MONTRÉAL - L’improbable ascension vers la NFL du Français Anthony Dablé - qui a commencé à jouer au football à l’âge de 19 ans après avoir été charmé par un jeu vidéo - se poursuit avec les Falcons d’Atlanta.

Ayant grandi en s’adonnant au taekwondo, au soccer et à quelques autres sports, Dablé a eu une révélation, à 17 ans, lorsque l’un de ses cousins lui a fait découvrir le jeu NFL Quarterback Club ‘98 mettant en vedette Brett Favre sur la pochette.

Séduit par ce sport, il en a graduellement appris les règlements et il a effectué les premiers pas de son aventure avec les Centaures de Grenoble de 2007 à 2012.

Par la suite, Dablé s’est fait un peu connaître sur la scène du football québécois parce qu’il a navigué dans l’entourage du Rouge et Or de l’Université Laval pendant une année. Malheureusement pour lui, les règlements du football universitaire canadien l’ont empêché de jouer pour la troupe de Glen Constantin si bien que son expérience s’est limitée à des entraînements.

À la suite de son passage au Québec, l’imposant receveur de six pieds quatre pouces et 220 livres est retourné en Europe pour évoluer en Allemagne de 2013 à 2016. C’est à ce moment que son rêve d’accéder à la NFL a repris vie.

Une vidéo de ses faits saillants envoyée au bureau de la NFL à Londres a attiré l’attention de l’ancien joueur Osi Umenyiora. Ce dernier l’a aidé à participer à des essais en Floride où il a été convoité par plusieurs équipes. Dablé s’est rallié à la suggestion d’Omenyiora d’accepter l’offre contractuelle des Giants avec lesquels il a joué de 2003 à 2012.

Dablé a finalement été retranché deux jours après avoir participé aux quatre matchs préparatoires des Giants en 2016. Le volubile athlète a été peu utilisé et seulement deux passes ont été lancées en sa direction. Cette fois, il s’attend à une audition plus exhaustive avec les Falcons.

« Juste par la culture de l’organisation et le fait que le sort de joueurs comme Julio (Jones) et (Mohamed) Sanu est déjà confirmé. Ça ne donne rien de les faire jouer souvent en présaison et ça laisse plus de place aux jeunes et aux nouveaux joueurs d’être sur le terrain pour montrer ce qu’ils savent faire », a expliqué Dablé qui était à Toronto pour participer à l’événement NFL Play 60 qui fait la promotion de l’activité physique.

Au cours des dernières semaines, Dablé s’est familiarisé à son nouvel environnement grâce au mini-camp et aux OTA’s (exercices préparatoires)

« Je dirais que ça s’est plutôt bien passé. C’est un processus dans lequel il faut apprendre le cahier de jeux, le langage du système offensif utilisé par les entraîneurs. On doit leur montrer qu’on assimile le système très vite et qu’on peut et s’y ajuster. Ensuite, la prochaine étape est de réussir des jeux, attraper des ballons et comprendre ce qui se passe sur le terrain. C’est aussi important de bien courir ses tracés pour permettre à un coéquipier de se démarquer, ça démontre qu’on comprend le but de chaque jeu et ça prouve qu’on a un bon quotient intellectuel de football », a décrit le colosse.

Inévitablement, la portion cruciale prendra son envol avec le camp d’entraînement qui aura lieu du 26 juillet au 14 août au complexe d’entraînement du club à Flowery Branch en Georgie.

Anthony Dablé« Avant de partir, l’entraîneur (Raheem) Morris m’a dit qu’il était vraiment satisfait de ce que j’avais fait et que je devais continuer sur cette voie », a raconté Dablé en parlant de l’entraîneur adjoint et coordonnateur du jeu aérien qui dirige les receveurs.

« J’ai appris la position qu’on m’a assignée et celle à l’opposé du terrain. Quand certains joueurs ne pouvaient pas jouer, j’ai pu embarquer et jouer à cette autre position. On ne sait jamais qui ne pourra pas jouer donc je mets des chances de mon côté », a-t-il confié en parlant respectivement des positions campées par Jones et Sanu.

Honnête, Dablé admet que sa connaissance du football américain n’égale pas entièrement celle de ses compétiteurs et coéquipiers.

« Oui et non. Je pense que j’apprends vite, mais la différence demeure l’expérience qu’ils ont vécue dans la compétition. Je dois utiliser ma faculté d’apprendre rapidement. »

Son association avec le Rouge et Or lui a permis d’accomplir du rattrapage et il aurait voulu que ne soit pas aussi bref.

« En France, on s’entraîne deux fois par semaine comparativement à deux fois par jour pendant vingt jours durant un camp d’entraînement universitaire canadien. Du coup, chaque jour équivaut à une semaine d’entraînement et ça se fait contre une meilleure compétition. Je laisse les gens imaginer la façon dont on peut évoluer. C’est comme une saison d’entraînement contre de meilleurs adversaires. Ça m’aurait développé beaucoup plus rapidement. »

Dablé peut tout de même se reprendre en s’abreuvant des conseils de Jones, Sanu et ses autres coéquipiers. Disons qu’il y a pire comme contexte pour des cours pour adultes.

« Puisque Julio a eu une opération à un orteil, il ne joue pas vraiment présentement et il coache tout le temps. Il vient à côté de toi, il te dit ce que tu as fait de bien et ce que tu aurais dû faire, il te partage son enseignement. Sanu, c’est la même chose, il va te donner des compliments quand tu fais quelque chose de bien et c’est arrivé à plusieurs reprises donc c’est bien. Je passe aussi beaucoup de temps avec Nick Williams pour des exercices et on discute football. Chacun t’aide à sa manière », a décrit Dablé qui se réjouit de pouvoir grandir au sein de l’attaque explosive des finalistes du Super Bowl.

Qui sait, peut-être qu’il aura le temps d’apprendre quelques mots de français à Jones ou Matt Ryan comme il l’avait fait avec Eli Manning.

« Ce serait drôle, on verra si l’opportunité se présente. »

La LCF comme alternative

Dablé ne se serait pas rendu aussi loin s’il était bête. Ses chances de réussite étaient minimes et il le sait bien. Il réalise tout autant que le temps presse pour lui et que les équipes de la NFL prêtes à investir dans un projet de son âge ne sont pas nombreuses.

Pourrait-il se tourner du côté de la Ligue canadienne de football si les Falcons lui indiquaient la porte de sortie? Anthony Dalbé

« Pourquoi pas. Ce que j’ai envie de faire, c’est jouer au foot au meilleur niveau accessible pour moi. Si c’est la LCF, ce sera avec grand plaisir surtout que je vis à Sherbrooke maintenant. Ce serait comme de jouer sur mes terres », a répondu le Canadien d'adoption. 

Ironiquement, Dablé croit que ses droits dans la LCF n’appartiennent à aucune formation. On songe tout de suite aux Alouettes de Montréal comme destination possible étant donné que son compatriote Boris Bede évolue avec eux.

« On est assez proches, j’étais à son mariage dans le sud de la France juste avant de me rendre aux OTA’s. On s’est d’ailleurs découvert un lien de parenté insoupçonné par alliance », a révélé Dablé qui a connu Bede avec l’équipe de France et chez le Rouge et Or.

Peu importe où il s’établira pour sa prochaine halte professionnelle, Dablé devrait inspirer les jeunes qui découvriront son histoire autant en France, qu’au Canada ou que dans le cadre de NFL Play 60.

« Je n’en suis pas vraiment conscient, mais à force de parler avec des gens, je comprends un peu mieux l’impact que le caractère singulier de mon histoire peut avoir sur des jeunes. Ça peut leur montrer que tout est possible. Le football, c’est ma passion donc c’est génial de partager ça avec des jeunes », a conclu le père d’une jeune fille.