MONTRÉAL – Les dirigeants des Alouettes de Montréal ont fait leur mea culpa pour la saison catastrophique de l’organisation. Inévitablement, la prochaine étape de leur plan exige de rebâtir leur formation, mais ils demeurent réticents à employer le mot « reconstruction ».

 

Moins de 24 heures après avoir conclu l’une des pires saisons de l’histoire de l’équipe avec un autre retentissant revers (33-0 à Hamilton), le président Patrick Boivin et le directeur général Kavis Reed ont procédé au bilan annuel.

 

Même si les deux hommes ont reconnu leurs torts, ils ne veulent pas démolir les fondations du club à coups de hache ou de masse.

 

Constat d'échec pour la direction

« Le terme reconstruction indique tu repars à zéro. Comme Kavis a mentionné, on croit qu’on a plusieurs éléments sur lesquels on peut déjà bâtir. C’est plus une question de développer une équipe que de reconstruire ou dynamiter ce qui est déjà en place. Il y a plusieurs bonnes choses qui sont déjà en place », a statué Boivin dans un constat qui ne fera pas l’unanimité.

 

Reed a répété plus d’une fois ce point auquel Boivin a fait allusion.

« Je considère qu’on a des pièces clés, mais, pour certaines raisons, l’exécution n’était pas au rendez-vous. On ne veut pas tout défaire, on veut solidifier les fondations. On a assez de bons éléments pour sortir la tête de l’eau », a exprimé Reed qui a fait l’effort de prononcer quelques phrases en français.

 

Cela dit, Reed et Boivin n’ont pas eu peur d’admettre qu’ils ont fait fausse route quant à leur plan pour l’An I de leur règne.

 

« En approchant la saison 2017, on avait une occasion de rebâtir, il aurait été facile de le faire. Mais on croyait que nos partisans méritaient qu’on pousse pour une place en éliminatoires », a admis Reed qui a donc choisi d’ajouter plusieurs vétérans dont via le marché des joueurs autonomes.

 

L’échec a été retentissant avec un dossier final de 3-15 et une séquence de 11 défaites pour conclure la saison.

 

« On a tenté de faire un pont entre l’ancienne époque des Alouettes et notre nouvelle ère. Le concept était de faire un pas sans trop brusquer les partisans après deux saisons sans éliminatoires. Peut-être qu’on aurait dû axer le tout sur le développement dès le départ, mais on jugeait que c’était trop brusque de le faire à ce moment. Mea culpa de nous deux de ne pas l’avoir fait plus tôt », a prononcé Boivin.  

 

À partir de maintenant, les Alouettes veulent donc procéder à des modifications plus imposantes qui nécessitent de rajeunir l’effectif. Le hic, c’est que les pièces à remplacer sont nombreuses. Autant en attaque qu’en défense, les joueurs irremplaçables et indispensables sont rares. Même Kyries Hebert, qui a été le joueur par excellence des Alouettes en 2017, pourrait devoir partir à 37 ans.

 

D’après les conclusions de Reed, les rénovations les plus urgentes doivent être effectuées sur la défense.  

 

« Définitivement en défense en commençant par la tertiaire qui doit être revampée. Maintenant, avec la situation de la ligne défensive, on juge qu’on doit trouver des éléments pour le centre de celle-ci. On a essayé d’adopter une approche avec deux joueurs canadiens à cet endroit, mais ça n’a pas fonctionné et ça nous a fait perdre du temps pour dénicher de bons joueurs américains », a exposé Reed.

 

Mais ce n’est pas tout, il a admis que des faiblesses sont évidentes chez les ailiers défensifs qui ont imposé bien peu – pour ne pas dire pratiquement pas – de pression sur les quarts adverses cette saison. Vous vous retrouvez avec une transformation majeure à compléter.

 

Il faudrait bien garder une partie du budget et des efforts pour l’attaque qui a été encore anémique en 2017. Pourtant, de manière étonnante, Reed ne voit pas trop de besoins criants de ce côté.

 

« On n’a pas tant de choses à faire offensivement. Sur papier, je vois du talent et je remarque quelques étincelles sur le terrain. On a besoin de cohésion et de régler le problème des passes échappées. On croit que notre porteur de ballon et notre ligne offensive, quand elle est en santé, se situent dans le premier tiers de la LCF. Chez les receveurs, on a des éléments qui peuvent nous permettre de connaître du succès », a analysé Reed qui a été clément envers les receveurs.

 

Bien sûr, le DG sait que le dossier du quart-arrière prendra une grande partie de son temps. Il veut absolument encadrer Matthew Shiltz et Antonio Pipkin par un vétéran qui pourrait voir beaucoup d’action selon le rythme de développement des jeunes.

 

Reed a aussi profité de l’occasion pour soumettre le plan de sept étapes qu’il entend respecter, un plan qui avait été réclamé par plusieurs partisans et observateurs. Il consiste à continuer de bâtir des infrastructures de première classe pour les joueurs et les entraîneurs, embaucher un personnel d’entraîneurs fort et diversifié, utiliser le repêchage pour accroître le talent canadien, choisir des remplaçants avec des qualités semblables aux partants pour les remplacer efficacement, assembler une équipe dominante avec beaucoup de caractère, compléter les besoins sur le marché des joueurs autonomes et maintenir une relation de proximité avec les équipes universitaires canadiennes.

 

LaPolice et Bellefeuille seraient dans la mire 

 

Quant au dossier du prochain entraîneur-chef, le collègue Didier Orméjuste a appris que Paul LaPolice (coordonnateur offensif et entraîneur des receveurs des Blue Bombers) et Marcel Bellefeuille (entraîneur des receveurs des Lions) sont dans la mire des Alouettes. Ces deux hommes possèdent de l’expérience comme entraîneur-chef dans la LCF avec Winnipeg et Hamilton respectivement.

 

Reed et Boivin souhaitent avoir embauché leur prochain entraîneur d’ici la mi-décembre et leurs priorités n’ont pas changé à ce sujet.

 

« Les X et les O sont très importants, mais on recherche une personne forte pour rassembler les joueurs et développer du talent. Ça prend un enseignant pour ça. Il ne faut pas se laisser influencer par les pressions extérieures sur des noms qui attirants. On doit trouver la meilleure personne pour notre situation. C’est une pièce très importante, elle doit partager notre vision », a relevé Reed.

 

Pour une rare fois, l’ordre sera donc respecté. Le directeur général pourra choisir son entraîneur et celui-ci en fera de même avec ses adjoints. Le sort des adjoints qui ont complété la campagne 2017 demeure donc à déterminer selon les préférences du prochain entraîneur et Anthony Calvillo n’échappe pas à cette réalité.

 

En ce qui concerne le congédiement de Jacques Chapdelaine en septembre, Boivin maintient que ce fut la bonne décision.

 

« Les congédiements (celui de Chapdelaine et Noel Thorpe), ça n’avait aucune incidence avec le restant de la saison. On l’a fait pour l’avenir et le développement de l’organisation. La décision aurait été la même à la fin de la saison. On croit qu’on a pris la décision au bon moment », a répondu Boivin.

 

Sans surprise, les deux dirigeants ont pris soin de remercier les partisans des Alouettes qui n’ont pas trop délaissé l’équipe malgré une troisième saison pénible consécutive. D’ailleurs, les Oiseaux n’avaient pas été blanchis depuis 1997. À croire que c’était sur la seule note que cette saison pouvait se conclure.

 

L'heure est à la reconstruction
Des manques absolument partout