Le moment est venu de vous présenter mon tour d’horizon de la LCF en vue de la saison 2021. 

Examinons d’abord quelques enjeux chez les Alouettes de Montréal. Le camp d’entraînement est terminé et on sera bientôt en mode préparation pour le match d'ouverture, le 14 août, contre Edmonton. Présentement, les gars profitent de quatre jours de congé. Pour les vétérans déjà établis à Montréal, c'est plus calme. Pour les nouveaux joueurs, qui vont s'intégrer au club, ça veut dire que tu cherches un coloc, un appartement, des meubles et que tu dois aller à l'épicerie. À travers tout ça, sans les matchs préparatoires, les gars vont sûrement avoir des séances de conditionnement physique.

La ligne offensive

Évidemment, la première chose que je vais surveiller, c'est la performance de la ligne à l'attaque. On n'est pas encore certain de sa composition. Le premier scénario mise sur quatre Canadiens et un Américain sinon ce sera trois Canadiens et deux Américains. Les Alouettes vont devoir prendre une décision cette semaine car, quand les joueurs reviendront à l'entraînement, ce sera le temps de préparer l’équipe partante. Qui dit changement sur la ligne à l'attaque, ça veut dire qu’il faut apprendre à vivre ensemble et on sait que c’est l’une des unités demandant le plus de cohésion et de communication. 

Ils vont devoir apprendre vite parce que je vous rappellerai que le coordonnateur défensif d’Edmonton est Noel Thorpe. Les partisans des Alouettes le connaissent très bien. Historiquement, il aime beaucoup créer de la pression par des schémas. Quand tu as quatre joueurs étoiles sur la ligne défensive, je dis toujours à la blague que tu n’as pas besoin d’être stratégique, ils vont très souvent gagner les confrontations individuelles. Mais quand tu ajoutes des schémas en impliquant des secondeurs, des demis défensifs et des maraudeurs, ça exige beaucoup de communication et de cohésion. Les Alouettes vont arriver avec une nouvelle ligne à l’attaque et leur premier test sera contre une défensive qui a tendance à mettre de la pression de partout, qui veut te battre avec ses stratégies.  

Une chance que les Alouettes pourront étudier des bandes vidéos des Elks qui auront joué leur premier match. L’élément de surprise sera peut-être moins présent. La meilleure nouvelle dans cette histoire, c’est que Luc Brodeur-Jourdain, l’entraîneur de la ligne offensive, a été le centre de la ligne des Alouettes pendant tant d'années contre les défenses de Thorpe à l’entraînement à Montréal. 

La ligne défensive 

Combien de fois a-t-on entendu le directeur général Danny Maciocia dire qu’il veut voir une ligne défensive qui va provoquer du chaos, qui va dominer l’adversaire et qui va créer des jeux négatifs comme des sacs ou des plaqués pour des pertes? On a encore plus hâte de voir cette unité revampée en action car elle affrontera les Elks. Ce fut le dernier adversaire des Alouettes en 2019 et ce fut le spectacle de Trevor Harris. Dans le fond, le front défensif a une chance de se reprendre et il ne faudrait pas que ça devienne la deuxième partie de son spectacle. C’était un vrai pique-nique, on ne l’avait jamais dérangé. Je suis conscient que Harris va souvent lancer rapidement donc on n’aura pas toujours le temps toujours de se rendre à lui. Mais c'est clair que la ligne défensive sera scrutée attentivement, c'est vraiment la position qu’on veut le plus voir. 

La confiance règne chez les Alouettes

Une ligne défensive, ce n’est pas uniquement les quatre partants. Tu vas en garder au minimum six dans ta formation car une bonne ligne défensive repose aussi dans la qualité de ta rotation. 

La pression peut aussi venir d’une utilisation judicieuse d’un secondeur sur un blitz. En 2019, Patrick Levels avait été efficace dans ce rôle avec cinq sacs. Là, on a Chris Ackie et peut-être Ahmad Thomas au centre. Thomas est un ancien maraudeur qui a peu d’expérience comme secondeur. Sera-t-il capable de blitzer? 

Quand on parle de ligne défensive qui provoque un chaos, inutile de chercher loin. Regardez la dernière coupe Grey. Winnipeg a eu six sacs contre Hamilton, ils ont provoqué des échappés, de la pression, des interceptions. Hamilton s’était rendu en finale après avoir eu 56 sacs, le troisième rang dans la LCF. Ce n’est pas un hasard, voilà un filon important.

Assez de ressources derrière Adams fils? 

Le dernier aspect que j'ai envie de voir et non le moindre, ça concerne la position de quart-arrière. Maciocia a dit qu’il voulait créer de la compétition à tous les postes, un environnement compétitif. C'est correct et encore plus important dans un camp d'entraînement sans match préparatoire. Mais je ne suis pas certain qu'on a réussi à créer suffisamment de compétition à la position de quart-arrière. Ça me laisse un petit peu sur mon appétit. Cela dit, ça se peut qu'à l'interne on soit très contents parce qu’ils ont vu toutes les répétitions. Mais la perception à l'externe, c'est qu’après Vernon Adams fils, je ne suis pas sûr qu'on est en business avec tout le respect que j'ai pour les autres.

Pourquoi je vous en parle? Je veux juste rappeler qu’après sept semaines de jeu dans la saison 2019, il y avait déjà six quarts partants sur neuf qui étaient blessés. Bref, ça te dit que t'as besoin de deux quarts. Celui qui a résisté le plus, c’est Mike Reilly à Vancouver qui a joué 16 matchs. Ensuite, il a subi une facture à un poignet. Jeremiah Masoli a disputé six matchs, Bo Levi Mitchell onze matchs, Matt Nichols neuf matchs, Trevor Harris treize matchs et Zach Collaros un match. Oui, les blessures ont ouvert la porte à de jeunes quarts comme Cody Fajardo, Dane Evans, Nick Arbucke et Adams fils car Antonio Pipkin s’était blessé au premier match.

Ce n’est qu’un petit rappel. Non seulement la ligne à l’attaque devra être efficace et la sélection des jeux aussi. J'aimerais donner un petit avertissement amical à Adams fils : prendre bien soin de lui-même et ne pas être trop téméraire. Oui, je veux un quart courageux, mais quand tu es trop téméraire, tu peux te blesser. Je ne crois pas que les Alouettes peuvent se permettre de perdre leur quart-arrière. 

Hamilton veut l’emporter cette fois

Avant tout, les attentes sont élevées d’autant plus que la Coupe Grey sera présentée à Hamilton.  S'il y a des mots qui ressortent de leur côté, c’est stabilité, continuité et profondeur. Justement, c'est pour ça que dans l'Est, tu ne peux pas mettre une autre équipe au premier rang pour l'instant. C’est sensiblement le même club qui revient et, justement, ils ont deux quarts avec lesquels ils ont gagné des matchs. 

Masoli revient de sa blessure et Evans a été solide en relève sauf en finale.  Malheureusement, il s’est effondré comme le reste de l'équipe. On verra les mêmes systèmes et les mêmes entraîneurs. En 2019, ce fut l’attaque numéro un et la défense numéro un. Ils ont des joueurs d'impact à toutes les positions. C’est une équipe très explosive dans toutes les facettes, elle a terminé au sommet pour les jeux explosifs en attaque et sur les retours des unités spéciales, au troisième rang pour les sacs et au troisième échelon pour les revirements en défense. Les jeux qui changent l'allure d’un match, c'est leur spécialité. 

Le seul point d'interrogation, c’est leur botteur Lirim Hajrullahu qui tente encore sa chance dans la NFL. J’imagine que le mot d'ordre pour eux, c’est compléter le boulot. La finale sera disputée dans leur stade, ça les motivera. 

Reconstruction à Ottawa

On parle de reconstruction pour le Rouge et Noir. Le chantier est pas mal important que de la rénovation. Ottawa avait eu la pire fiche dans la LCF avec 3 victoires 15 défaites incluant une séquence de 11 défaites. Cette organisation avait la pire attaque et la pire défense. Le Rouge et Noir n’a pas trouvé de remplaçant fiable après les départs de Henry Burris et Trevor Harris. Résultat, on tombe avec Dominique Davis, Jonathon Jennings et Will Arndt. Ensemble, ils ont commis 27 interceptions. Bref, aucune production et une attaque anémique qui n'a pas protégé le ballon. Que fait-on quand ça se produit? On change tout. À leur défense, juste avant le camp d'entraînement, ils avaient perdu leur coordonnateur offensif Jaime Elizondo, qui est maintenant rendu entraîneur-chef des Elks. Il avait quitté dans la XFL pour rejoindre Marc Trestman. Tout d’un coup, Winston October, qui était jadis retourneur avec les Alouettes, est passé d’entraîneur des receveurs à sélectionneur des jeux. 

On se tourne vers un spécialiste de l'attaque en Paul LaPolice, il était le coordonnateur offensif des Blue Bombers pour leur championnat. C'est intéressant et il s’en vient avec son vétéran Matt Nichols qui est un gestionnaire de match. Ce n’est pas le gars qui va t’émerveiller avec des passes incroyables, mais il va limiter les erreurs et rester à l'intérieur du système. Ce sera le dicton classique, ‘On ne te demande pas de gagner le match, mais ne le perd pas’. On part de loin et, dans une année de seulement 14 matchs ni calendrier préparatoire, c’est une méchante commande. 

LaPolice est excellent et le coordonnateur défensif Mike Benevides aussi. Bref, les étoiles sont du côté des entraîneurs. Oui, il y a encore quelques joueurs d’impact comme Antoine Pruneau, mais c’est le portrait quand tu regardes le tout froidement. La bonne nouvelle, quand tu finis 3-15, il y a juste une direction dans laquelle tu peux aller.

Toute une amélioration à Toronto

Si on pouvait remettre un trophée à l'équipe la plus améliorée sur papier et la plus talentueuse, je pense qu'on pourrait tout de suite le remettre aux Argonauts. Leur formation, c’est une équipe d’étoiles. Attention, il y a du méchant talent! Mais on sait tous que ça se gagne sur le terrain et non sur papier. Les ingrédients sont là, mais il persiste de petits points d'interrogation à la position quart qui est très importante. On est allés chercher Nick Arbuckle, qui connaissait Ryan Dinwiddie de Calgary, et McLeod Bethel-Thompson est encore là. 

En fin de compte, ce sera de voir si Dinwiddie, un entraîneur recrue, va réussir la recette? 

Pour ceux qui le désirent, vous pouvez vous amuser à regarder leur talent sur le web. Ce fut de loin l’équipe la plus active sur le marché de l’autonomie de la LCF en plus d’ajouter des anciens de la NFL comme Share Ray, un ancien choix de première ronde des Broncos de Denver. On a ajouté du talent canadien comme l’ancien secondeur des Alouettes, Henoc Muamba. 

Ça fait deux saisons de suite avec un dossier de 4-14 pour Toronto dans un marché qui tire de la patte. On va leur souhaiter bonne chance. 

La recette ne change pas à Winnipeg

Si on a appris une chose de 2019 grâce aux Blue Bombers, les champions en titre, c’est que tu as beau avoir beaucoup de stratégie et toutes sortes de jeux truqués ou spectaculaires, un élément ne changera pas : le football est un jeu physique qui se gagne dans les tranchées. Les Bombers sont bâtis ainsi et c'est à l'image de Mike O’Shea, un gars intelligent, intense et très physique. Son club a une ligne à l'attaque solide et c’est la même chose pour la ligne défensive. On l’a vu, ils ont donné toute une volée haut à Hamilton et la majorité des partants sont de retour. 

Mais il y a un gros départ par contre à ne pas sous-estimer, celui de Justin Medlock qui était probablement le meilleur botteur de la LCF.  On a une recrue, un choix de repêchage de l'Université Western, Marc Liegghio. Il était seul au camp et on savait qu’on lui ferait confiance et qu’on lui donnerait toutes les répétitions. Mais oups, faut croire qu'il y avait des points d'interrogation parce que dès que les Alouettes ont remercié Tyler Crapigna, les Bombers sont allés le chercher. Quand on connaît Mike O’Shea et l'importance qu’il accorde aux unités spéciales, ça doit le fatiguer un peu. 

Défensivement, je sais qu'on a perdu trois demis défensifs (deux sont partis et un autre s’est blessé au début du camp), mais leur ligne défensive va faire bien paraître plusieurs demis défensifs. Dans les trois matchs éliminatoires en 2019, cette défense a alloué 14 points, 13 points et 12 points.

Ils ont également perdu LaPolice, leur coordonnateur offensif, qui était très créatif et agressif. Il est remplacé par l’ancien quart Buck Pierce et on doit ajouter la perte du deuxième quart-arrière, Chris Streveler qui est avec les Cards de l'Arizona. Il jouait un rôle avec le jeu au sol. C’était comme si on affrontait deux attaques complètement différentes, ça faisait un méchant casse-tête pour les adversaires. 

De la pression sur Fajardo 

Les attentes vont être élevées du côté des Roughriders. On se souvient qu’en 2019, Zach Collaros a été blessé dès le premier match et il a été sur la touche pour une longue période. L’équipe s’est tournée vers Fajardo qui roulait sa bosse depuis trois ou quatre saisons comme réserviste et on commence la saison 1-3 pour finir 13-5. Fajardo était le joueur par excellence dans l’Ouest grâce à sa double menace pouvant lancer et courir. 

Mais, un peu comme Adams fils à Montréal, il ne sera plus la surprise. On a donc hâte de voir sa progression, il est condamné à avoir de bonnes performances. Je trouve que c'est un peu le même scénario. Les Riders misent sur un nouveau coordonnateur à l'attaque en Jason Maas, on verra si la chimie sera bonne. 

Défensivement, un gros défi se dresse pour le coordonnateur défensif qui a perdu cinq partants de sa défense de 2019. Des gars comme Charleston Hughes, Soloman Elimimian, Cameron Judge et Derrick Moncrief. En plus, ceux qui ont suivi les activités de la LCFL dernièrement, ils ont eu une journée folle quand ils ont perdu quatre joueurs avec des déchirures du tendon d'Achille dans le même entraînement, avant même le début du camp. Là-dessus, il y avait trois gars en défense. Freddie Bishop et Larry Dean devaient remplacer deux de ces partants, mais ils se blessent et la même chose est arrivée à Nelson Lokombo qui était leur premier choix au repêchage. 

Beaucoup de nouveau à Edmonton

Chez les Elks, ce n’est pas compliqué : nouveau nom, nouveau logo, nouvel entraîneur-chef, nouveau groupe d'entraîneurs. Elizondo, si on remonte dans le temps, était entraîneur des receveurs quand Trestman est arrivé à Montréal. Il vient de cette filière et il a déjà travaillé avec Trevor Harris à Ottawa donc il y a quelque chose d'intéressant qui va se passer au niveau de l’attaque, c'est clair. Tu regardes le talent avec Derel Walker, Greg Ellingson, Armanti Edwards, le porteur de ballon James Wilder fils, il y a beaucoup de talent dans ce club. Il ne faut surtout pas les voir comme des négligés.

J’ai hâte de voir leur ligne défensive, ce fut longtemps leur force. Ce n’est pas un hasard que Alouettes soient allés en chercher deux en Almondo Sewell et Nick Usher. Pour l'instant, on regarde même la possibilité de jouer avec deux ailiers défensifs canadiens, ce qui est très rare. On évalue Kwaku Boateng et Mathieu Betts. De mémoire, je ne sais pas si j’ai déjà vu une équipe faire ça. 

La santé de Bo Levi Mitchell inquiète

Ce qui saute aux yeux à Calgary, c'est la santé de Bo Levi Mitchell. En 2019, il a joué seulement 11 matchs, il s’était déchiré un muscle pectoral. Il est revenu en matchs éliminatoires, mais il a subi trois interceptions contre les Bombers. Clairement, il n’était pas prêt. On parle déjà qu’il est ennuyé par une blessure à l’aine qui l'empêche de pratiquer. C'est peut-être la dernière grande vedette dans cette équipe. Au cours des dernières années, les autres équipes sont venues vider leur talent. Depuis 2008, avec l'arrivée de John Hufnagel, c'est la meilleure équipe, la meilleure organisation si bien qu’on a tendance à aller chercher les joueurs autonomes. 

L’équipe sera jeune avec une ligne à l'attaque modifiée, de jeunes joueurs et un quart-arrière qui n’est pas en santé. Parfois, les jeunes commettent des erreurs d'exécution.

Mais, je le répète, c'est l'une des organisations les plus solides et les plus stables. On a un excellent groupe d'entraîneurs mené par Dave Dickenson. Leur groupe de recruteurs trouve toujours de très bons joueurs. Donc oui, à première vue, ils ont l'air vulnérables. Pour une des rares fois, ce serait difficile de dire qu’ils vont finir au premier rang dans l'Ouest. Mais il faut se méfier des Stamps, cette organisation a tellement le tour pour trouver tu talent qu’il ne faut pas les sous-estimer.  

Deux missions pour les Lions

En 2019, les Lions ont conclu l’année avec cinq victoires et treize défaites. Qu'est-ce que ça veut dire? On met tous les entraîneurs à la porte et on embauche Rick Campbell, l’ancien entraîneur-chef du Rouge et Noir. Si on devait résumer ce que les Lions doivent faire en 2021, ce n'est pas compliqué, c'est protéger le quart et attaquer le quart adverse. C'était rendu que j’appelais leur quart-arrière, Mike Reilly, la pinata humaine. Ils ont alloué 58 sacs, le plus haut total. Reilly se faisait tabasser. 

En même temps, j’espère que la sagesse se rendra à Reilly. Souvent, il est lui-même son pire ennemi. Il a tendance à tenir le ballon une seconde de plus pour aller chercher le gros jeu. Il est prêt à se faire frapper pour réussir le jeu. Oui, c'est la mentalité de guerrier, mais ça ne l’aide pas toujours.  Vu qu’il a été blessé, on a hâte de voir comment il va revenir. 

Défensivement, on avait juste un sac de plus que les Alouettes avec 28 contre 27 dans la cave du classement. Si tu n’es pas capable d'attaquer ou imposer de la pression, ce sera difficile. C’est comme ça dans n’importe quel football et encore plus au football canadien. Pour moi, la mission des Lions se résume à ça. 

*Propos recueillis par le RDS.ca