Quatre matchs à sens unique
Alouettes lundi, 25 juin 2018. 15:39 samedi, 14 déc. 2024. 04:36La dernière semaine a donné droit à des victoires sans équivoque dans la Ligue canadienne. Les quatre matchs ont été à sens unique. Le Rouge et Noir a tout d’abord été fort convaincant avec un gain de 40 à 17. On a ensuite assisté à une victoire écrasante des Blue Bombers de Winnipeg contre les Alouettes par la marque de 56 à 10, alors que les Tiger-Cats de Hamilton et les Stampeders de Calgary ont eu le meilleur 38-21 et 41-7 devant les Eskimos d’Edmonton et les Argonauts de Toronto.
De toutes ces rencontres, la défaite la plus cuisante a été celle des Alouettes et je ne parle pas uniquement en terme du pointage, mais c’est aussi de la manière dont le match s’est déroulé.
Fidèle à son habitude, mon collègue Pierre Vercheval relève plusieurs statistiques intéressantes concernant ce duel. Je vais pour ma part me concentrer sur les conditions qui étaient réunies autour de cette rencontre alors que tout était propice pour que les Alouettes connaissent un fort match. Si les Alouettes avaient une chance de mettre un terme à leur série de revers initiée le 11 août, c’était bien avec ce match. On avait vu la semaine dernière contre les Lions de la Colombie-Britannique certains points positifs qui étaient porteur d’espoir en vue de ce match d’ouverture local. Au lieu de ça, nous avons eu droit à une défaite gênante et même humiliante.
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Les éléments étaient pourtant réunis pour une belle soirée au Stade Percival-Molson, alors que tout avait été fait en grand. Il y avait un tapis rouge, le soleil était au rendez-vous et il y avait même un rabais sur la bière. Malgré ces facteurs à l’extérieur du terrain, sur celui-ci, il a été question de l’une des pires prestations de l’histoire des Alouettes. Si on espérait nourrir l’espoir en vue du reste de la saison avec ce match, c’est plutôt l’inverse qui s’est produit. Ce n’est cependant que le deuxième match de l’année, alors il ne faut pas partir en peur, mais cette prestation jetait quand même une douche froide sur les partisans.
On souhaitait en 2018 une progression par rapport à la dernière saison avec un peu plus de victoires. Après le match de vendredi, on réalise que ce sera difficile. La formation montréalaise avait devant elle un quart recru et c’est pourquoi on pensait que ce match était à leur portée. Finalement ça n’a pas été le cas.
Les prochains matchs représentent également de grands défis alors que dès cette semaine, les Alouettes seront en Saskatchewan pour y affronter les Roughriders. Ils accueilleront ensuite le Rouge et Noir qui a été fort impressionnant lors de son premier match de la saison. Les Alouettes auront ensuite devant eux les Stampeders de Calgary et les Eskimos d’Edmonton, deux bons tests encore une fois.
Streveler doit recevoir des fleurs
Dans une suite logique avec ce premier point qui a retenu mon attention cette semaine, il a y a la sortie du quart des Bombers Chris Streveler. Si à Montréal on a de la difficulté à trouver un quart no 1, les Bombers ont montré sous leur nez qu’il était possible de trouver un quart qui sortait des rangs universitaires et qui pouvait connaître du succès. Streveler a connu un match inspirant et très impressionnant. Je veux prendre la peine de le souligner, car je ne veux pas que vous pensiez que le résultat découle uniquement d’une mauvaise sortie des Alouettes. Le quart de 23 ans a été très bon. Le coordonnateur à l'attaque, Paul LaPolice, a bâti un plan de match sur mesure pour son protégé. Il étirait la défense horizontalement pour permettre à Streveler de trouver les brèches afin de s’y engouffrer. Il pouvait se débarrasser du ballon rapidement au lieu de le tenir trop longtemps et devoir évaluer une troisième ou une quatrième option. J’ai beaucoup aimé ce plan de match.
Streveler m’a beaucoup impressionné, car il a été capable d’être précis dans ses passes, de courir lorsque c’était le moment et il a joué avec énormément de confiance. Les Bombers ont prouvé qu’il est possible de dénicher de bon quart pour la Ligue canadienne alors qu’ils ont maintenant un très bon réserviste qui fait le travail en l’absence de leur véritable no 1, Matt Nichols. Une telle prestation pourrait éventuellement inspirer les Alouettes dans leur recherche d’un premier quart ou du moins dans les stratégies à employer. Avec certaines lacunes sur le plan de la protection, il peut alors être avantageux d’avoir un quart mobile, comme Streveler, qui peut faire déplacer la protection et ainsi aider le travail de la ligne à l’attaque.
Masoli gagne son point
Un autre quart qui m’a impressionné, dans son cas c’est pour une deuxième semaine consécutive, c’est Jeremiah Masoli avec les Tiger-Cats de Hamilton. Il a donné une fois de plus raison à son entraîneur June Jones de l’avoir préféré à Johnny Manziel pour entamer la saison au poste de partant. Masoli avait gagné le premier round la semaine dernière et plus les semaines avancent, plus il prouve à son entraîneur qu’il a fait le bon choix en lui confiant le ballon.
Il a permis à son attaque de concrétiser 32 premiers jeux, d’accumuler 332 verges par la voie des airs et de lancer trois passes de touché contre une seule interception. Il réussit le tout contre une équipe perçue comme l’une des favorites pour mettre la main sur la Coupe Grey. On a souvent parlé des difficultés des équipes de l’Est contre leurs rivales de l’Ouest, mais Masoli réalise une telle performance à Edmonton de surcroît. Il a notamment mené son attaque à une récolte de 24 points en première demie seulement. On va suivre ce dossier Masoli-Manziel toute la saison, mais pour l’instant, Masoli gagne son point et relègue Manziel au banc.
Le Rouge et Noir répond aux questions
Les Bombers et les Tiger-Cats n’ont pas été les seuls à être convaincants au cours de la dernière fin de semaine, alors que le Rouge et Noir a été dominant et rassurant dans plusieurs facettes.
Tout d’abord, il y avait plusieurs points d’interrogation en début de saison en ce qui concernait la ligne à l’attaque. Cette dernière n’a alloué aucun sac du quart pour permettre à Trevor Harris d’enregistrer 345 verges par la voie des airs. Si le jeu aérien a été efficace, il en allait de même pour le jeu au sol avec une récolte de 114 verges pour une moyenne de 4,6 verges par course. La ligne à l’attaque a bien répondu contre un front défensif qui avait terrorisé la ligne à l’attaque des Argonauts de Toronto la semaine précédente.
Si cette sortie de la ligne à l’attaque est de bon augure, que dire du match de l’unité défensive qui a subi plusieurs changements lors de l’entre-saison. Malgré tout, elle est parvenue à chasser Zach Collaros du match au profit de Brandon Bridge et à limiter l’attaque des Riders à 17 points. Elle a également enregistré trois sacs du quart et quatre revirements au cours du match. L’an dernier, le Rouge et Noir avait seulement provoqué 22 revirements au cours de la campagne et c’était un point que devait modifier Noel Thorpe à son arrivée avec le Rouge et Noir. On voit déjà certains résultats. C’est une équipe qui sera excitante à regarder en raison des jeux explosifs et ce sera le cas pour toute la saison.
L'heure est à la réflexion pour Ricky Ray
Finalement, on a eu des nouvelles encourageantes concernant l’état de santé du quart des Argos Ricky Ray.
Ce dernier a été plaqué alors qu’il se retrouvait dans une position vulnérable. Après avoir encaissé le contact dans son dos, un joueur l’a frappé de face alors qu’il chutait au sol. Il a été pris en souricière et c’est son cou qui a encaissé le plus gros du choc.
On aime jamais voir de telles scènes au football. Ici, cette blessure touche un futur membre du Temple de la renommée. Pour le connaître personnellement, je corrobore à ce qui est dit de lui à travers la ligue alors qu’il est un gentleman.
Cette blessure m’a fait penser à celle qui avait mis un terme à la carrière d’Anthony Calvillo il y a quelques saisons dans un match contre les Roughriders. Lorsque tu joues depuis autant d’années et que tu subis une telle blessure, il va de soi que la retraite est envisagée à un certain point. Il est évident que le meilleur scénario est toujours de quitter avec la Coupe Grey, mais la réalité est telle que c’est rare où un joueur choisit son moment pour quitter. C’est parfois le corps qui l’oblige ou des circonstances extérieures. Ray a décidé de disputer une autre saison après sa conquête de la Coupe Grey et s’il devait se retirer après cette blessure ce n’est pas cette image que je garderais de lui, mais bien toutes ses victoires.
Rien ne laisse entendre pour le moment qu’il accrochera ses crampons, mais de mon point de vue, j’espère qu’il prendra au moins le temps d’y réfléchir, car il n’a plus rien à prouver. Les dernières nouvelles sont encourageantes alors qu’il peut bouger ses extrémités et il aurait été retiré surtout par mesure préventive. Je pense cependant que cette action doit engendrer un processus de réflexion chez lui et sa famille pour la suite de sa carrière.
*Propos recueillis par Maxime Tousignant