Tout le monde aime le football, mais le football n'aime personne. C'est l'expression de « coach » Trestman, et je la trouve toujours véridique. Le sort réservé à Brandon Whitaker est bien décevant, voire injuste.

Je détesterai toujours observer un des mes coéquipiers au sol, mais ça fait partie du football. Et lorsqu'on apprend qu'il s'agit d'une blessure à long terme, nécessitant une longue réhabilitation, il n'y a rien de réjouissant.

La préparation de Whitaker est pourtant impeccable. Il est dévoué à l'équipe. Il met son égo personnel de côté pour jouer dans un système offensif principalement axé sur la passe. C'est un joueur électrisant qui a provoqué beaucoup d'étincelles cette saison. Il a de bonnes mains, fiables, et il faisait bien son travail en tant que sixième bloqueur. Sur la ligne de mêlée, il n'a aucun complexe d'infériorité envers quiconque dans la ligue. On a pleinement confiance en lui pour effectuer des blocs importants et il fait son possible pour protéger Anthony Calvillo. Dommage de voir un joueur de sa trempe tomber au combat.

Statistiquement, un porteur de ballon est appelé à subir plusieurs contacts au cours d'un match. Sur un terrain synthétique, avec des souliers à crampons, les changements de direction sont plutôt brusques, donc plus difficiles pour les articulations et pour les ligaments. Whitaker en a été victime et c'est la triste réalité du football. D'ailleurs, je pourrais bien être le prochain joueur à se blesser, qui sait…

Victor Anderson, à toi!

Avec la blessure au genou droit de Whitaker, c'est Victor Anderson qui prendra la relève. Les entraîneurs ont toujours eu confiance en lui, et moi aussi. Même s'il est un joueur de première année, il se montre très efficace dans ses responsabilités. Anderson a bien assimilé les rudiments du système offensif de l'équipe. Il a eu les yeux braqués sur Whitaker tout au long de l'été. C'est pourquoi on se sent à l'aise avec lui dans le champ arrière, au même titre que l'était Whitaker lorsqu'il remplaçait Avon Cobourne auparavant.

Victor mise sur de bons instincts. C'est sûr que sa lecture du jeu n'est pas encore à point, mais lorsqu'il remplaçait Whitaker le 17 août face aux Eskimos à Edmonton, il a très bien joué son rôle. Malgré sa période d'adaptation, il a amassé 102 verges au sol, en plus d'inscrire un touché par la voie des airs.

D'autre part, si nos entraîneurs ne croyaient pas que Victor Anderson avait le potentiel pour chausser les souliers de porteur de ballon numéro un, ils auraient déjà fait une croix sur lui. Depuis le camp d'entraînement, il a fait sa place, malgré le fait qu'il figurait initialement sur les unités spéciales pour retourner les bottés.

Avec sept matchs à disputer, on va franchir les étapes une à la fois avec lui. On s'entend que Whitaker est un joueur qui n'a pas mis de temps avant de figurer au sein des étoiles de la ligue. C'est difficile de demander à Anderson de livrer les mêmes résultats ou même de les surpasser. Si c'est le cas, tant mieux! Personnellement, je crois en lui. Il est capable de remplir son mandat.

Le jeu de la chaise musicale

Chez nos receveurs de passes, l'arrivée de l'un fait avant tout le malheur d'un autre. Sans farce, c'est quasiment le jeu de la chaise musicale. Ce cirque s'est amorcé avec la blessure de Jamel Richardson, qui est revenu au jeu presque simultanément avec la blessure de Brandon London. Ce dernier pourrait réintégrer notre formation dimanche, mais Brian Bratton n'y sera pas. Nous avons donc pris l'habitude de composer avec des munitions en moins.

En réalité, notre formation principale sur l'unité offensive est composée de cinq receveurs. Mais depuis trois matchs, nous devons jongler avec deux porteurs de ballon et un ailier rapproché. Physiquement, notre formation dispose de plus de poids, mais nous sommes plutôt légers côté profondeur. L'équipe a néanmoins trouvé le moyen de s'en sortir et le crédit revient surtout à nos entraîneurs.

Match de quatre points face aux Argos

Nous sommes actuellement en préparation en vue du match de dimanche, face aux Argonauts de Toronto. Le défi sera de nous adapter à leur multitude de fronts défensifs. Les Argos présentent une variété qui requiert beaucoup de préparation. Si nous échappons ce duel, Toronto se pointera en première place dans l'Est. S'il y a égalité au terme de la campagne, c'est nos adversaires qui auront l'avantage en vertu de leur fiche contre nous. C'est donc un duel extrêmement important à l'horizon. Un véritable match de quatre points!

Pour gagner dimanche, nous devrons aussi parvenir à mieux contrôler le ballon. Nous éprouvons beaucoup de difficultés à soutenir notre travail offensif. La défense elle, a démontré une belle progression. C'est certain que le cinglant revers à Vancouver est une partie à oublier. Mais à l'attaque, nous n'avons pas été en mesure de demeurer assez longtemps sur le terrain, ce qui a hypothéqué notre front défensif. Et contre un quart-arrière comme Travis Lulay, on devait évidemment éviter pareil scénario.

Notre attaque a pourtant connu des départs explosifs cette saison. L'équipe trouve son rythme rapidement, mais connaît ensuite un relâchement soudain. Malheureusement, je n'ai pas d'explications. J'aimerais bien en avoir une. Chose certaine, il faut changer cette tendance très rapidement, car c'est un démon qui peut nous rattraper. Dimanche, il sera impératif d'obtenir une bonne production offensive en situation de premier essai, surtout contre Toronto.

Propos recueillis par Thierry Bourdeau