MONTRÉAL – Le sport professionnel nous prouve semaine après semaine que les choses changent rapidement dans cet univers et l’exemple des Alouettes de Montréal s’est ajouté à la liste.

Après avoir traversé un creux, qui a finalement mené au congédiement de Tom Higgins malgré une victoire extrêmement rare au BC Place de Vancouver, les Alouettes se retrouvent maintenant dans une position enviable.

En effet, la troupe dirigée par Jim Popp tentera de remporter un troisième match d’affilée avant de profiter d’un congé bénéfique. Advenant un deuxième triomphe en peu de temps contre les Lions jeudi (dès 19h à RDS), les Oiseaux pourraient poursuivre sur leur lancée après leur pause en recevant les Blue Bombers pour ensuite visiter les Roughriders ainsi que le Rouge et Noir.

Tout cela pour dire que les Alouettes (4-5) sont de retour dans la course aux séries et Popp a avoué que l’objectif était de se replacer dans la lutte pour le titre de la division Est menée par Hamilton et Toronto avec des dossiers de 6-3.

Mais avant de s’emballer, les joueurs de l’organisation montréalaise veulent s’imposer devant leurs partisans contre les Lions. En faisant le tour du vestiaire mercredi, on a pu constater que le mot d’ordre était de finir en beauté pour partir au repos avec l’esprit en paix.

« Notre concentration doit se situer uniquement sur cette partie. D’ailleurs, si les joueurs veulent passer du bon temps en congé, ils doivent gagner (jeudi soir) », a répondu Popp en reconnaissant que cette trêve sera salutaire pour ses protégés.

« On veut finir sur une bonne note, c’est très important pour nous », a argué Samuel Giguère qui peut contribuer de différentes manières à l’attaque.

« On a confirmé ce qu’on est capable de faire dernièrement, on veut continuer de le montrer aux partisans et aux autres équipes de la LCF », a évoqué l’étonnant secondeur Kyler Elsworth.

Arceneaux s’assure d’animer la rivalité

Le 20 août dernier, les Alouettes avaient utilisé l’attaque terrestre avec brio pour freiner leur « interminable » séquence d’insuccès au BC Place. Ils ont amassé 251 verges par la course en passant en quelque sorte sur le corps des Lions, des rivaux contre lesquels une intéressante rivalité se développe.

« Quand nous sommes allés à leur domicile l’an dernier, ils nous ont humiliés ! On les a même vus danser sur les lignes de côté. Ça nous a fait du bien de leur rendre la pareille en éliminatoires et, cette année, on voulait prouver qu’on était une bonne équipe, malgré un mauvais début de saison », a reconnu Nicolas Boulay.

Le receveur Emmanuel Arceneaux est venu ajouter de l’huile sur le feu avec des propos acerbes.

« Marsh a pris de la maturité »

« Les Alouettes ne sont pas une bonne équipe, ils ne sont pas talentueux. Je ne respecte personne dans leur camp », a-t-il notamment mentionné il y a quelques jours.

« On ne réagit pas à ça, on ne parle pas d’eux, ça ne change absolument rien. Ils peuvent nous présenter ce qu’ils veulent sur le terrain ou même envoyer 14 joueurs et on va jouer quand même en frappant fort », a exprimé Boulay sans vouloir embarquant dans le jeu.

Si la dimension de l’attaque au sol demeurera au cœur du plan de match (avec Tyrell Sutton comme partant et Brandon Rutley pour l'appuyer), Popp et ses joueurs ne s’attendent guère à un autre total aussi élevé.

Bien sûr, les Lions ont profité de leur semaine de congé pour élaborer de nouvelles stratégies afin de contrecarrer les plans montréalais par la course.

« On s’attend à des tactiques différentes de leur part, mais ça deviendra ensuite une confrontation d’entraîneurs pour savoir qui aura le dessus », a exprimé Popp avec confiance.

L’exécution devra être à son meilleur contre les visiteurs étant donné qu’ils ont pu élaborer leurs stratégies en fonction des faiblesses montréalaises.

« Évidemment, c’est difficile de vaincre une équipe deux fois de suite parce qu’ils vont attaquer toutes les erreurs que nous avons pu faire au dernier match. On devra donc s’assurer de bien se munir contre cette possibilité », a exprimé Mitchell White.

Les Alouettes l’ont répété à plusieurs reprises cette année, l’accent sur la course doit être au rendez-vous pour que le succès survienne. Ça risque d’être encore plus vrai jeudi puisque tout indique que Tanner Marsh agira en tant que quart-arrière partant. Rakeem Cato a dû retraiter en Floride pour une urgence familiale, mais il pourrait être inséré dans la formation – dans un rôle limité – s’il parvient à revenir à temps pour le duel.

Marsh devrait donc entamer un premier match depuis le 8 septembre 2013 et plusieurs amateurs se souviennent de sa prestation spectaculaire du 22 août 2013 contre les Lions au Stade Percival-Molson.

« Tanner a réussi toute une évolution depuis ce match il y a deux ans, il a raffiné son répertoire », a vanté Josh Bourke au sujet de celui qui est moins exubérant que Cato dans un groupe.

Tout de même, ça fait un bail, comme l’expression le veut, si bien que l’approche du coordonnateur offensif Turk Schonert devrait comporter une grande dose de prudence. La beauté de la chose, c’est que Marsh et Cato présentent un profil semblable.

« À mon avis, ils ont plus de similarités que de différences. Ce sont de bons athlètes mobiles et nous n’avons pas besoin de varier notre attaque pour l’un ou l’autre. Leur physique n’est pas identique, mais ils accomplissent des choses comparables », a fait remarquer Popp.

Reconnu par ses coéquipiers comme un bouffon, mais un étudiant sérieux, Marsh est heureux de pouvoir contribuer de nouveau à la suite d’une saison consacrée à l’apprentissage.

La valse des quarts-arrières se poursuit

La situation au poste de quart-arrière pourrait inquiéter une panoplie d’équipes, mais ce n’est rien de nouveau pour les Alouettes. En effet, depuis qu’Anthony Calvillo est tombé au combat le 17 août 2013 contre les Roughriders de la Saskatchewan, les Alouettes ont dû composer avec une multitude d’athlètes à cette position névralgique.

« Nous sommes plus qu’habitués à cette situation, ça dure depuis qu’Anthony a subi une commotion cérébrale. Bien sûr, au début, c’était un choc puisque Calvillo avait occupé ce poste pendant tant d’années. Au moins, les joueurs sont maintenant familiers à cette réalité et ils ont constaté qu’ils peuvent gagner des matchs quand même », a convenu Popp.

Dans l’ensemble, les Alouettes sont parvenus à s’en tirer si bien que les joueurs ne sont pas effrayés par le contexte qui se répète cette année. Après les blessures à Jonathan Crompton et Dan LeFevour ainsi que les occasions accordées à Brandon Bridge et Cato, c’est au tour de Marsch de se faire valoir.

« On est chanceux de très bien s’entendre entre nous tous et ça finit par bien fonctionner. On veut s’entraider et ça paraît sur le terrain. Nous sommes entourés de bons joueurs en attaque et ça aide beaucoup », a proposé Marsh sur les quarts.

En fin stratège, Popp avait remarqué que des correctifs étaient nécessaires pour mieux encadrer les quarts de l’organisation qui n'étaient pas mûrs.

« Ma théorie était que nous devions rebâtir notre groupe de receveurs. Par le passé, on avait misé sur de jeunes quarts et des receveurs peu expérimentés. Ce n’était pas la meilleure combinaison et je trouvais que ça aiderait de miser sur des receveurs plus aguerris », a mentionné Popp.

Marsh, le sympathique pivot de 25 ans, est ravi de cette occasion surtout qu’il connaissait un excellent camp d’entraînement avant de se blesser. Il entend prouver qu’il a gagné en maturité comme ses partenaires l’ont soulevé.

« Quand tu effectues un départ, tu ressens plus d’émotions parce que le sort de l’équipe repose plus sur tes épaules. Par contre, la préparation n’est pas différente », a noté Marsch qui adore pouvoir compter sur les conseils d’Anthony Calvillo.

« Sérieusement, c’est AC, le meilleur quart-arrière du football canadien, c’est toujours bien de pouvoir entendre ses recommandations. C’est normal qu’il ait un mot à dire sur nos tactiques offensives », a conclu Marsh avec respect.