MONTRÉAL – Alors que la pression était déjà élevée au sein de l’organisation, un autre épisode déplorable est survenu, mardi, à l’entraînement des Alouettes, alors que Rakeem Cato a été impliqué dans une deuxième dispute en deux semaines avec Kenny Stafford et Duron Carter.

Si Cato avait eu une imposante prise de bec avec Carter la semaine dernière, cette fois, le tout a démarré avec Stafford qui a critiqué le quart-arrière numéro un de l’équipe.

Exaspéré de se faire narguer comme l’autre fois, Cato a de nouveau perdu son sang-froid. Il a invectivé Stafford pendant de longs instants. Lorsque Stafford s’est approché pour lui parler, Cato a réagi en le bousculant avec son torse.

Par la suite, Martin Bédard a fait signe à Jim Popp que Cato réagissait de manière disproportionnée sans que le directeur général et entraîneur-chef ne réagisse vraiment.

Ce n’était pas tout. Carter est venu ajouter de l’huile sur le feu et Cato n’a pas apprécié ses propos. Quelques secondes plus tard, Cato a lancé un coup de poing près de l’épaule de Carter sans que les choses ne dégénèrent, heureusement.

Finalement, l’entraîneur Kavis Reed est venu chercher Cato pour l’amener faire le tour du terrain et l’éloigner des médias. En furie, Cato en a profité pour exprimer son mécontentement à des vétérans de la défense. Le quart-arrière a été escorté à l’extérieur du terrain et il est venu s’adresser aux journalistes plusieurs minutes après.

Sans vouloir révéler les détails, Cato n’a pas accepté que Stafford et Carter lui manquent de respect à nouveau.

« C'est une question de respect »

« Je ne veux pas en parler, c’est juste une histoire de respect. Je veux être respecté comme un homme, je veux être traité ainsi », a commenté Cato avec émotion.

« C’est la seule chose que je demande. Je ne manque jamais de respect envers les autres, mais je dois aussi être respecté. Quand ce n’est pas le cas, tu ne verras pas le bon côté de ma personnalité », a-t-il exprimé.

Il a été possible de confirmer que Cato a été insulté par des commentaires sur son éducation et son enfance dans un milieu très défavorisé.

Pourtant, devant la presse, Carter et Stafford ont maintenu qu’il ne s’agissait que de discussion de football.

« C’était simplement deux personnes qui communiquaient, on parlait juste de football. Ce serait différent si on avait une fiche de 8-3 », a raconté Stafford.

Carter a tout de même critiqué la manière de réagir de Cato.

« Je ne sais pas, il agit comme ça. C’est notre quart, on doit gagner avec lui et le supporter », a mentionné le receveur qui est reconnu pour semer la zizanie.

« On peut régler des choses aujourd’hui, mais qui sait comment il se sentira demain », a-t-il ajouté quand il a été invité à discuter avec Cato pour effacer cette confrontation.

Du côté des dirigeants, la prudence était de mise. Logiquement, ils voulaient en apprendre davantage sur les détails de l’incident avant de trop s’aventurer dans leurs commentaires.

« C’est la suite de la semaine dernière, la tension est haute avec notre fiche, tout le monde veut gagner et il y a beaucoup de pression », a interprété Popp, qui ne voulait pas se ranger dans un camp.

Pour Anthony Calvillo, le coordonnateur offensif, cet affrontement n’était pas le bienvenu.

« Quand c’est arrivé la semaine dernière, j’ai dit qu’il y a des débordements sains et d’autres non. Cette fois, c’est probablement sur la limite du négatif », a admis Calvillo, qui contrôlait mieux ses émotions.

Le facteur récurrent concerne Carter, qui peine à s’éloigner de la controverse et c’était également le cas lors de son premier séjour avec les Alouettes. Malgré son talent, il faut se demander où la limite sera tracée dans son cas.

« Duron est très flamboyant et intelligent. Il y a des gens qui approuvent ou désapprouvent comment il se comporte. Je peux dire qu’on en parle dans l’organisation et on a abordé le sujet dans plusieurs rencontres. Il fait partie de l’équipe, c’est l’un de nos joueurs », a réagi Popp, qui a souvent protégé son talentueux et contesté receveur.

Quant aux coéquipiers de Cato, Stafford et Carter, ils semblaient épuisés de ces histoires. Alors que Samuel Giguère a préféré ne pas aborder le sujet, John Bowman a expliqué pourquoi il a pris le temps de calmer le jeune quart de 24 ans.

« Je lui ai dit qu’on ne doit pas leur donner plus de choses négatives sur lesquelles écrire », a expliqué Bowman.

Tout est dans la manière de réagir

Certes, Cato pouvait bien être frustré s’il a été attaqué sur sa vie personnelle, mais il n’a pas bien paru en perdant son sang-froid pour la deuxième fois en moins de dix jours.

« Carter n'est jamais loin des problèmes »

Tout de même, Cato demeurait persuadé que c’était la bonne façon de réagir.

« Clairement! Assez, c’est assez. Tu ne peux pas accepter ça. Comme quart-arrière et même comme humain, tu ne peux pas endurer de te faire piquer, piquer et piquer constamment. Éventuellement, le chien va te mordre si tu ne fais rien », a imagé Cato, qui veut protéger son territoire.

Aux yeux de Carter, le comportement de Cato n’était pas un signe de leadership.

« Je présume que non », a-t-il jugé après un long silence pour retenir ses pensées. « Quand tu as une fiche de 3-8, c’est ce qui arrive, c’est une période émotive. »

La fin du chapitre de Kevin Glenn

La dispute entre Cato et ses deux receveurs a relégué la transaction de Kevin Glenn en arrière-plan. Si Popp a déjà commenté le dossier lundi, quelques joueurs n’ont pas caché que c’était difficile de voir partir le vétéran de 37 ans.

Kevin Glenn tourne la page

« Je m’entendais bien avec lui, il exerçait une bonne présence de meneur dans l’équipe, c’est certain que j’étais déçu de le voir partir, mais il faut avoir confiance en les personnes qui sont en place », a confié Giguère.

En échangeant Glenn, les Alouettes veulent donner un coup de barre à l’attaque qui tourne en rond. La décision a souvent été interprétée comme une manière de renoncer à la saison 2016 pour préparer la suivante. Luc Brodeur-Jourdain refuse cette théorie.

« Je ne vois pas pourquoi c’est perçu comme ça, il avait déjà perdu son rôle de partant avant d’être échangé. C’est dommage de le perdre parce que c’est une bonne valeur de pouvoir miser sur un quart vétéran dans une équipe, mais nos dirigeants avaient déjà choisi de lui retirer le poste de quart numéro un », a conclu le joueur de ligne offensive.

À propos de la ligne offensive, les entraîneurs ont opté pour amorcer la semaine d’entraînement avec l’unité qui a joué la majeure partie de la saison ensemble. Les changements s’annoncent donc rares en attaque et en défense pour la prochaine partie, vendredi, à Hamilton (dès 19 h à RDS).

« Ça arrive lorsque tu es 3-8 »
Jim Popp a-t-il trop de pouvoir?