Rob Gronkowski, le remède qui a remis les Patriots sur les rails
NFL lundi, 14 déc. 2015. 19:13 dimanche, 15 déc. 2024. 05:47Quel meilleur remède pour Tom Brady et les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, après deux défaites coup sur coup, que de retrouver le dangereux Rob Gronkowski?
On sait à quel point la connexion entre le général et son ailier rapproché est puissante, et instantanément, l'attaque des Pats a retrouvé une dimension qui lui avait fait défaut lors du revers encaissé la semaine précédente face aux Eagles de Philadelphie.
À quatre reprises Brady a lancé en direction de Gronk dimanche soirs dans le gain de 27-6 aux dépens des Texans de Houston, et quatre fois le gros no 87 a réalisé l'attrapé, pour des gains totaux de 87 verges incluant un touché.
Le plus long jeu offensif du match pour la Nouvelle-Angleterre est survenu sur un jeu aérien de 45 verges à l'intention de Gronkowski, lorsque Brady a réussi à quitter la zone de protection afin d'étirer le jeu et repérer son receveur près des lignes de côté.
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Dans l'ensemble, ce fut une belle victoire d'équipe pour les hommes de Bill Belichick. Un plan de match que je qualifierais de « conservateur » a été mis de l'avant, en ce sens que les patrons de jeu n'étaient pas très complexes, mais en revanche très efficaces. On désirait contrôler ballon et le temps de possesssion, et ce fut un franc succès. On sentait le respect des Patriots pour les éléments défensifs en place sur le front des Texans, dont la pièce maîtresse, le redoutable J.J. Watt, mais aussi le jeune et talentueux Jadeveon Clowney ainsi que Whitney Mercilus, deux joueurs dont il faut aussi se méfier. C'était clair que le souhait était de voir le ballon quitter la main de Brady en vitesse et cette stratégie a été bien exécutée. De plus, on a atteint un bel équilibre entre le jeu au sol et celui par la voie des airs.
L'unité défensive, elle, a été simplement intraitable à l'endroit des quarts des Texans. Il faut dire qu'elle revenait sur le terrain reposée lorsqu'elle était sollicitée, l'attaque ayant eu possession du ballon pendant 35 minutes. Cinq sacs ont été réalisés aux dépens de Brian Hoyer, qui a subi une commotion, et son réserviste T.J. Yates a été victime du sixième.
Particulièrement bons lorsque la situation l'exige, les Pats sont revenus à leur marque de commerce en inscrivant sept points dans les dernières secondes du deuxième quart alors qu’ils menaient par quatre points, retraitant ainsi au vestiaire avec une priorité de 17-6. Et puisqu’ils avaient fait le choix de recevoir en deuxième demie, ils ont obtenu une autre possession dès le retour sur le terrain. Ils en ont profité pour ajouter trois autres points et mener par deux touchés.
Soudainement, les Texans ont été contraints à forcer le jeu, ce qui n’est définitivement pas dans leur nature. Ils ne possèdent pas la ligne à l’attaque pour donner dans le football de rattrapage et verser dans le jeu aérien « conventionnel ». En fait, c’est une offensive plutôt bâtie pour le jeu au sol et le « play action ». Sans surprise, la défense des Patriots s’est gâtée en appliquant beaucoup de pression.
Watt et Hopkins contenus
Fidèles à leur réputation, les Pats ont enrayé les principales menaces de leurs adversaires. Plusieurs entraîneurs de la NFL ont pour philosophie de sortir les meilleurs joueurs rivaux de l’équation, mais peu réussissent à l’appliquer avec autant de doigté que Belichick. Défensivement, Watt est le joueur d’impact pour Houston. Comment a-t-on réglé son cas? En doublant et en triplant la couverture à son endroit avec la présence d’un ailier rapproché ou même d’un demi offensif. Le bloc piège a été utilisé à profusion afin de le déstabiliser. Les angles de blocage ont été changés à un point tel que Watt n’avait jamais la moindre idée d’où allait provenir l’aide.
Conséquemment, le joueur étoile des Texans a été forcé à lever la tête et à jouer avec moins d’agressivité que ce qu’on le voit habituellement déployer. Bref, le no 99 a été complètement neutralisé, mais à sa défense, sa main gauche recouverte d’un bandage ne l’a aidé en rien à se mettre en évidence. Il a dû s’aligner avant tout du côté gauche de la formation, car du côté droit, il aurait eu à prendre appui au sol avec sa main gauche, et il en était carrément incapable.
Résultat? Watt a été plus prévisible pour la ligne à l’attaque. Les instructeurs des Texans ont essayé de compenser en le faisant jouer debout, donc sans appuis, à la manière d’un secondeur extérieur. On a vu cependant qu’il ne peut être aussi dominant dans de telles circonstances.
Pour un joueur de ligne défensive, les mains sont un outil de travail indispensable. Demanderait-on à un judoka de combattre sans ses mains? C’est pratiquement du même ordre pour Watt, qui s’en sert pour agripper ses adversaires et s’en débarrasser un peu comme au judo. Ce sera à voir maintenant s’il sera en mesure de s’adapter si cette blessure devait s’échelonner sur plusieurs semaines. Éventuellement, pourra-t-il prendre appui? Chose certaine, c’est énormément de poids à appliquer sur un corps de près de 300 lbs!
À l’attaque, les Texans ont été confrontés au même genre de problème, alors que les Pats ont enrayé le dangereux receveur DeAndre Hopkins pour de longues portions du match. La recette choisie par les Pats – qui est monnaie courante dans la NFL – a été de confier à leur meilleur demi de coin, Malcolm Butler, la mission de couvrir pas à pas le deuxième receveur de l’équipe, en l’occurrence Nate Washington, en sachant que Butler pourrait remporter cette bataille sans obtenir d’aide.
Pendant ce temps, le deuxième meilleur demi de coin, Logan Ryan, a eu le mandat de ralentir Hopkins, mais avec l’aide omniprésente d’un maraudeur. Cette double couverture a fourni les résultats escomptés, puisque la cible préférée de Hoyer a été limitée à trois attrapés pour des gains totaux de 52 verges. Les quarts n’ont d’ailleurs décoché que six fois des passes à son intention alors que sa moyenne de la saison était précédemment de 13. Encore là, du travail bien fait.
Cette victoire de la Nouvelle-Angleterre, combinée aux revers des Broncos de Denver et des Bengals de Cincinnati, donne un regain de vie important aux Pats, qui ont repris le premier rang de l’AFC, une semaine après avoir dégringolé en troisième place. S’ils terminent avec trois victoires, les Patriots bénéficieront du crucial avantage du terrain et d’un laissez-passer.
Quel gâchis pour Denver en 2e demie!
Parlant des Broncos, leur performance de dimanche a été beaucoup moins inspirante. Simplement dit, ils ont perdu la partie en première demie, alors qu’ils ont dû se contenter de quatre bottés de placement malgré qu’ils aient menacé dans la zone payante à trois reprises. Leur priorité à la mi-temps aurait dû être passablement plus grande que le coussin de 12-0 qu’ils se sont offerts. La dynamique du match aurait été complètement différente si les hommes de Gary Kubiak avaient fait preuve d’opportunisme tôt dans le duel.
Pour la deuxième semaine d’affilée, Denver n’a pas inscrit un seul point au tableau durant les 30 dernières minutes de la partie. À San Diego, cela n’avait pas été dommageable car les Chargers étaient à plat, mais les Raiders d’Oakland, eux, ont saisi la chance qui se présentait à eux.
Disons-le, le quart Brock Osweiler n’a pas reçu beaucoup d'aide de son groupe de receveurs. Tour à tour, Demaryius Thomas et Vernon Davis ont été coupables d'échappées coûteuses. Sauf qu’Osweiler a néanmoins sa part de blâme. J’arrive encore mal à m’expliquer qu’un quart mesurant 6 pieds et 8 pouces voit autant de ses passes être rabattues à la ligne d’engagement. Entre la nonchalance des receveurs, l’efficacité intermittente du quart et l’inaptitude de la ligne à l’attaque en blocage, il y avait toujours un élément qui clochait en deuxième demie.
Mais ce qui me chicote le plus, c’est vraiment la facilité avec laquelle les Broncos ont laissé le meilleur joueur défensif des Raiders, Khalil Mack, prendre littéralement le contrôle de la rencontre à partir du troisième quart. Le no 52 des Raiders a changé l’allure du match à lui seul! Pensez-vous sincèrement que les Pats auraient laissé Mack réussir cinq sacs du quart et bousiller le travail entier de l’attaque? Poser la question, c’est d’y répondre. Avec cette superbe prestation, Mack a égalé la marque de l’un des grands de l’histoire de la concession, Howie Long, une vedette des années 70 à Oakland.
Souhaitons maintenant aux Broncos de tirer des leçons de cette douloureuse expérience.
Le rouleau compresseur des Panthers
Et on ne veut faire un retour sur la 14e semaine de la NFL sans vanter les mérites des Panthers de la Caroline, toujours parfaits à la suite d’un gain écrasant de 38-0 sur les Falcons d’Atlanta.
C’est comme si d’entrée de jeu, Cam Newton et sa bande avaient voulu envoyer le message suivant à leurs rivaux : « N’y pensez même pas une seconde, on est ici pour gagner! » Après trois séquences offensives, les Panthers avaient déjà autant de majeurs au tableau, de même qu’une avance de 21-0 après un quart.
La recette est toujours la même pour Ron Rivera et son club. Il n’y a pas de crise d’identité dans cette formation : une défense irréprochable qui cause des revirements (cinq sacs, deux interceptions, quatre échappées provoquées dont deux récupérées), mais aussi du jeu au sol soutenu, qui leur ouvre la voie pour du « play action » de temps à autres. Et les fois qu’on privilégie le jeu aérien, Newton repère ses cibles avec beaucoup d’aisance. Dimanche, il s’est attaqué aux zones profondes et c’est Ted Ginn fils qui en a été l’héritier. Au total, Newton n’a tenté que 21 passes, mais quatre d’entre elles ont permis de récolter 150 verges (pour un total de 56 % de ses gains totaux de 265 verges). Bref, un jeu explosif n’attendait pas l’autre!
Pendant ce temps, la débandade ne semble pas près de connaître un dénouement à Atlanta. Ce cuisant revers était le sixième d’affilée des Falcons, qui ont perdu tous leurs repères. Défense, attaque, indiscipline… Autant d'aspects du jeu qui ont fait cruellement défaut dès le premier sifflet en Caroline. Et mine de rien, le pointage cumulatif des deux dernières confrontations entre ces deux rivaux de division : 72-3! De sérieuses remises en question se pointent à l'horizon pour les hommes de Dan Quinn.
Un petit mot en terminant pour féliciter le quart des Seahawks de Seattle, Russell Wilson, pour l’impeccable boulot réalisé au cours du derniers mois. Un déclic s’est produit récemment et il m’impressionne énormément. Depuis qu’il est devenu le quart partant des Seahawks en 2012, on a souvent répété qu’avec une défense aussi talentueuse et l’un des meilleurs jeux au sol du circuit, il n’avait pas à se démarquer pour faire la différence. Mais force est d’admettre que c’est rendu son équipe.
On disait de lui que pour tirer son épingle du jeu, il devait courir et improviser à profusion. Ses dernières performances sont la preuve que ses aptitudes ne se limitent pas à cela. Pas moins de 16 passes pour le majeur depuis quatre semaines, un pourcentage de réussite de 75 %, et tout cela sans être victime de la moindre interception. C'est l'évidence même; Wilson est de plus en plus à l’aise dans la pochette. Et sa mobilité n’est pas disparue pour autant : il a aussi fourni 101 verges par la course durant cette période. En dépit des blessures qui s’accumulent (Jimmy Graham, Marshawn Lynch et Thomas Rawls), il continue de fonctionner à plein régime. C’est vraiment une autre dimension que Seattle est en train de nous montrer.
À ce point-ci, on peut affirmer sans se tromper que l’équipe qui aura le mandat d’affronter les Seahawks en match éliminatoire ne sera pas nécessairement enchantée!
* Propos recueillis par Maxime Desroches