À tout seigneur tout honneur, je voudrais transmettre mes félicitations aux Carabins de l’Université de Montréal qui ont non seulement été battre les Gryphons de l’Université de Guelph sur leur propre terrain, mais qui l’ont fait de façon absolument dominante.

Force est d’admettre que le football est drôlement en santé au Québec. Si les Carabins soulèvent la coupe Vanier en fin de semaine prochaine dans la Vieille Capitale, il s’agira d’un quatrième triomphe consécutif et d’un cinquième en six ans pour une équipe issue du programme universitaire québécois. Je pense qu’il n’est pas exagéré de parler ici d’une tendance forte!

Samedi dernier, on s’est aperçu que les équipes qui doivent se frotter aux puissances québécoises font face à deux défis de taille. Le premier, c’est l’aspect physique du jeu. Les équipes québécoises enrôlent des joueurs un peu plus âgés et donc plus matures physiquement qui ont joué dans du gros calibre au niveau collégial. D’entrée de jeu, si tu n’es pas capable de tenir ton bout contre ces équipes plus imposantes, ça ne pourra pas fonctionner.

Et si jamais, physiquement, tu es capable de suivre la cadence, tu fais face à un autre problème. Stratégiquement, les équipes québécoises sont au-dessus de la mêlée. Ça devient un méchant casse-tête pour leurs rivales. Les Gryphons les avaient, les gros bonhommes, mais tactiquement, ils n’étaient pas au même niveau. Leur attaque n’a jamais été capable de décrypter les intentions de la défense des Carabins, avec comme résultat qu’elle n’a produit que six points. Montréal a été assez gentil pour en concéder quatre autres – avec deux touchés de sûreté – histoire de faire un chiffre rond!

Sans vraiment connaître à fond l’équipe des Gryphons, j’avais clairement énoncé quel était, pour moi, le principal enjeu du match de la Coupe Mitchell. Qui allait dominer le jeu au sol? C’était ça, pour moi, la vraie question et je pense que je ne me suis pas trop trompé. Les Carabins ont couru pour 246 verges, Guelph pour 65. Au niveau du temps de possession, les Bleus ont eu le contrôle du ballon pendant 37 minutes.

Les Carabins comptent sur de bons joueurs, ça ne fait aucun doute. Mais dans le passé, c’est une équipe qui avait tendance à manquer de discipline, à ouvrir une porte à l’adversaire avec des pénalités ou des revirements facilement évitables. Mais regardez leur parcours depuis le début des éliminatoires : en trois matchs, ils n’ont commis qu’un seul revirement, un échappé face au Vert et Or de l’Université de Sherbrooke. Rien contre le Rouge et Or, rien contre Guelph. On a maintenant une équipe qui ne se tire plus dans le pied.

Au cours de la même période, la défense a provoqué douze revirements. En trois matchs, on a donc un ratio de plus-11. Quand une équipe avec autant de talent devient aussi opportuniste, c’est presque perdu d’avance pour l’adversaire.

Les Carabins étaient aussi connus pour leur petit côté malcommode. C’était l’équipe la plus punie au Québec avec des pertes moyennes de 120 verges par match. Depuis le début des éliminatoires, ils ont presque coupé ce chiffre de moitié.

On a donc une équipe bourrée de talent, qui joue du football inspiré et qui force l’adversaire à gagner chaque pouce de progrès sur le terrain. Je vous le dis, ils vont être durs à battre, ces Carabins!

Chapeau au Rouge et Noir

À sa deuxième année d’existence, le Rouge et Noir d’Ottawa est en route pour le match de la Coupe Grey. Bravo!

La tâche n’était pas mince pour l’équipe de Rick Campbell en finale de l’Est. Le Rouge et Noir devait se préparer pour le premier match éliminatoire de sa jeune histoire, un match qu’il allait disputer devant ses partisans, dans lequel il était favori et contre une équipe qui s’amenait avec son quatrième quart-arrière.

Bref, toute la pression était sur les représentants de la capitale nationale et je dois leur rendre hommage aujourd’hui. Je ne m’attendais pas à une opposition aussi solide de leur part, mais ils se sont défoncés, se sont bien battus et ont accompli la première partie de leur mission.

Le quart-arrière des Tiger-Cats de Hamilton, Jeremiah Masoli, a très bien joué et les entraîneurs ont peaufiné un plan de match vraiment exceptionnel. Mine de rien, les négligés ont poussé le match jusqu’à la limite en créant l’égalité 28-28 à la toute fin du quatrième quart. Malheureusement pour une équipe et heureusement pour l’autre, c’est à ce moment que le jeu du match est arrivé.

À ce moment, Ottawa devait être en train de se dire : « On ne devrait pas en être là. Ce match n’est pas supposé être aussi serré! ». Mais c’était bel et bien la situation qui prévalait et la tension était à son comble. Quand l’attaque du Rouge et Noir s’est installée pour remonter le terrain, les Tiger-Cats ont amené un blitz déguisé et Arnaud Gason-Nadon, plutôt que de foncer sur Henry Burris, a reculé en couverture de passe. Burris, convaincu qu’un nombre anormal de rivaux le prenaient en chasse, s’est dépêché à viser son dépanneur et a décoché une courte passe en diagonale.

Erreur! C’est Gascon-Nadon qui se trouvait là et qui a reçu le ballon en plein dans les numéros. S’il réussit l’interception, les Ticats reprennent possession du ballon profondément dans le territoire adverse avec environ 1:25 à faire et on assiste peut-être à une surprise. Mais on ne le saura jamais puisque malheureusement, l’ancien du Rouge et Or a échappé le ballon.

Quand une équipe rate une telle opportunité, j’ai toujours hâte de voir si l’adversaire va lui faire payer ce manque d’opportunisme. Dans ce cas-là, c’est exactement ce qui est arrivé. Sur le jeu suivant, en situation de deuxième essai et 25 verges à franchir, Burris a décoché une passe de 93 verges à Greg Ellingson et Ottawa a gagné 35-28. Quel match de fou!

Je lève mon chapeau aux Tiger-Cats, mais j’offre toutes mes félicitations au Rouge et Noir qui a démontré assez de maturité pour rester droit quand ça chauffait.

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Dans l’Ouest, on avait droit à la bonne vieille bataille de l’Alberta. L’an passé, les Stampeders de Calgary avaient facilement remporté le duel. À l’époque, les Eskimos jouaient avec un quart-arrière amoché et avaient donné le ballon cinq fois à l’adversaire.

Cette fois, le scénario était différent. Les Eskimos étaient en santé et étaient reposés. Après trois semaines de congé, allaient-ils être rouillés? Pas du tout.

Par l’entremise des médias d’Edmonton, on avait appris que les Eskimos s’étaient un peu inspirés de la façon dont les équipes universitaires se préparent pour un Bowl aux États-Unis. Souvent, plusieurs semaines s’écoulent entre la fin du calendrier de la NCAA et un match de fin d’année. Face à la même réalité, les Eskimos sont allés aux sources pour trouver la bonne formule. L’entraîneur des secondeurs des Eskimos était à Auburn quand les Tigers avaient remporté le championnat national et on lui a demandé comment ils s’y étaient pris pour repartir la machine après un aussi long congé.

Les Eskimos étaient affamés et leur entraîneur très allumé. Chris Jones est un gars qui démontre énormément de confiance. C’est un émule de Don Matthews qui fait son travail avec une bonne dose d’arrogance. Contre les Stamps, son message était clair et il l’a lancé très tôt dans le match. Sur la première séquence offensive de son équipe, il a gardé les unités spéciales sur les lignes de côté et a commandé à son attaque de finir ce qu’elle avait commencé alors qu’elle faisait face à un troisième essai à la porte des buts.

Non seulement la stratégie a porté fruits, mais Jones a poussé l’insulte à l’injure en tentant une transformation de deux points qui a elle aussi été réussie. Bang! Rapidement, on a vu que les Eskimos étaient venus pour gagner et non pas pour éviter de perdre.

Un peu plus tard dans le match, Edmonton semblait se préparer pour un botté de placement, mais a surpris tout le monde avec un jeu truqué. La séquence s’est prolongée et s’est terminée par un touché.

Au moment où les Stampeders avaient retrouvé leur confiance en fin de rencontre, les Eskimos avaient le ballon à leur propre ligne de 27 et étaient confrontés à un troisième essai avec une verge à franchir. Encore une fois, Jones a gardé son attaque sur le terrain et a été récompensé pour son audace.

La défensive des Eskimos a provoqué quatre revirements et l’attaque les a amenés à la banque en les convertissant en trois touchés. Vingt-et-un points qui viennent directement des revirements? Ça a fait toute la différence.

Le seul point négatif c’est le relâchement qu’on a observé à la fin. Alors que le pointage était de 40-15, c’était le party sur le terrain comme dans les gradins. Tout le monde se voyait déjà à la Coupe Grey, mais les Stampeders, en champions qu’ils sont, n’ont jamais abandonné. Disons qu’il faisait un peu plus chaud dans la cuisine tout d’un coup, mais les Eskimos ont réussi à se sauver avec la victoire.

Les hommes en vert et or sont sur une séquence de neuf victoires. Ils s’en vont à la coupe Grey blindés d’une confiance incroyable.

Les petites vites de la NFL

On s’est aperçu que les Vikings du Minnesota sont encore les petits frères des Packers de Green Bay!
Les Vikings ont amorcé ce match sur une belle séquence de cinq victoires tandis que les Packers avaient échappé leurs trois parties précédentes. Si les Vikings voulaient être pris au sérieux, ils avaient là une occasion en or, mais ils laissé filer. Finalement, plus ça change, plus c’est pareil! Les Packers ont maintenant gagné dix des onze derniers matchs entre les deux rivaux.

Pour les Packers, ce fut une belle victoire d’équipe. Aaron Rodgers a lancé deux passes de touché et n’a pas commis de revirement. Eddie Lacy, en santé, qui gagne plus de 100 verges au sol. En défense, on a limité Adrian Peterson à 45 verges, on a provoqué un échappé et réussi six sacs du quart. En plus, Mason Crosby a été parfait sur ses cinq tentatives de placement.

Tout le monde a contribué, tout le monde a bien joué et ça va faire du bien pour le moral.

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Que dire de plus sur les Panthers de la Caroline?

Cam Newton a toujours porté l’étiquette de l’athlète qui joue à la position de quart-arrière. Mais cette année, il faut commencer à parler de lui comme d’un quart-arrière athlétique. La nuance est importante!

Newton m’impressionne grandement. Il n’a pas un groupe de receveurs très talentueux, mais il faut des jeux de semaine en semaine. C’est vrai qu’il a une grosse défensive et qu’il est bien appuyé par son attaque au sol, mais ça n’enlève rien à ses accomplissements. Contre les Redskins, il a lancé cinq passes de touché à autant de cibles différentes. Ce n’est pas rien.

Je ne suis pas dans le secret des Dieux mais je peux vous dire sans hésitation qu’en Caroline, on n’a pas de crise d’identité. Les Panthers ont leur recette pour connaître du succès et ils l’appliquent à chaque semaine. En fin de semaine, ils ont marqué 27 de leurs 44 points sur des séquences nées d’un revirement, ont limité l’attaque au sol de Washington à 14 verges sur 12 courses et ont réussi cinq sacs du quart.

Je pense que les Redskins ont réalisé assez vite qu’ils n’avaient pas affaire aux Saints de La Nouvelle-Orléans...

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Difficile de passer sous silence la performance de Brock Osweiler, le petit gars de 6 pieds 8 pouces des Broncos de Denver.

Osweiler est un jeune qui attendait son moment et qui l’a saisi en fin de semaine. Donnons-lui ce qui lui revient. Il n’a pas nui à son équipe, au contraire, il a contribué à l’obtention d’une grosse victoire sur la route.

C’est intéressant parce qu’il faut rappeler que ce gars-là est chez les pros depuis quatre ans. On voit que même s’il n’a pas eu beaucoup de répétitions, il étudie probablement assidument dans les salles de réunion et pose des questions aux gars autour de lui. Il a profité de sa chance. Malgré le fait qu’il a été victime de cinq sacs du quart, il a démontré un bon sang-froid. Je l’ai trouvé calme, il n’a pas paniqué. Il a lancé deux passes de touché et seulement sept passes incomplètes sur les 27 qu’il a tentées.

Et la clé –c’est ce qui échappait à Peyton Manning dernièrement – c’est que le jeune n’a pas été victime d’un revirement.

On a aussi vu la vraie attaque de Gary Kubiak. On a vu un quart qui prend des remises directes de son centre. On a vu du jeu au sol, des dérobades du corps et beaucoup de formations avec des ailiers rapprochés. Ce n’était pas l’attaque modifiée pour essayer de mettre Manning en valeur.

J’adore ça parce qu’en 2015, les ailiers rapprochés sont des hybrides, des super athlètes. Si tu gardes ta défensive normale sur le terrain, tu n’es pas capable de les surveiller contre la passe. Si tu réponds avec de la vitesse, on va te courir sur le corps parce que tu n’es plus assez gros pour arrêter le jeu au sol.

Osweiler a passé le test. Un match ne fait pas une saison et encore moins une carrière, mais j’aimerais le revoir la semaine prochaine alors que les Patriots de la Nouvelle-Angleterre s’en vont à Denver. Quoi de mieux pour voir ce que le jeune a dans le ventre?

Et qui sait? S’il offre une grosse performance, peut-être qu’on aura soudainement des décisions à prendre chez les Broncos...