Le revers de 29-15 des Alouettes face aux Tiger-Cats d’Hamilton samedi a de quoi décevoir. Non seulement ont-ils loupé une opportunité en or de conclure la saison au premier rang dans l’Est, ils doivent de plus faire leur deuil d’une semaine de congé.

Or, ce qui a de plus décevant pour les Montréalais, c’est que malgré l’enjeu important de ce dernier duel du calendrier régulier, ils ont offert une performance au goût pour le moins amer.

Se battant pour leur survie et une place en éliminatoires, les Ticats, eux, n’ont pas laissé filer la victoire. Après avoir signé six gains consécutifs et sécurisé leur place en éliminatoires, les Alouettes étaient pour leur part un peu plus gras dur.

Clairement, ce match, les Tiger-Cats le voulaient davantage,

La bonne nouvelle,  et il ne faut pas la perdre de vue, c’est que les Alouettes ont toujours leur billet pour les éliminatoires.

Comme l’a si bien dit l’entraîneur-chef Tom Higgins au terme de la défaite, si les Alouettes devaient en perdre une, aussi bien que ce soit celle-là. Car à compter de maintenant, les Oiseaux devront remporter tous leurs prochains matchs dans l’espoir de soulever la coupe Grey le 30 novembre prochain à Vancouver.

C’est donc une bonne dose d’humilité qui vient d’être injectée aux Alouettes. Récemment, on sentait ces derniers très confiants, mais on commençait à entendre certains commentaires, notamment qu’ils peuvent se rendre à la Coupe Grey.

Ce retour à réalité n’a donc rien de mauvais. Au contraire, il arrive au bon moment pour les Alouettes. Peu importe l’adversaire qui se présentera devant eux, ils devront déployer un meilleur effort. Car maintenant qu’ils sont invités à la danse, ils ont au moins une chance de repartir avec la plus belle du bal.

Être plus allumé

Pour ce faire, les unités spéciales des Alouettes devront se ressaisir, elles qui ont connu des ennuis majeurs dans un quatrième match de suite. Pour la deuxième fois en autant de semaines, James Rodgers a mal jugé la trajectoire du ballon sur un botté de dégagement, ce qui a mené à un autre échappé.

Chris Rainey a pris la relève après une blessure à Rodgers, mais ce ne fut guère plus sécuritaire sur les retours de botté. À un point tel que le receveur Duron Carter a dû s’acquitter de la tâche en fin de rencontre.

Après avoir perdu les services de Tyrell Sutton, il ne restait plus que Rainey comme porteur de ballon. L’équipe voulait peut-être s’assurer de ne pas le perdre lui aussi en lui préférant Carter comme retourneur, mais j’ai aussi l’impression qu’on n’avait pas tellement confiance en lui.

Les ennuis de la troupe de Tom Higgins sur les retours de botté de dégagement ne se sont pas arrêtés là. Les Alouettes sont en effet passés bien près de permettre aux Tiger-Cats d’en récupérer deux grâce à deux joueurs en jeu, c’est-à-dire qu’ils étaient derrière leur botteur au moment du botté et avaient donc le feu vert pour saisir le ballon sans devoir accorder l’immunité.

Sur le premier de ceux-ci, les Tiger-Cats ont touché au ballon et ont eu la chance de le récupérer, mais heureusement pour eux, les Alouettes ont sauvé la mise. Les Montréalais n’ont toutefois pu éviter le pire une deuxième fois.

Se faire surprendre une fois c’est peut-être acceptable dans les circonstances, mais à deux reprises c’est inconcevable.

Le patron de jeu était pourtant bien clair. Deux joueurs des Tiger-Cats s’alignaient derrière le botteur du côté large du terrain. Les lumières rouges doivent alors s’allumer instantanément. Je suis convaincu que les entraîneurs des Alouettes ont évoqué ces possibilités de jeu, surtout avec la température qu’on annonçait (vent et pluie), mais il faut croire que le message n’a pas passé. L’exécution n’était pas au rendez-vous. On ne peut se contenter d’attendre les joueurs. Il importe d’être combattif et réaliser les blocs.

Un rendement bien décevant quand on se rappelle qu’une semaine plus tôt, le botteur des Argonauts de Toronto Swayze Waters était parvenu à récupérer son propre botté. Les retourneurs montréalais se doivent d’être plus allumés, alors que les autres joueurs à leurs côtés doivent être conscients des scénarios probables selon les formations présentées par l’adversaire.

Se tirer dans le pied

La défaite des Alouettes ne se résume pas seulement aux ratés des unités spéciales. La protection du ballon a en effet été déficiente. La recette gagnante de cette équipe est pourtant bien simple : le brio de la défense, jumelé à une attaque qui ne se tire pas dans le pied et qui en fait juste assez. C’est de cette façon que les Montréalais ont arraché la victoire dans plusieurs duels chaudement disputés.

Si l’offensive se met à cafouiller, la situation se complique drôlement pour les Alouettes. On ne peut demander à l’unité défensive d’inscrire tous les points. Oui, elle marquera un touché à l’occasion, mais inutile de fantasmer davantage.

Il importe avant tout de s’attarder à l’échappé du quart-arrière Jonathan Crompton sur une passe à l’intention de Rainey.

Ceux qui regardent les matchs des Alouettes régulièrement ont sans doute remarqué la même chose que moi. Dans les premiers instants d’un match et souvent même jusqu’à la fin de la première demie, Crompton semble éprouvé toutes les misères du monde à compléter une passe passe piège dans le flanc. Il manque de doigté. Je ne sais pas s’il est trop gonflé à bloc et veut trop bien faire en début de match, mais tout cela semble très ardu pour lui et ce le fut encore samedi.

Tout d’abord, les Alouettes n’auraient peut-être pas dû opter pour un jeu semblable à leur ligne de huit. Trop vive dans un premier temps, la passe de Crompton était de plus derrière Rainey. Si le porteur de ballon des Alouettes ne pouvait donc capter aisément le ballon, il a cependant fait preuve de nonchalance en ne réalisant pas qu’une passe derrière constitue un échappé. Il se devait à tout le moins de tenter de le recouvrer. Résultat : touché Hamilton.

Et dire que ce jeu était voué à l’échec dès la remise du ballon…

Même si Crompton avait effectué une passe parfaite dans les mains de Renney, deux joueurs des Tiger-Cats, laissés sans couvreurs, s’amenaient alors comme des missiles en direction de Rainey. Bref, une mauvaise sélection de jeu, suivie d’une mauvaise lecture du quart-arrière, d’une mauvaise exécution et d’un manque de concentration coûteux.

Dans des circonstances semblables en septembre dernier, Rico Murray, des Tiger-Cats, avait récupéré et retourné une passe piège hors cible de Crompton jusque dans la zone des buts. On peut donc parler de fâcheuse tendance dans le cas du quart des Alouettes, qui doit corriger la situation.

Cinq petites courses

Par ailleurs, je m’explique mal que dans des conditions climatiques difficiles, le porteur de ballon Tyrell Sutton n’ait effectué que cinq courses. À la défense du coordonnateur défensif Ryan Dinwiddie, il est vrai que les rares portées de Sutton ont été très timides avec des avancées de zéro, deux, quatre, quatre et moins cinq verges pour un total de cinq.

Rien pour inspirer confiance au coordonnateur à l’attaque, mais n’empêche, les Alouettes ne tiraient pas de l’arrière 40-10. À la mi-temps, les Tiger-Cats menaient 11-6. Après trois quarts, ils avaient l’avance 14-6. Et on ne peut pas dire que Crompton était en feu et que les Alouettes n’avaient pas besoin de courir.

C’est Tanner Marsh, le quart substitut de Crompton, qui a finalement été le meilleur porteur de ballon des Alouettes dans cette rencontre avec des gains totaux de 10 verges. C’est loin d’être normal.

C’est ainsi que Crompton a atteint le plateau des 30 passes tentées pour la première fois de la campagne, avec les résultats qu’on connaît. Ces statistiques ne sont peut-être pas si mal avec 18 passes complétées pour des gains de 284 verges et un touché, mais il s’agit de calories vides. Ces statistiques ont été gonflées en fin de match, alors que les Tiger-Cats protégeaient leur victoire et concédaient beaucoup de passes.

Le vent, quel vent?

Les Alouettes ont de plus été incapables de profiter du vent lorsque ce dernier jouait en leur faveur. Au cours des deux quarts où les Oiseaux avaient le vent dans le dos, ils ont perdu 10-6 au chapitre des points.

Au troisième quart, alors qu’Hamilton menaient 11-6 et que le vent soufflait dans le dos des Alouettes, les Tiger-Cats ont eu possession du ballon pendant 11 des 15 minutes de ce quart. Alors qu’elle faisait face au vent, la formation ontarienne a inscrit plus de points et gagné la bataille du positionnement sur le terrain.

Le manque d’opportunisme a également poussé les Alouettes vers la défaite. Sean Whyte a peut-être réussi ses trois tentatives de placement, mais sur des distances de 23, 30 et 12 verges. Si les Alouettes avaient plutôt marqué des touché lors de ces occasions et grugé plus de points, c’est à un tout autre match qu’on nous aurions eu droit. Si le cafouillage Crompton-Rainey avait aussi été évité, c’est sept points de moins que les Tiger-Cats auraient marqués.

Les Alouettes auraient peut-être perdu le match, mais par un écart de moins de huit points, ce qui leur aurait tout de même assuré le premier rang dans l’Est. Ils ne seraient aujourd’hui qu’à un gain du match de la Coupe Grey.

Quand j’ai vu la température, je croyais sincèrement que cela allait favoriser  les Alouettes. L’équipe qui court le mieux et arrête le jeu au sol avait le plus de chances de l’emporter. C’est tout le contraire qui s’est produit.

En ayant possession du ballon pendant 36 minutes au cours de cette rencontre et en favorisant le jeu au sol, les Tiger-Cats ont lentement, mais sûrement fatiguer la défense montréalaise, qui a alloué 15 points au quatrième quart.

Déterminés et innovateurs en attaque, les Tiger-Cats méritent cette plus récente victoire et leur place en finale de l’Est. Avant de songer à les rejoindre et savourer leur revanche, les Alouettes ont un imposant défi devant eux, les Lions de la Colombie-Britannique.

Une chose à la fois.

*Propos recueillis par Mikaël Filion