MONTRÉAL – À la suite de la défaite de lundi, Jacques Chapdelaine a levé le voile sur un problème qui mine le rendement de sa nouvelle équipe et - contrairement aux habitudes de la métropole - il a lancé, sans tarder, le chantier visant à réparer ce vice.

L’entraîneur-chef l’admet d’emblée, cette situation ne se réglera pas du jour au lendemain.

« C’est vrai, mais si tu ne t’y attardes pas, ça ne se corrigera pas non plus. On veut faire comprendre aux joueurs que, même si on a une fiche de 4-10 ou 10-4, toutes les choses qui se produisent dans une partie doivent être acceptées d’une manière plus positive. Parce que ça nous empêche d’évoluer dans la direction qu’on souhaite », a témoigné Chapdelaine, mercredi après-midi.  

« Il faut adresser ce problème, sévir et intervenir quand c’est le temps », a-t-il ajouté sur le même souffle.

Les premières sanctions n’ont pas encore été imposées, mais l’entraîneur recrue n’a pas l’intention d’être très clément d’ici la fin du calendrier.  

« Ma philosophie c’est qu’il faut en parler avant d’agir. Maintenant, les joueurs connaissent nos attentes et nos lignes de conduite. Si on doit sévir ou régler des choses, on le fera quand ça arrivera », a exprimé l’homme de 55 ans qui doit faire partir quelques faux plis datant de ses prédécesseurs.

Ce qui déçoit le plus Chapdelaine, c’est que certains joueurs se laissent envahir par le négativisme lorsque les résultats ne sont pas probants sur le terrain.

« Dans n’importe quelle équipe, quand les choses ne vont pas bien, il va y avoir des réactions. Que ce soit à Montréal ou ailleurs, c’était le cas. Mais les réactions doivent nous aider à aller vers l’avant. On doit comprendre comment réagir pour continuer de grandir. »

Évidemment, la grande question demeure d’identifier ces joueurs qui entraînent l’équipe vers le bas. Dans sa position précédente d’entraîneur des receveurs et conseiller du coordonnateur offensif, Chapdelaine avait déjà une idée de l’identité de ceux-ci, mais elle s’est éclaircie avec sa récente promotion.  

« Il y a beaucoup plus de joueurs qui ne baisseront pas les bras. C’est important que ces joueurs aient une plate-forme sur laquelle ils peuvent continuer d’évoluer. Leur contribution est appréciée et recherchée. Mais c’est aussi mon rôle de cerner les joueurs qui tombent dans un déclin négatif et qu’on puisse diminuer leur impact sur l’équipe », a-t-il admis.

« Les joueurs connaissent les attentes »

Jim Popp, qui a dû céder sa place à Chapdelaine, se fait plus discret dans l’entourage de l’équipe. Ça n’empêche pas que le directeur général a déjà discuté du contexte avec l’entraîneur.

« Oui et avec les joueurs aussi, ce qui est le plus important. Il faut parfois juste leur donner un répit, un souffle, un break face à l’affront que le joueur peut ressentir face aux difficultés dans la partie », a indiqué Chapdelaine.

En jetant un coup d’œil au calendrier, la réflexion logique serait de se dire que ça risque justement de se gâter pour les Alouettes quand ils croiseront le fer avec les Stampeders de Calgary qui ont gagné 12 matchs de suite.

D’un autre côté, une performance honorable contre les Stamps ou même une victoire pourrait galvaniser les troupes.

« Tous les matchs peuvent nous aider de ce côté, pas juste celui-ci. Après le match, on reste à Calgary et on enchaîne dans un endroit jamais facile (le domicile des Roughriders). Si on aborde ce défi de la bonne manière, ce voyage peut nous procurer un côté très, très positif », a reconnu l’ancien receveur.

« Les gars veulent se reprendre »

En ayant passé les onze premières saisons de sa carrière à Calgary, Nik Lewis ne pourrait guère être mieux placé pour mesurer l’efficacité des Stampeders et de leur entraîneur Dave Dickenson. Lewis est loin d’être surpris de voir son ancien quart-arrière connaître autant de succès.

« Pas du tout ! Quand je pense aux personnes que je respecte le plus dans ce sport, lui et John Hufnagel (le président, directeur général et ancien entraîneur) se situent au haut de la pyramide. Ils sont de bonnes personnes, ils savent comment soutirer le meilleur de leurs joueurs et comment bâtir une équipe », a vanté Lewis.  

« À première vue, ils n’ont peut-être pas regroupé l’équipe la plus athlétique, mais ce sont les joueurs qui travaillent le mieux ensemble », a ajouté Lewis en qualifiant le centre-arrière Rob Cote de joueur le plus sous-estimé de la LCF et en louangeant l’absence d’égoïsme dans ce club.  

C’est simple, personne ne peut contredire qu’ils forment la référence du circuit canadien en 2016. Malgré leurs déboires qui perdurent pour une quatrième saison, les Alouettes veulent se mesurer aux Stampeders qui sont l’étalon de mesure dans la LCF.

« On sait qu’on affronte toute une équipe, mais on veut affronter les meilleurs. Ils ont beaucoup de munitions, mais on ne craint pas les défis. Les gars veulent se reprendre pour des occasions manquées », a pointé Thorpe.

Ce sentiment est partagé par Lewis qui carbure à l’énergie des grands moments.

« Personne ne se soucie d’une victoire contre une équipe qui ne peut pas gagner ou qui est dépourvue de très bons joueurs. Je veux affronter les meilleurs et être reconnu pour mon rendement contre eux. L’an passé, on les avait dans les câbles, mais on a commis des erreurs pour finalement perdre le match (25-22) », a souligné Lewis.

Cette volonté est positive, mais les hommes de Dickenson n’ont pas trébuché une seule fois à la maison cette saison en sept matchs (7-0). Bref, ça prendrait toute une surprise pour les Alouettes parviennent à faire tomber leurs adversaires en bas de leur cheval.

« Quand on se retrouve dans une courte semaine, on se fie sur ce qu’on maîtrise déjà. Parfois, ça peut unir une équipe puisque ça devient : laissons nos athlètes être meilleurs que les vôtres », a exposé Lewis.

Ce défi, il devra être relevé notamment par le quart-arrière Rakeem Cato qui cherche encore la constance à 24 ans. En vue de cet apprentissage, Chapdelaine a décidé de laisser dans la mêlée contre les Eskimos.

« Je veux toujours continuer de jouer pour me battre avec mes coéquipiers. Je ne trouve pas que j’ai mal joué, ça arrive de commettre des interceptions, tous les quarts le font à l’occasion. Malgré les embûches de la saison, je regarde toujours vers l’avant », a mentionné Cato qui a apprécié la patience de son entraîneur.

En somme, une seule avenue pourrait faire dérailler les Stampeders et mener le camp montréalais à une victoire plus que surprenante.

« Comme Sam (Giguère) vient de le dire : on devra être les meilleurs Alouettes qu’on peut être », a conclu Winston Venable en reprenant la formule utilisée par Giguère lors du rassemblement d’équipe après l’entraînement.