Mes premières impressions à la suite de l’embauche de Mike Sherman par les Aoulettes sont positives. Ce n'est qu'un un premier pas, mais un bon premier pas, alors que la sélection de l’entraîneur-chef n’est qu’une partie d’un grand tout.

J’avais entendu de nombreuses rumeurs concernant de possibles candidats qui allaient prendre la relève à Jacques Chapdelaine et Kavis Reed à la barre de la formation montréalaise et j’étais réticent avec certains noms qui circulaient. Je trouve cependant que la sélection de Sherman par la haute direction est intéressante.

Parmi les points encourageants de cette embauche, on note sa feuille de route bien garnie. On voit que c’est un homme qui a beaucoup d’expérience. Il a été l’entraîneur-chef de gros programmes américains, dont les Packers de Green Bay dans la NFL et Texas A&M dans la NCAA.

C’est un homme qui sera en mesure d’avoir une bonne influence sur le groupe et qui est confortable dans cette position. Comme le démontre son curriculum vitae, c’est un entraîneur qui s’y connaît en attaque, alors qu’il a été coordonnateur offensif pour les Texans de Houston et les Dolphins de Miami. Il dispose également d’un grand réseau aux États-Unis ce qui est non-négligeable.

Je suis cependant curieux de savoir pourquoi Sherman a entraîné dans les rangs secondaires au cours des deux dernières saisons. Est-ce un choix ou un manque d’offre? On sait qu’il avait une maison à Cape Cod, alors il a peut-être simplement décidé d’entraîner à cet endroit pour le plaisir et redonner un peu de ce qu’il a reçu. Si c’est cette approche, je suis tout à fait en accord avec son choix. Il semblait d’ailleurs un homme proche de sa famille et ça veut dire qu’il n’est pas uniquement un entraîneur de football, mais un humain complet. C’est non-négligeable, car s'il souhaite soutirer le meilleur de ses joueurs, il faut être un homme avant un entraîneur. Je pense qu’il a cette empathie et ce désir de vouloir comprendre ses joueurs, ce qui est parfois oublié lorsque vient le temps d’évaluer la candidature d’un entraîneur.

Tous ces éléments semblent à première vue très positifs pour les Alouettes, alors qu’il va pouvoir donner un coup de main à Kavis Reed en ce qui concerne les contacts au sud de la frontière. L’un des problèmes des Alouettes la saison dernière, c’était le manque de talent. Pour en dénicher, il faut avoir un bon réseau de contacts, connaître les différents systèmes, les compagnies de dépistage et les entraîneurs, afin de pouvoir cibler des joueurs en particulier.

Le réseau de contacts de Sherman aux États-Unis devient intéressant, car les joueurs américains n’ont pas connu les succès anticipés récemment avec l’équipe. Quand on regarde les équipes qui connaissent du succès chaque année, on a les Stampeders de Calgary qui dénichent toujours un joueur qui parvient à se démarquer sur leur équipe d’entraînement. Même chose chez les Lions de la Colombie-Britannique alors qu’ils semblent toujours mettre la main sur un ailier défensif américain dominant. L’an passé, les Alouettes ont opté pour le marché des joueurs autonomes parce que Reed n’avait pas les contacts en place pour faire autrement. Maintenant qu’il en est à sa deuxième année, il a très certainement garni son calepin et amélioré ce dernier. L’aide de Sherman pourra permettre de mettre la main sur des joueurs de première année qui ne sont généralement pas payés cher.

Par contre, malgré sa feuille de route bien garnie aux États-Unis, son manque d’expérience dans la Ligue canadienne peut très certainement peser lorsque vient le temps d’évaluer les possibles lacunes de la nomination du nouveau pilote des Alouettes. Sur ce plan, je l’ai dit et je vais le répéter : c’est un pile ou face. Il y a des entraîneurs dans sa situation qui ont réussi à venir ici, à démontrer suffisamment d’humilité et de capacité d’adaptation pour réussir à faire la transition. Le meilleur exemple est Marc Trestman. Dès sa première année à la tête des Alouettes, son attaque fonctionnait à plein régime alors qu’il a su tirer avantage des règlements de la LCF, comme la largeur du terrain et les receveurs en mouvement. Le premier contact qu’il a laissé, on ne se le cachera pas, était plus impressionnant que celui qu’avait eu Dan Hawkins, alors que lui non plus, n’avait pas d’expérience dans la Ligue canadienne.

« Une très très belle prise »

Autre aspect qui peut jouer des tours à Sherman, c’est que son réseau d’entraîneurs au Canada est aussi limité. Il y aura des entraîneurs qui lui seront suggérés qu’il ne connaît pas vraiment. Je trouvais intéressant que lui-même souhaite amener de ses gars, donc ce sera un mélange entre les hommes avec qui il est à l’aise de travailler et les propositions de Kavis Reed en la matière.

Je ne sais pas s’il est aux faits de toute la situation actuelle des Alouettes, alors qu’il semble y avoir eu une certaine rupture avec les partisans avec les récents insuccès de l’équipe, mais il va l’apprendre. Il lui reste à choisir son groupe d’entraîneurs qui va l’épauler. Après, il faut amener des joueurs de talent. Les Alouettes connaissaient des difficultés pas seulement en raison de l’entraîneur, mais également du manque de talent. Si tu perds tes matchs par une moyenne de 25 points, c’est clair qu’il y a un ensemble de facteurs et de points à redresser.

*Propos recueillis par Maxime Tousignant

Les Alouettes embauchent Mike Sherman
Mike Sherman se présente aux médias de Montréal