MONTRÉAL – Il fallait s’y attendre, le propriétaire Andrew Wetenhall a été « cuisiné » durant la conférence de presse des Alouettes visant à présenter le nouveau directeur général de l’organisation, Kavis Reed, qui a été préféré notamment à Danny Maciocia.

Depuis que le processus de remplacement de Jim Popp a été lancé, Maciocia s’est rapidement hissé comme le candidat préféré des partisans des Oiseaux. Cependant, Reed s’est démarqué dans le processus d’évaluation si bien qu’Andrew, son père Bob et le nouveau président et chef de la direction, Patrick Boivin, ont préféré offrir un rôle administratif à Maciocia.

La conférence de presse des Alouettes a permis de démêler un peu la situation. D’abord, au fil des discussions pour revamper la structure de direction, l’ancien président Mark Weightman aurait lui-même posé la question à savoir s’il était l’homme indiqué pour diriger cette refonte en profondeur.

Cette réflexion a fini par mener au départ de Weightman – de son propre chef selon Andrew Wetenhall – et à l’entrée en scène de Boivin. Celui-ci aurait été embauché il y a de cela 10 à 14 jours.

Par la suite, le poste de directeur général aurait été accordé à Reed il y a 10 jours alors que cinq candidats ont été rencontrés.

Finalement, les Wetenhall et Boivin auraient choisi de proposer une implication administrative à Maciocia. Les deux clans auraient négocié pendant quelques jours sans pouvoir en venir à une entente sur les tâches qui lui auraient été confiées.

Passons maintenant à l’étape des justifications. Conscient des critiques et du bruit créé par les révélations de Maciocia, Andrew Wetenhall avait préparé une réponse écrite sur ce sujet. 

« Je crois que tout le monde sait qu’on n’aime pas discuter de ces enjeux internes publiquement. Mais, avec les déclarations de Danny, on n’avait pas le choix d’aborder le tout. Je vais être bref et me concentrer sur les faits. Kavis est ressorti comme le gagnant de notre processus de sélection et on l’a engagé », a lu Wetenhall.

« Pour être honnête, on aime bien Danny. On a pensé à l’idée de l’embarquer dans le projet dans un rôle exécutif. On l’a approché, on lui a proposé un poste et on a négocié pendant quelques jours sans pouvoir s’entendre », a-t-il poursuivi.

Être des champions de nouveau

« On trouvait que Danny présentait un côté très intéressant pour l’organisation, sa capacité de la représenter et d’en faire la promotion », a cerné Wetenhall en précisant que Maciocia aurait œuvré sous la responsabilité de Boivin.

Le sujet sensible est revenu sur la table à la fin de la conférence de presse. Le confrère Mario Langlois a insisté sur le fait que les Alouettes avaient une immense opportunité d’embaucher un dirigeant québécois surtout que les autres organisations montréalaises (le Canadien et l’Impact) sont gérées par des gens d’ici.

Andrew Wetenhall n’a pas apprécié la remarque et il a répondu de cette manière.

« Je ne vais pas répondre à la question, ce ne serait pas juste pour les personnes interviewées. On a suivi un processus d’embauche très rigoureux, on a même consulté d’autres équipes pour le bâtir. Au final, Kavis a été le numéro un par une grosse avance », a-t-il tenu à préciser. 

« Je ne vais pas commenter sur les entrevues des candidats, mais je vais vous dire qu’on a engagé le meilleur candidat par une bonne marge », a ajouté Wetenhall avec fermeté.

Un changement de garde apprécié

Relancé sur le sujet, Wetenhall a fini par laisser comprendre en lisant entre les lignes que Maciocia n’avait pas été le plus impressionnant dans quatre des cinq critères. 

« Danny a obtenu un très bon pointage pour la catégorie de rapprocher l’équipe de la communauté et des institutions québécoises de football. Danny a scoré très haut pour cet aspect », a-t-il relevé avec un sourire révélateur.

Le débat s’est déplacé sur la décision de ne pas choisir le candidat francophone. Impliqué sans trop le vouloir dans cette « controverse », Kavis Reed n’a pas hésité à ajouter son grain de sel.

« Le langage universel du football, c’est de gagner. Pour bâtir une équipe, ce n’est pas à propos des individus, mais de l’approche pour résoudre les problèmes et gagner », a proposé Reed qui a hâte de faire ses preuves.

Chapdelaine, honoré d'être l'entraîneur-chef

Si plusieurs partisans ont été déçus du sort réservé à Maciocia, ce sentiment n’est pas partagé par tous les observateurs. Par exemple, l’entraîneur André Bolduc, qui devrait encore travailler en attaque avec les Alouettes, comprenait la décision.

« Je n’ai aucune implication émotive dans cette histoire. Danny, c’est un très bon coach, mais ça ne veut pas dire pour autant qu’il est capable d’être directeur général. Ça fait huit ans qu’il est déconnecté de la LCF en travaillant au niveau universitaire », a réagi Bolduc.

Bien sûr, quelques joueurs des Oiseaux ont assisté à la conférence de presse qui s’est terminée sur une note discordante.

« Je comprends que Danny n’a pas été retenu, mais c’était la nomination des gens, c’est une journée très importante dans leur vie. Le spotlight devrait être sur le fait qu’on nomme Kavis Reed et Patrick Boivin en plus de Jacques Chapdelaine. De parler d’un candidat qui n’a pas été sélectionné à ce point-là, je trouve que ce n’était pas nécessairement le bon moment. Je comprends que c’est le travail des journalistes, mais je suis persuadé que le processus a été fait avec minutie étant donné que c’était un point tournant pour l’organisation. Je suis confiant par rapport à ces décisions, le tout a été fait avec les bonnes intentions », a exposé Luc Brodeur-Jourdain qui était aussi accompagné de John Bowman, Kyries Hebert et Nicolas Boulay notamment.

À titre d’information, les cinq critères élaborés pour l’embauche du prochain directeur général étaient : ses qualités de recruteur, ses capacités à attirer des joueurs de talent à Montréal, ses compétences de gestion, son dévouement pour impliquer le club dans la communauté et ses attributs personnels comme le caractère et l’éthique de travail.

Weightman reviendrait-il avec les Alouettes?

En ce qui concerne le dossier de Weightman qui semble avoir été poussé vers la sortie, Wetenhall n’a pas écarté la possibilité qu’il revienne au sein de l’organisation dans une autre fonction.

Un défi que comprend Patrick Boivin

« On parle encore avec lui sur la possibilité de revenir, il va prendre du temps de repos très mérité avec sa famille. Il pourrait occuper d’autres fonctions. On a beaucoup de respect pour lui », a mentionné Wetenhall.

« Je veux remercier Mark pour ses 21 années de service. Je ne pourrais pas parler assez en bien de Mark pour son implication et ses sacrifices. Personne ne s’est autant investi dans cette organisation que lui », a-t-il prononcé.

Wetenhall a contredit l’hypothèse selon laquelle Weightman a été « invité » à quitter son poste.

« On a parlé de gérer cette organisation  et de la ramener au sommet. Dans tout ça, il a lui-même posé la question s’il était la bonne personne pour opérer les changements après 21 ans avec les Alouettes. Ce n’est pas tout le monde qui pourrait faire ça. Il a tout donné à cette organisation et on espère qu’il reviendra d’une façon ou d’une autre avec le club », a répété le propriétaire.

Avec un tel dévouement, il serait étonnant de voir Weightman contredire la version des Alouettes, mais ses commentaires resteront intéressants à récolter prochainement.