On peut faire encore mieux
Alouettes lundi, 3 nov. 2014. 17:55 samedi, 14 déc. 2024. 02:48Dimanche, c’était le premier match où il y avait un réel enjeu pour les Alouettes. En commençant l’année avec un dossier déficitaire de 1-7, il n'y avait plus vraiment de pression sur leurs épaules même s’ils espéraient quand même gagner et remonter la pente. Cette fois, en étant premiers dans l’Est et en jouant à la maison après une séquence de cinq victoires, j’avais hâte de voir comment ils réagiraient dans un match très important pour le classement en vue des éliminatoires. Ils ont finalement bien réagi puisqu’ils ont gagné. C'est donc mission accomplie pour les Oineaux, qui sont assurés de participer au championnat de fin de saison dans la LCF.
La rencontre a été chaudement disputée entre deux équipes qui se connaissent bien. Il y a une belle rivalité et des matchs comme ça, ce n’est jamais facile. Toronto arrivait avec le couteau entre les dents car le match était encore plus important pour eux. Ils vont avoir besoin d’aide pour se qualifier la semaine prochaine.
J’ai aimé plusieurs choses, dont le début de rencontre. On a offert la chance à Tyrell Sutton de donner le ton et de faire la différence, puis on a bien fini le match avec lui grâce à ses cinq courses d’affilée. On a écoulé les deux dernières minutes et la ligne à l’attaque a fait un travail impeccable en brassant le front défensif des Argos. Bravo d’ailleurs à la ligne à l’attaque qui joue son meilleur football depuis le début de la séquence de six victoires consécutives. Elle a frappé tout ce qui bougeait, a gagné la bataille de la robustesse et a imposé sa volonté. Quand on compte sur une bonne ligne, c’est beaucoup plus facile pour les autres acteurs de l’attaque de mettre en évidence leur talent.
Sutton a terminé sa journée de travail avec 23 courses, 135 verges de gain et un touché. Il a cumulé 23 courses à lui seul alors que Jonathan Crompton a tenté 26 passes. Quand le jeu au sol fonctionne tôt dans le match, ça donne confiance et ça enlève de la pression sur le quart-arrière et sur l’attaque. Ça envoie aussi un message au coordonnateur offensif que le jeu au sol doit faire partie intégrante du plan de match. À la blague, les joueurs se sont assurés que Ryan Dinwiddie n’oublie pas le joue au sol, parce qu’on serait fou de ne pas l’utiliser un peu plus quand ça fonctionne aussi bien.
Fait intéressant, Crompton n’a pas encore lancé plus de 29 passes dans un match depuis son arrivée, mais la recette fonctionne quand même. Une fois de plus, il n’a pas lancé d’interception et c’est un élément clé. Il a seulement complété 50 % de ses passes et on aimerait que son taux d’efficacité grimpe au-dessus de 60 %, mais malgré tout, ses 13 passes complétées en 26 tentatives ont permis d’enregistrer des gains de 131 verges, soit plus de 19 verges par passe en moyenne. Sa plus petite a été de 9 verges, et sa plus longue a été de 35, sinon le ballon a survolé le terrain sur 22, 32, 19 (deux fois), 14, 28 et 23 verges notamment. Ce sont des distances appréciables et ça compense pour son taux d’efficacité. S’il complétait seulement 50 % et qu’il se contentait de passes de huit ou neuf verges, on aurait un gros problème.
Crompton mise souvent sur les feintes de jeu au sol et du play action, ce qui complète bien le travail de la ligne et du jeu au sol. Une récolte de 251 verges, ce n’est pas mauvais, mais il aurait pu faire encore mieux! L’attaque a laissé de gros jeux sur le terrain, dont le jeu truqué à S.J. Green et la longue passe à Duron Carter que celui-ci a échappé. Au quatrième quart, le no 18 a lancé une passe trop longue à Carter alors qu’il était complètement seul dans les zones profondes, mais on a raté notre coup. Ça aurait pu augmenter le total de gains de l’attaque et ajouter deux autres touchés au lieu de mener à une victoire serrée. On était à quelques jeux près de mettre le match hors de portée. C’était la mission de l’attaque.
Je suis tout de même content de voir que les Alouettes sont aussi à l’aise dans des matchs chaudement disputés. Ils n’abandonnent pas, ils se battent jusqu’à la fin et trouvent une façon de gagner. Ce serait tout de même préférable de pouvoir profiter de nos chances pour mettre le match hors de portée plutôt que de jouer avec le feu. Après tout, suffit d’un gros jeu pour renverser la vapeur et offrir la victoire à l’adversaire. Ça prend donc plus d’opportunisme et l’instinct du tueur, car ça pourrait enlever un peu de pression sur l’unité défensive. Elle est capable d’en prendre et elle le prouve depuis le début de l’année, mais il faudrait que l’attaque génère un peu plus de points pour la supporter.
Pour résumer l’histoire à l’attaque, les étoiles de la fin de semaine ont été Sutton et Carter. Ce dernier a connu un départ canon, puis a échappé le ballon durant une course et sur une passe, mais il est revenu plus fort et a marqué le touché victorieux. Ce fut des montagnes russes pour lui, mais au moins il s’est ressaisi et a fait de gros jeux à la fin pour permettre à la troupe montréalaise de gagner. Il n‘a pas flanché après ses deux erreurs consécutives.C’était particulier de voir un quart-arrière utiliser seulement trois receveurs. De ses 13 passes complétées, 11 ont été dirigées vers Carter. Tant mieux s’il offrait la meilleure option à Crompton et que ça a fonctionné, mais c’est rare qu’on voit une équipe gagner dans une telle situation. Dans un monde idéal, on souhaiterait distribuer le ballon davantage.
L’effet de meute
Ce qui a ressorti dans la performance une fois de plus extraordinaire de la défense, c’est l’intensité, la rapidité, l’effet de poursuite, la violence des plaqués et la hargne. Les joueurs qui l’affrontent doivent être prêts à souffrir et ils doivent attacher leur casque solidement car ça cogne fort. Ça ne vient pas d’un seul joueur, mais de tout un groupe, donc il faut être prêt à payer le prix. À la fin de la partie, des ballons étaient échappés en milieu de terrain et je pense que c’est parce qu’on a réussi à entrer dans la tête de l’adversaire. Les receveurs pensaient juste à esquiver le plaqué.
C’était 14-7 après trois quarts et on a fini en force. On a réussi à fermer les livres au quatrième quart, qu’on a dominé 10-0. On est resté uni, l’attaque a marqué le touché déterminant et la défensive n’a concédé aucun point après en avoir concédé seulement trois au troisième engagement.
Je retiens des jeux clés comme le plaqué de Winston Venable pour une perte de 12 verges au quatrième, le sac du quart de John Bowman qui met Ricky Ray K.-O. et la passe rabattue de Venable en troisième et 10 qui redonne le ballon à l’attaque, qui elle écoule ensuite les deux dernières minutes. On a vu gros jeux après gros jeux et on n’a rien donné. Crompton a même été meilleur que Ray au niveau des statistiques. Il a obtenu plus de passes de touché, contre aucune interception. L’attaque de Ray avait seulement généré 12 points la dernière fois et le vétéran n’avait pas non plus lancé de passe de touché.
C’est une métamorphose incroyable de la défensive. L’équipe adverse doit se demander chaque fois à quelle défensive elle va faire face. En début de saison, il y avait beaucoup de blitz, de surnombres et de couverture homme à homme, alors que dernièrement on opte pour une défensive de zone, des stratégies complexes, des fronts à trois joueurs sur la ligne défensive ou une pression à trois, quatre ou cinq joueurs. Hier, on a même vu une pression à deux. C’était la première fois cette saison qu’on voyait ça, c’est-à-dire deux joueurs qui attaquent le quart-arrière pendant que les 10 autres restent en couverture de passe. Même un quart d’expérience comme Ray avait de la misère à décoder tout ça. On n’était pas capable d’attaquer les zones profondes. Ce n’était pas reposant pour les receveurs parce qu’on lançait dans les zones courtes étant donné que c’était la seule option possible, et rapidement on amenait les plaqués.
Cela dit, si l’ancienne stratégie a été mise de côté, ça ne veut pas dire qu’on n’y reviendra éventuellement pas pour surprendre l’adversaire. C’est plus difficile aujourd’hui de se préparer face aux Alouettes.
Pour conclure, ce n’était pas un match parfait et d’ailleurs les unités spéciales sont sur une mauvaise lancée. On va finir par se brûler et il faut faire attention. Ça fait trois matchs d’affilée où on voit du cafouillage de leur part : placement raté par Sean Whyte, James Rodgers n’a pas réalisé de gros retours et il a en plus cafouillé sur un retour de botté qu’il a échappé, puis une pénalité sur un retour de botté de dégagement car il y avait trop de joueurs sur le terrain, ce qui a donné un premier essai à Toronto. Swayze Waters a même récupéré un de ses bottés. On a dormi au gaz là-dessus au moment où les Argos tentaient de revenir dans le match au quatrième quart. Une chance que la défense a tenu le fort encore une fois.
On a aussi raté une feinte sur un botté de dégagement quand on était à la ligne de 35 en troisième et 3. À ce sujet, il y a deux façons d’analyser le jeu truqué. On peut tenter notre chance en se disant que si on manque notre coup, la défensive va nous sauver, ou on peut botter et refouler l’adversaire plus loin en se disant qu’il ne réussira pas à traverser notre défensive sur toute cette distance de toute façon.
Si on fait un jeu-surprise, il doit y avoir un élément de surprise, et le moment était bon parce que Toronto n’a pas gardé pas sa défensive sur le terrain, donc on ne s’attendait pas à un jeu truqué en amenant l’unité de retour de botté. On a fait un pari et je suis capable de vivre avec ça, mais le problème c’est que deux joueurs n’ont pas fait leur bloc. Quand Jean-Christophe Beaulieu est arrivé avec le ballon, il s’est fait ramasser par deux joueurs des Argos après deux verges. Pas parce que le jeu n’était pas bien structuré, mais parce que deux joueurs ont raté leurs blocs. Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais l’exécution a fait défaut. Il faut prendre des décisions et vivre avec. Au moins on a lancé le message qu’on est prêt à oser les jeux truqués et ça améliore la protection. L’adversaire a tellement peur de se faire avoir par un jeu truqué qu’il va mettre moins de pression sur le botteur. Tout ça pour dire qu’il ne faut pas continuer à se tirer dans le pied chez les unités.
Prochaine mission : une victoire à Hamilton, où les Als n’ont pas gagné cette année. Les Tiger-Cats sont invaincus dans leur nouveau stade du Tim Hortons Field et ce sera un bon test. Les Alouettes termineront premiers dans l’Est s’ils gagnent ou s’ils méritent l’avantage en bris d’égalité en perdant par sept points ou moins.