MONTRÉAL – Durant ses deux années au sein des Panthers de la Caroline, de 2009 à 2011, Tyrell Sutton a notamment côtoyé Jonathan Stewart et Thomas Davis ainsi que plusieurs autres des piliers de cette organisation qui aspire à remporter le Super Bowl pour la première fois.

Le porteur de ballon des Alouettes de Montréal se réjouit pour ses anciens complices des terrains contingentés de la NFL.

Tyrell Sutton et Jonathan Stewart« C’est génial de les voir participer à ce grand rendez-vous. Je sais à quel point ils ont travaillé fort pour y parvenir, c’est merveilleux qu’ils puissent réaliser leur rêve », a confié Sutton croisé au quartier général des opérations football des Alouettes.

Outre Stewart (à droite) et Davis, Sutton (à gauche) s’est rapidement souvenu du centre Ryan Kalil, de l’ailier défensif Charles Johnson et du spécialiste des unités spéciales Teddy Williams en citant les joueurs qu’il a connus lors de son passage avec les Panthers. Il s’est aussi empressé de mentionner Ted Ginn fils, une vieille connaissance originaire, tout comme lui, de l’Ohio. 

L’ancienne formation de Sutton a étonné une panoplie d’observateurs en accédant au match de championnat cette année.

« C’est le côté un peu fou et imprévisible du sport professionnel, tu peux connaître une saison sous les attentes ou bien au-delà également. Je suis simplement heureux de voir qu’ils ont réussi parce que ça faisait longtemps que l’organisation bûchait pour y retourner depuis la défaite contre les Patriots (un revers de 32-29 en février 2004) », a évalué l’Américain de 29 ans.

Le premier voyage des Panthers en finale (au Super Bowl XXXVIII) s’était conclu par un placement d’Adam Vinatieri. Le scénario présent pourrait se terminer par un pointage moins serré selon Sutton et une multitude d’analystes.

« Je m’attends à ce que ça demeure serré pour la plupart du match, mais que les Panthers finissent par s’emparer du contrôle de la rencontre. Ce sont deux équipes talentueuses, mais je crois que les Panthers sont supérieurs dans les trois facettes du jeu », a prédit Sutton.

Même s’il s’est défoncé sur la pelouse avec les Stewart, Davis, Kalil et compagnie, Sutton ne croit pas qu’il sera envahi par des sensations spéciales en regardant cette édition du Super Bowl.

« Je ne m’attends pas que ce soit vraiment différent. J’espère seulement que mes potes, Stewart et Davis, pourront obtenir leur bague du Super Bowl. Je n’ai rien contre Peyton Manning, mais je suis près de cette organisation et je leur souhaite du bien », a souligné le demi offensif qui a signé un contrat de trois ans avec les Alouettes en décembre 2014.

Sutton n’espère pas voir Manning souffrir sur le terrain, mais il sait bien que le quart – affecté par les blessures depuis quelques années – devra se méfier plus que jamais.

« Je ne sais pas s’il va se faire malmener parce qu’il est très intelligent et il décoche ses passes assez rapidement. Mais, s’il commence à se faire frapper, c’est clair que ça donnera le dessus aux Panthers. C’est une défense très physique, rapide et intimidante, qui peut compter sur des joueurs de premier plan à chaque position qui sont répartis partout sur la surface », a-t-il exprimé.

La mise en scène du Super Bowl 50 s’est imposée d’elle-même avec la confrontation entre Manning, le vétéran, et Cam Newton, le jeune prétendant. Les tempéraments opposés de ces athlètes ne laissent personne indifférent et Sutton apprécie le côté bon enfant et exubérant de Newton.

« C’est vraiment une bonne personne, un bon modèle pour les jeunes. Il a prouvé que tu pouvais exceller à ce sport tout en s’amusant. En étant dans l’environnement de la NFL, plusieurs athlètes peuvent en venir à percevoir le football seulement comme un métier, une business. Cam joue et se comporte encore comme un enfant qui vit son rêve, c’est un très bel exemple à mes yeux », a décrit le numéro 20 des Oiseaux. Tyrell Sutton et John Fox

Newton peut s’exprimer entièrement sous les ordres de Ron Rivera, l’entraîneur qui a pris la relève de John Fox (sur la photo) en 2011.

« Je lui accorde beaucoup de mérite de permettre à ses joueurs de retirer du plaisir à jouer. C’est un ancien joueur donc il comprend mieux la réalité du football que plusieurs entraîneurs en plus de bien saisir ses responsabilités de gestionnaire », a vanté l’interlocuteur.

« Il a accompli tout un boulot pour propulser cette équipe parmi les meilleures de la NFL. Pendant plusieurs années, les Panthers peinaient à accéder aux éliminatoires alors qu’ils sont maintenant des aspirants au championnat », a enchaîné Sutton à propos de l’ancien coordonnateur défensif des Chargers de San Diego.

Le grand manitou des Panthers est parvenu à mener sa troupe à un impressionnant dossier de 15-1 grâce à la contribution de meneurs de qualité autant en attaque qu’en défense.

« Le premier nom qui me vient en tête est celui de Thomas Davis. Il est là depuis plusieurs années et j’étais avec les Panthers quand il s’est déchiré les ligaments des deux genoux en l’espace d’un an. C’est vraiment fascinant de le voir jouer encore aussi bien. Il est en train de passer le flambeau à Luke Kuechly de superbe façon, c’est beau de voir la transition qui s’opère. »

« Il faut aussi lever notre chapeau à l’attaque qui s’illustre avec plusieurs joueurs qui ne sont pas des vedettes. Si on a donné tant de crédit à Tom Brady pour ses accomplissements avec des ressources offensives ordinaires, il faut le faire avec Newton », a poursuivi Sutton.

Aucune rancœur

Rivera, qui a porté les couleurs des Bears de Chicago pendant neuf saisons, a cependant joué un rôle dans la libération de Sutton en septembre 2011. Malgré tout, Sutton ne blâme personne outre lui-même.

Tyrell Sutton« Je ne me suis pas présenté pour travailler, je ne suis pas parvenu à impressionner les nouveaux dirigeants et c’était pourtant mon devoir. Je suis le responsable de ce résultat », a-t-il candidement avoué. 

Sutton, qui a dominé le circuit canadien en 2015 pour les verges amassées au sol, se retrouvait coincé derrière Stewart et DeAngelo Williams (deux choix de première ronde) au camp d’entraînement. Mais, à son avis, le facteur déterminant demeure qu’il ne s’était pas présenté dans les meilleures dispositions et le nouveau groupe d’entraîneurs a conclu qu’il valait mieux le libérer.

« J’ai fini par me faire prendre à jouer avec les scénarios et seulement me demander où j’allais jouer dans cette formation. Au lieu de me présenter avec la seule idée de bien faire mon boulot sur le terrain, je me suis poussé vers la porte de sortie », a résumé Sutton.

Cette expérience avec les Panthers a forgé le caractère de Sutton et ce sont les Alouettes qui peuvent maintenant en bénéficier. Sa conviction ne fait aucun doute en vue de ses objectifs pour la prochaine saison de l’équipe montréalaise.

« Je m’attends à ce qu’on accède aux éliminatoires, c’est mon travail et ma responsabilité d’éviter que le scénario de 2015 se reproduise. Aussi longtemps que je vais appartenir aux Alouettes, je ne veux pas que ça survienne une autre fois », a lancé le joueur qui a fait un arrêt dans la UFL en 2012.

« Ça me plaît d’avoir mené la LCF pour les verges, mais rien n’est plus important que le succès collectif. Le travail commencera dès le mini-camp en Floride, on a plusieurs choses à corriger », a conclu le diplômé en communications de l’Université Northwestern.