MONTRÉAL – Pour la première fois depuis l’envol de sa carrière professionnelle, en 2011, Henoc Muamba n’aura pas à s’éloigner de sa famille durant la saison. À ses yeux, il s’agissait de la décision la plus logique, même si ça signifiait de quitter le nid des Alouettes de Montréal.

 

Il faut rappeler que son clan familial a vécu quelques bouleversements durant la pandémie alors que la COVID-19 a provoqué le décès de sa belle-mère et son agent est mort subitement d’une crise cardiaque. Sur une note plus heureuse, il y a deux mois, il est devenu papa d’une deuxième fille.

 

Parallèlement à cela, les Alouettes devaient améliorer leurs ressources sur la ligne défensive. Ainsi, le directeur général Danny Maciocia devait composer avec un budget plus serré pour lui accorder un nouveau contrat.

 

Cela dit, ses réponses laissent croire qu’il aurait souhaité que l’organisation montréalaise se batte davantage pour le retenir.

 

« Ç’aurait été exigeant de faire déménager toute la famille et je n’ai pas senti que les Alouettes en avaient fait suffisamment pour me ramener. Mais ça permet de passer plus de temps avec ma famille », a-t-il mentionné.

 

« Je ne crois vraiment pas que c’était une question d’argent. J’ai eu une longue carrière, j’ai fait beaucoup d’argent grâce à ce sport. C’était vraiment de prendre une décision pour être le plus confortable. Aller quelque part où je suis vraiment voulu et aimé. En plus d’être à la maison et jouer pour Pinball (Clemons, le DG des Argos) qui est un mentor pour moi depuis des années. C’était difficile de ne pas prendre cette décision », a jugé le secondeur de 32 ans.

 

En raison des compressions provoquées par la COVID-19, Muamba n’empochera pas un immense salaire avec les Argonauts de Toronto, mais il compensera ailleurs.

 

« Ce n’est pas la première fois que je suis joueur autonome et j’ai toujours pris mon temps. J’essaie toujours d’avoir une stratégie et de regarder les choses les plus importantes dans ma vie. Cette fois-ci, ma famille était la priorité. J’ai eu des conversations avec plusieurs équipes, dont Montréal, et c’est comme ça que j’ai pris ma décision », a expliqué Muamba lors d’une visioconférence.

 

« Contrairement à la croyance populaire, l’argent n’est pas ce qui dicte chaque décision. C’était un énorme facteur de pouvoir être à la maison avec mes proches et plusieurs amis à proximité. Il n’y a pas de prix pour ça », a ajouté le joueur canadien par excellence en 2019.

 

Muamba reconnaît tout de même qu’il a accepté un certain « rabais » dans son salaire afin que l’entente se concrétise avec les Argos.

 

« On peut dire ça, ça vaut beaucoup de jouer à la maison. Ça compense de plusieurs façons. Ce n’est pas à propos d’un montant d’argent, mais plutôt de la valeur que j’obtiens en signant un contrat avec une équipe », a expliqué Muamba qui profitera d’un rayonnement considérable dans la région de Toronto pour ses projets personnels.

 

Devenu un meilleur meneur à Montréal

 

S’il a excellé sur le terrain en 2018 et 2019 avec les Alouettes, Muamba considère que sa plus grande contribution aura été ressentie autrement.

 

« Mon séjour à Montréal a été fabuleux et je m’assure toujours de grandir à travers chaque expérience. J’ai l’impression que je suis devenu un bien meilleur meneur à Montréal. J’ai été en mesure de communiquer avec des personnes de tous les types. […] Oubliez les chiffres et le rendement, je trouve que c’est durant cette saison que j’ai le plus grandi. J’ai appris comment passer du temps avec mes coéquipiers. C’est l’année que j’en ai fait le plus et j’ai vu l’impact auprès de mes coéquipiers », a-t-il déclaré.

 

Bien sûr, il entend poursuivre sur cette lancée en 2021 et il affirme qu’il a pratiquement l’impression d’avoir rajeuni à la suite de cette longue période loin des rigueurs physiques du football. Il est aussi emballé par les nombreuses embauches des Argos dont sur le front défensif. Il a blagué en disant qu'il pourrait jouer jusqu'à 40 ans grâce à ces joueurs qui vont le faire bien paraître.  

 

Par ailleurs, Muamba ne se dit pas inquiet de la réponse des athlètes au retour de cette interruption liée à la COVID-19 puisque les athlètes professionnels sont habitués de composer avec des préoccupations à l’extérieur du terrain. Il a justement raconté son histoire personnelle pour encourager ceux qui ont eu à traverser des épreuves.