On dirait que tout le monde aide les Alouettes sauf eux. Je ressens un peu de frustration, car j'ai l'impression de livrer le même message depuis quelques semaines sur cette page.

Ottawa a battu Winnipeg et Edmonton a défait la Colombie-Britannique. Ce sont des résultats qui sont de nature à aider l'équipe montréalaise qui ne saisit pas les opportunités qui s'offrent à elle. Même l'ancien botteur de l'équipe Sean Whyte cherche à les aider, lui qui a fait gagner les Eskimos il y a deux semaines contre les Blue Bombers et contre les Lions samedi.

La bonne nouvelle pour les Alouettes s'il y en a une, c'est qu'ils demeurent dans le coup et qu'ils peuvent toujours participer aux éliminatoires de la LCF.

Il va falloir que les Alouettes commencent à s'aider. La rencontre face aux Tiger-Cats dimanche a été de nature à aiguiser ma frustration. Certaines situations m'ont fortement déplu. Généralement, une équipe qui joue bien dans deux des trois facettes se donne de bonnes chances de l'emporter. Contre Hamilton, les gars n'ont joué qu'une bonne facette et c'était en défensive.

Les unités spéciales n'ont pas été bonnes et l'attaque a été anémique. La défensive a été fidèle à elle même, mais elle ne peut pas tout faire non plus. Elle a tenu le fort et limité les dégâts quand l'adversaire s'aventurait dans la zone payante. Le travail de l'unité défensive s'est traduit par des placements de Justin Medlock plutôt que des touchés.

Avant d'aller plus loin, il importe de souligner le très bon travail du jeune quart des Tiger-Cats Jeff Mathews, qui a démontré beaucoup de sang froid. La ligne à l'attaque de Hamilton a été plus solide que le front défensif des Alouettes et Mathews a profité d'une meilleure protection, ce qui l'a aidé dans la précision de ses passes.

En août dernier lors de la rencontre entre les deux clubs, les Alouettes avaient réussi six sacs contre Zach Collaros, qui essayait de sauver sa peau à chaque jeu. Il aurait fallu que Montréal fasse tout en son pouvoir pour déranger ce jeune quart qui en était seulement à un troisième départ. Les Alouettes l'ont laissé trouver sa zone de confort et dans les tranchées, les Tiger-Cats ont été meilleurs des deux côtés du ballon.

Tiger-Cats 23 - Alouettes 11

Mathews n'a pas été effrayé par le blitz des Alouettes. Chaque fois qu'il était pressé, il attaquait le blitz. Habituellement, un quart a le réflexe de se défendre dans pareilles circonstances. Lui, il a plutôt choisi de l'attaquer. Il a réussi de longues passes avec précision. Je dois le féliciter pour son exécution ainsi que son entraîneur Tommy Condell qui a eu le flair de commander les bons jeux au bon moment.

Mathews a aussi profité du très bon travail de ses receveurs de passes, notamment Luke Tasker, qui a capté une passe de façon spectaculaire par-dessus son épaule. C'était de toute beauté. L'attaque des Tiger-Cats en a fait juste assez pour aller chercher la victoire sur un terrain ennemi.

La défense des Alouettes n'a pas mis assez de pression sur le quart, mais ce n'est pas de la faute de cette unité si la partie a été perdue.

Les unités spéciales ont connu un après-midi éprouvant. Il faut bien le dire que depuis le début de la saison, on a rarement parlé en mal de cette unité, mais dimanche ça ne fonctionnait pas. Il y a eu un botté bloqué qui a été récupéré par l'ancien du Rouge et Or Frederic Plesius et qui a ouvert la porte à un touché des Tiger-Cats, qui ont fait une belle couverture de botté. Malheureusement pour les Alouettes, toutes les fois où Stefan Logan effectuait un beau retour, il y avait une pénalité pour tout annuler.

Je l'ai toujours dit, les unités spéciales c'est l'endroit pour prendre le véritable pouls de l'intensité et de la préparation d'une équipe parce que l'on y retrouve des joueurs qui évoluent en attaque comme en défense ainsi que des partants comme des réservistes et des vétérans et des recrues. C'est un microcosme d'un peu tout le monde. Dès le premier botté de dégagement, on a vu que quelque chose ne fonctionnait pas chez les Alouettes alors qu'il manquait un joueur sur le terrain et que sur le jeu suivant, le club a écopé d'une punition pour avoir mis trop de temps avant de botter. Pour moi, c'est du jamais vu. Ça n'a pas de sens et ça donne une idée du niveau de préparation.

Au retour de la mi-temps, les Alouettes ont pris trop de temps encore une fois pour exécuter le botté d'envoi, ce qui a entraîné une autre pénalité. Ça démontre un manque de concentration et de préparation. C'est comme jeté de l'argent par les fenêtres. La responsabilité de ce cafouillage revient aux joueurs et aux entraîneurs.

En attaque, tout le monde avait hâte d'assister à l'entrer en scène du quart Kevin Glenn. C'est un gars d'expérience qui donne espoir à tous les joueurs. Il possède un grand bagage et il peut aider les Alouettes à terminer la saison en force. Il ne fallait toutefois pas s'attendre à un synchronisme parfait, mais je m'attendais à plus de sa part. Je suis persuadé qu'il va dire la même chose.

Glenn n'a pas renversé la vapeur

J'ai trouvé décevant de voir que les gars autour de Glenn ne l'ont pas aidé comme ils auraient pu le faire. Le quart a lancé de mauvaises passes c'est vrai, mais il n'a pas été aidé. Il a été victime de trois interceptions. La première fois, il a été frappé en même temps qu'il effectuait sa passe sur un blitz, la deuxième fois, il a manqué de précision. En ce qui me concerne, il n'y a que sur la troisième interception où il a pris une mauvaise décision avec une passe forcée, mais parfois quand tu tires de l'arrière par 15 points, tu n'as pas le choix d'essayer d'ouvrir la machine.

C'est autour de lui que ça me déçoit. On n'a pas vu le jeu au sol. Glenn a été gelé à quelques reprises parce que sa protection a été déficiente, ce qui a laissé des traces dans son esprit. Vous savez, ça affecte le moral d'un athlète de se faire frapper à répétition.

Les receveurs n'ont rien fait non plus pour aider la cause de leur nouveau quart en échappant un nombre important de passes. Il est possible toutefois que les joueurs n'étaient sur la même page que Glenn, qui a été acquis il y a quelques jours seulement. Ce n'était pas toujours des passes faciles, mais il y a un dicton qui dit que lorsque tu touches au ballon, tu dois l'attraper. Il faut que le jeu se fasse.

On avait l'impression que les roues des Alouettes tournaient dans la bouette. On avait besoin qu'un joueur se lève pour faire le gros jeu qu'il allait réveiller l'équipe. Il n'y a personne qui l'a fait. SJ Green a eu la chance de le faire, mais il a échappé une passe qu'il n'aurait jamais dû échapper. Avec le peu de temps de préparation, on ne pouvait pas exiger de miracles du nouveau quart, mais il aurait pu compter sur un meilleur appui des siens. J'aurais aimé voir le jeu au sol fonctionner, voir les receveurs réussir des jeux spectaculaires pour lui enlever un peu de pression. Ç’aurait été une belle façon de lui souhaiter la bienvenue à Montréal. Les Alouettes ont complétement manqué le bateau.

C'est évident que de greffer un nouveau quart en fin de saison n'est pas une situation idéale. Les Alouettes n'ont pas été en mesure d'aller le chercher plus tôt parce que les Roughriders n'étaient pas encore officiellement éliminés. Mais même avec sa performance contre les Tiger-Cats, c'est avec Kevin Glenn que les Alouettes vont avoir les meilleures chances de gagner et de participer aux éliminatoires.

Ce qui est incroyable, c'est que les Alouettes sont encore dans le coup malgré leur mauvaise saison.

La fin de saison s'annonce palpitante et les Alouettes auront à l'oeil les résultats des Lions et des Blue Bombers de Winnipeg. Winnipeg est toujours dans le coup, mais il ne lui reste que deux parties à disputer contrairement à trois pour les deux autres clubs. Le scénario est le suivant. Si la Colombie-Britannique gagne un de ses trois derniers matchs, les Alouettes doivent en gagner deux. Si les Lions en gagnent deux, les Alouettes doivent en gagner trois et si Lions gagnent leurs trois dernières rencontres, Montréal sera éliminé.

Les Alouettes vont affronter les Argonauts de Toronto sur un terrain neutre à Hamilton vendredi. Il ne devrait pas y avoir beaucoup de bruit, ce qui pourrait les avantager. À eux de saisir leurs chances.

*propos recueillis par Robert Latendresse