Les Alouettes de Montréal sont passés près d’une remontée dimanche, mais ils ont finalement baissé pavillon 34-29 face aux Roughriders de la Saskatchewan.

On a au moins eu un match divertissant. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu des jeux comme ça; des jeux truqués, des touchés sur les unités spéciales et des revirements. Ça faisait longtemps que les partisans n’avaient pas non plus eu droit à un spectacle de leur équipe, et à domicile surtout.

Le pointage était serré à la fin, mais quand on regarde les statistiques, on se rend compte que le match ne l’était pas tant que ça.

Roughriders 34 - Alouettes 29

Quand on analyse froidement les statistiques, on voit que ç'a été à sens unique pour les Roughriders bien que les Alouettes n’aient pas été victimes de revirement, qu’ils ont réussi un touché sur les unités spéciales et quelques gros jeux. C’est justement ce qui a fait en sorte que le pointage a été plus chaud que prévu en bout de ligne. Il n’y a pas grand-chose d’autre qui a fonctionné pour les Als. D’ailleurs, en attaque, les Moineaux ont marqué 29 points (le plus haut total cette année), ce qui est intéressant, mais ce qui est déconcertant, c’est qu’il y a eu seulement 38 jeux offensifs comparativement à 69 pour les Riders. Tu ne peux pas faire grand-chose en 38 jeux. Et le pire, c’est que quand j’enlève les trois plus gros jeux (la passe de touché de 47 verges, la passe de touché de 24 verges de Manziel et la course de 25 verges de Manziel), ça totalise 96 verges, soit 51 % de la production offensive des Alouettes. Ça laisse 91 verges réparties sur les 35 autres jeux, soit 2,6 verges par jeu, et ce n’est clairement pas suffisant. C’est pour ça que je dis que le pointage était serré, mais que selon l’allure du match au niveau des statistiques, les Montréalais n’étaient pas dans le coup.

On n’a pas produit en premier essai, sauf un petit peu en début de match, mais sur les 15 situations en deuxième essai, il y en a eu 10 de sept verges et plus, ce qu’on considère un deuxième et long. Un deuxième et long, c’est le pire scénario pour une attaque, et les Alouettes ont converti seulement 30 % de ces 10 essais-là.

Johnny Manziel a été 9-en-16, pour 138 verges et deux touchés : 138 verges, ça ressemble à des statistiques qu’un quart-arrière pourrait cumuler en une seule demie, et même en un seul quart quand on pense aux belles années d’Anthony Calvillo. Voilà qui était anémique. Dans le fond, il a tenté 26 passes si on considère les cinq sacs du quart dont il a été victime et ses cinq courses improvisées. La majorité de ces courses sont survenues parce qu’il y avait de la pression et qu’il devait s’échapper et improviser. On ne peut pas parler d’une grosse production…

Au niveau des courses, si j’enlève les cinq de Manziel, les trois d’Antonio Pipkin sur des faufilades du quart et la tentative de balayage rapide à Eugene Willis, il reste seulement huit courses avec le porteur de ballon William Stanback. Il y a donc eu seulement huit vrais jeux au sol sélectionnés dans un match, et encore une fois, on n’était pas nécessairement dans du gros football de rattrapage alors je me l’explique mal. C’était un peu le jour de la marmotte, c’est un sujet qui revient constamment depuis le début de la saison.

Quand on ne maîtrise pas la base

Je dis toujours que le football, c’est un jeu de stratégies, mais tous les jeux au football commencent d’abord par un bloc. Si tu n’es pas capable de bloquer, ton jeu commence mal. On n’a pas été capable de bloquer hier alors que c’est un aspect fondamental en attaque. La ligne à l’attaque a eu des ennuis avec cinq sacs, ce qui totalise pas moins de 22 sacs en quatre matchs. C’est sûr qu’il y a eu des blessures et l’entraîneur a dit qu’ils ont eu des problèmes, ce qui n’a pas aidé. Aussi, les Riders ont une super ligne défensive et il faut leur donner crédit, ils donnent des ennuis à bien des lignes à l’attaque d’autres équipes. Mais ce que j’ai trouvé particulier, c’est que quand le bloqueur à gauche Tony Washington s’est blessé, on a dû faire trois permutations : Luc Brodeur-Jourdain est entré comme centre, Kristian Matte est devenu garde et le garde Philip Blake est lui devenu bloqueur à gauche. On avait pourtant un troisième bloqueur en uniforme en Na’Ty Rodgers. Pourquoi l’habiller si ce n’est pas pour le faire participer? Pourquoi préférer effectuer trois changements sur ta ligne pour remplacer un seul homme? Est-ce parce qu’on croit qu’il n’est pas assez bon? S’il n’est pas assez bon, qu’est-ce qu’il fait là, pourquoi est-il habillé? Est-ce parce qu’on ne fait pas confiance au jeune? C’est un peu frustrant, ça n’a aucun sens.

C’est drôle à dire, mais même si on a marqué notre plus haut total de points de la saison, au niveau statistique, c’était l’une des attaques les plus anémiques qu’on a vues. Plus ça va, plus on s’aperçoit qu’en raison des problèmes de la ligne à l’attaque et dans le groupe de receveurs, les entraîneurs sont condamnés à coacher plus que jamais. Ils vont devoir générer des verges en étant super stratégiques. Le principe au football, c’est que si tu es plus gros, plus vite et plus fort que l’adversaire, tu n’as pas besoin d’être stratégique grâce à ton talent. Mais les Als sont ni plus gros, ni plus vites, ni plus forts, ni plus talentueux. C’est pour ça que je dis que les entraîneurs doivent coacher comme jamais. Quand je repense à hier, le plus gros jeu était un jeu truqué. Ç’a été super bien exécuté et super le fun, et ç’a fonctionné, mais je pense qu’on est rendu là. On n’est pas assez bons, pas assez constants et pas assez talentueux pour s’aligner et simplement faire des jeux qu’on pourrait qualifier d’ordinaires. D’ailleurs, deux de nos plus gros jeux dans les deux derniers matchs étaient truqués, l’autre ayant été complété à Winnipeg. Deux autres gros jeux sont survenus sur des pénalités d’obstruction. En première demie, il y a eu 56 verges de pénalités d’obstruction contre la Saskatchewan. C’est rendu comme ça qu’on génère nos verges en attaque... on a du travail à faire.

Un manque en défense également

Si je disais qu’en attaque, l’un des essentiels est de bloquer, en défense, c’est de plaquer. C’est également un problème qu’ont les Alouettes. Ce n’est jamais une bonne recette au football quand tu n’es pas capable de bloquer ni de plaquer, tu ne gagneras jamais une partie. Même au Super Bowl, ce sont souvent les blocs et les plaqués ratés qui vont faire toute la différence. À ce niveau, ç’a été un des pires matchs de la saison. Il y en a eu quelques-uns en début d’année, mais dimanche, c’était pire que jamais.

Ça fait trois matchs de suite que les Alouettes sont dans le coup avec environ 5 minutes à écouler mais qu’ils sont incapables de fermer les livres parce que la défense n’est notamment pas capable de faire le gros jeu quand ça compte. Contre Vancouver, on perdait seulement 16-14 avant de s’incliner 32-14. Contre Winnipeg, on tirait de l’arrière 21-14 et on a finalement perdu 31-14. Hier, on perdait juste 31-29, mais encore là, on n’a pas été capable de faire quoi que ce soit. Dans les trois dernières minutes de la première demie, alors qu’on menait 17-13, la défense a alloué 11 points consécutifs (un touché, une transformation de deux points et un botté de précision). Ça change toute la dynamique puisque l’équipe rentre au vestiaire pas mal plus affectée.

Je sais que l’attaque aussi doit faire son boulot, mais hier, lors des deux dernières séquences offensives des Alouettes, ceux-ci se contentés de deux jeux qui se sont conclus avec deux bottés de dégagement. Pendant ce temps, à leurs deux dernières séquences, les Riders ont brûlé plus de sept minutes au chrono. Ils ont réalisé une séquence de 10 jeux pour 66 verges et un botté de précision en 4 minutes 16, puis une autre de 9 jeux et 38 verges en 3 minutes pour écouler les dernières secondes au cadran. Ils ont eu le ballon 11 minutes sur 15 au dernier quart. Les Alouettes étaient encore dans le coup au pointage, mais l’attaque n’a pas été en mesure de profiter de ses chances alors que la défense n’a pas été capable de quitter le terrain et de redonner le ballon à l’attaque. Ç’a donné le résultat qu’on connaît.

Au moins on a assisté à un spectacle, mais on est rendu dans les victoires morales avec quatre matchs à faire.

Propos recueillis par le RDS.ca