. Les Alouettes me voulaient à un certain prix alors que je visais un montant donc on s’est rejoint vers le milieu. Je voulais me sentir respecté et être traité comme l’un des meilleurs sinon le meilleur. Je pense que je l’ai été depuis quelques années. Au final, tout le monde a eu ce qu’il voulait », a interprété le sympathique numéro 7.

Étant donné qu’il a dominé ses pairs et qu’il n’approche pas la quarantaine, Bowman aurait été en droit d’exiger un pacte de deux ou même trois années, mais il tenait à éviter une fin regrettable.

« Je ne l’ai pas demandé parce que je ne veux pas placer personne dans une situation difficile. Je ne voudrais pas que les Alouettes doivent me libérer si je joue mal dans le futur. Si je suis encore en mesure d’accomplir mon boulot, je pourrai signer un nouveau contrat », a résumé le colosse de six pieds trois pouces et 250 livres.

En désaccord avec l’approche de l’entraîneur Noel Thorpe

Toujours à propos des réalités contractuelles, Bowman n’a pas eu peur de dire qu’il n’aurait pas agi de la même manière que le coordonnateur défensif Noel Thorpe qui a tenté de s’extirper de son contrat avec les Alouettes.

Dans ses commentaires, Bowman avait notamment mentionné que ce n’était pas approprié de ne pas respecter un contrat.

« Ce que j’ai dit, c’est que si je signais mon nom au bas d’un contrat, j’allais le respecter. J’ai parlé ainsi sans lui manquer de respect, surtout que je ne connais pas les détails de sa situation. S’il voulait quitter pour des raisons personnelles, c’était correct à mes yeux, mais pas s’il désirait se joindre à une autre équipe », a développé Bowman qui maîtrise de plus en plus la langue française.

Nul doute, les deux hommes n’ont pas la même vision des choses, mais ça ne veut pas dire pour autant que Bowman ne se défoncera pas pour son entraîneur.

« Personne ne veut perdre donc il faut que ça fonctionne pour le mieux. Il est ici et je suis certain qu’il ne ferait rien de stupide pour affecter sa réputation. En tant que joueur, on exécute les stratégies des entraîneurs de notre mieux », a-t-il exprimé.

En fin de compte, le circuit canadien a empêché Thorpe de quitter le nid montréalais et Bowman aurait souhaité que la LCF n’ait pas à intervenir.

« Selon moi, ça n’aurait pas dû se rendre là, mais je ne suis qu’un joueur de football et je me concentre sur ce que je sais faire. Je laisse ces dossiers à ceux qui touchent beaucoup d’argent », a maintenu Bowman.

Avec une fidélité de plus 10 ans envers les Alouettes, Bowman pouvait se permettre de tels propos. Très impliqué dans la communauté, il passe la plupart de son temps dans la région montréalaise malgré ses origines américaines. La métropole québécoise est devenue sa maison en 2006 alors qu’il a fait ses débuts dans un rôle modeste avec les Alouettes.

Une décennie plus tard, lui et Chip Cox sont les deux seuls joueurs à toujours évoluer pour l’organisation montréalaise. Ce n’est pas pour rien que Bowman n’hésite pas à dire que son sang coule aux couleurs des Alouettes pour le meilleur et pour le pire.

Mais comme Bowman le dit si bien lui-même, la saison 2016 pourrait difficilement être pire au plan collectif que celle de 2015.