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Avant-match

La NFL continue de naviguer au travers de la pandémie de la COVID-19 et elle parvient à garder le cap malgré quelques vagues. On en est donc à la septième semaine d’activités dans le circuit Goodell avec une confrontation qui a justement été victime un peu plus tôt dans la campagne d’un chambardement en raison du coronavirus.

Nous aurons finalement droit au duel entre les Titans du Tennessee et les Steelers de Pittsburgh. Les deux formations se présentent avec une fiche parfaite de cinq victoires contre aucun revers ce qui rend cet affrontement alléchant.

J’en conviens que parfois lorsque l’on regarde des duels sur papier, on est en droit de s’attendre à beaucoup et ce n’est pas toujours ce qui est livré. On a eu un bel exemple pas plus tard que la semaine dernière, alors que les Buccaneers de Tampa Bay ont remporté un match à sens unique devant les Packers de Green Bay. Je pourrais dire la même chose aussi de la victoire des Steelers contre les Browns de Cleveland.

Les enjeux sont présents, car les deux équipes évoluent dans l’Association américaine, et cette année, en raison du format des éliminatoires, une seule équipe par association va bénéficier d’un laissez-passer au premier tour. Je ne veux évidemment pas écarter les Chiefs de Kansas City et les Ravens de Baltimore de cette course même si ces deux équipes ont encaissé un revers cette saison. Il faut dire qu’une statistique peut ajouter à l’importance de cette confrontation. Ce sera la cinquième fois que des équipes avec des fiches parfaites s’affrontent lors de la septième semaine d’activités ou plus tard dans le calendrier. Lors des quatre premiers matchs, le gagnant a éventuellement participé au Super Bowl. Donc je ne veux mettre aucune pression supplémentaire sur les Titans et les Steelers, mais ils peuvent s’en servir comme une source de motivation. La dernière fois que la situation s’était produite, c’était lors de la huitième semaine d’activités en 2015, alors que les Broncos de Denver avaient vaincu les Packers de Green Bay pour éventuellement avoir le meilleur sur les Panthers de la Caroline au Super Bowl L. Ce n’est pas une garantie, mais c’est tout de même intéressant de voir le possible enjeu.

Les Titans et les Steelers ont toutefois chacun encore des choses à prouver malgré leur fiche de 5-0. Ils n’ont eu raison des équipes avec une fiche positive qu’à une seule occasion, les Bills de Buffalo pour le Tennessee et les Browns pour ce qui est de Pittsburgh.

Ils ont fait ce qu’ils devaient faire jusqu’à maintenant, mais il s’agit d’un nouveau test.

Les deux équipes n’ont donc pas besoin de motivation supplémentaire en vue de leur affrontement, mais on peut comprendre ce qui les anime. L’entraîneur-chef des Titans, Mike Vrabel a rapidement fait savoir après l’épisode de la COVID-19 qu’il n’y aurait pas d’excuses pour le peu de temps de préparation, alors que les Titans ont tout de même signé deux victoires en six jours après leur repos forcé.

Les Titans ont depuis embrassé l’idée qu’ils sont les mal-aimés de la NFL, alors qu’ils ont malheureusement été les premiers véritablement avec une éclosion importante de la COVID-19 dans leur vestiaire. Ils jouent la carte que c’est eux contre le reste de la NFL et ça fonctionne jusqu’à maintenant.

Les Steelers ont aussi un petit goût amer en pensant aux Titans, car en raison de leur match qui a été reporté, ils ont obtenu leur semaine de congé bien plus tôt que prévu dans la saison ce qui fait en sorte qu’ils font face à un marathon pour clore la campagne. Le moindre détail peut servir ici aux entraîneurs pour motiver leur troupe.

Nous aurons sur le terrain deux équipes qui prônent le jeu physique et qui veulent gagner dans les tranchées. Vous me connaissez pour ceux qui me lisent régulièrement, j’aime bien aborder ce sujet, mais dans le cas des Steelers et des Titans, on sent qu’ils en font une fierté de dominer l’adversaire sur le plan de la robustesse.

Les deux formations protègent bien le ballon et on les retrouve parmi les meneurs de la NFL pour le ratio des revirements, Tennessee à plus-6 et Pittsburgh suit à plus-5. L’adversaire n’obtient rien gratuitement et doit travailler dur pour récupérer le ballon ce qui promet avec cette confrontation.

Henry aura chaussure à son pied

Lorsque vient le temps d’analyser plus en profondeur les forces en présence, on n’a pas le choix de s’attarder à ce duel de la défense des Steelers contre le porteur de ballon le plus productif au chapitre des verges dans la NFL, Derrick Henry.

C’est le rideau de fer qui est de retour pour décrire la ligne défensive à Pittsburgh, alors qu’elle vient de menotter le meilleur jeu au sol de la NFL, celui des Browns. Les porteurs de ballon ont été limités à 75 verges en 22 courses.

Cette fois, c’est Henry qui doit être freiné et la tâche ne s’annonce pas mince. Ce qui m’impressionne dans la défense des Steelers, c’est oui le nombre de verges au sol accordées par match (66,2 vgs), mais surtout les verges allouées par course et ils viennent au deuxième rang avec une maigre moyenne de 3,3 verges par portées.

Henry n’est toutefois pas no 1 dans la Ligue chez les demi-offensif pour rien. Il ne cesse de faire les faits saillants dans les dernières semaines, que ce soit lorsqu’il a violemment repoussé avec son bras Josh Norman, ou encore avec un touché après une course de 94 verges contre les Texans de Houston la semaine dernière. À ce titre, il a enregistré sa septième course 50 verges ou plus depuis 2018 seulement. C’est ahurissant pour un joueur de sa stature à 6 pieds 3 pouces et 250 livres.

Il faut aussi dire que parfois, Henry a besoin de temps avait de piétiner les défenses adverses. Il peut lui arriver d’être limité à des courses de trois ou quatre verges avant de finalement exploser au quatrième quart avec ses meilleures séquences.

Le crédit revient ici au sélectionneur de jeux qui est patient avec son jeu au sol. Il laisse sa ligne à l’attaque bousculer le front défensif, l’épuiser pendant trois quarts et c’est souvent dans les 15 dernières minutes de jeu qu’Henry se lève.

Les Titans ne s’en cachent pas aussi qu’ils veulent courir, alors qu’ils utilisent à profusion des formations musclées avec deux ailiers rapprochés ou même un sixième joueur de ligne. Ils veulent épuiser l’adversaire avec tous ces contacts et le travail en début de match rapporte au final.

C’est certain que les Titans ont encaissé un dur coup avec la perte du bloqueur à gauche Taylor Lewan, mais les Steelers ont aussi perdu un soldat avec le secondeur intérieur Devin Bush.

J’ai hâte de voir le travail de la ligne à l’attaque des Titans et selon moi, elle devra chercher à faire un match nul avec ses rivaux sur la ligne défensive. Pourquoi je dis que les Titans peuvent se contenter d’un match nul? Car ce sera une victoire en soit si les joueurs des Steelers ne parviennent pas à se retrouver dans le champ-arrière pour plaquer Henry à répétitions.

Une statistique m’a sauté aux yeux à ce sujet, alors que les Steelers ont déjà réalisé 49 plaqués pour des pertes, donc, ils parviennent souvent à franchir la ligne de mêlée. C’est un cauchemar pour un porteur de ballon et pour Henry, il faut le frapper avant même que la course ne commence. Il ne doit pas être capable de prendre son élan.

Pour que les Titans aient du succès au sol, la ligne à l’attaque doit donner la chance à Henry d’atteindre la ligne de mêlée sans être dérangé.

Les Steelers causent autant d’ennuis aux équipes adverses puisqu’ils n’hésitent pas à envoyer plusieurs joueurs pour appliquer de la pression que ce soit pour une passe ou une course.

Ils placent également souvent cinq joueurs sur la ligne d’engagement ce qui offre des confrontations à un contre un. C’est impossible pour les bloqueurs de s’aider et chacun doit gagner sa bataille.

La pression peut arriver de partout avec la défense de la formation de la Pennsylvanie, alors qu’il n’est pas rare de voir le demi-défensif Mike Hilton se lancer vers le champ-arrière adverse. Il a enregistré cinq plaqués pour des pertes cette saison.

Le secondeur intérieur Vince Williams a quant à lui réussi 10 plaqués en pareille situation et T.J. Watt a le même nombre. Dans son cas, vous allez le voir à différentes positions sur le terrain pour empêcher l’adversaire de le cibler. C’est un véritable casse-tête pour la protection.

Les Steelers vont espérer que cette recette fonctionne, car ils devront aussi se mettre à plusieurs pour rabattre au sol Henry. Ce n’est pas possible avec lui de le plaquer avec un seul bras comme c’est le cas avec d’autres porteurs de ballon. Ils devront se débarrasser de leur bloqueur pour accueillir le demi-offensif et réaliser un plaqué solide. Lorsque tu accordes 3,3 verges par course, c’est un signe que les éléments sur ta ligne défensive font le travail. Autour de 5 verges, ce sont les secondeurs qui participent au plaqué et par la suite on va à la tertiaire ce qui n’est pas bon signe.

Une manière de contrer une boîte défensive aussi chargée est d’opter pour le jeu aérien et les Titans n’hésitent pas à lancer en début de rencontre. Ils savent que les fronts défensifs s’attendent à la course, alors ils se tournent vers le bras de Ryan Tannehill. Après quelques longs jeux sur les lignes de côté avec A.J. Brown, le pari est que la défense s’ajuste et il alors possible de revenir avec Henry pour le jeu au sol. Le receveur des Titans connaît du succès depuis son retour au jeu avec 140 verges et trois touchés en deux rencontres.

Les Titans peuvent inscrire des points rapidement par la passe et le jeu au sol vient ensuite leur permettre de contrôler le rythme du match. C’est une attaque efficace qui a inscrit 18 touchés en 23 présences dans la zone payante. Elle est capable de conclure ses séquences et d’éviter les revirements.

Les Steelers voudront toutefois réaliser de gros jeux comme ils l’ont fait contre les Browns. Cleveland a échoué en trois tentatives de quatrième essai lors de leur confrontation. Cette saison, Pittsburgh a empêché l’adversaire d’obtenir un premier jeu six fois en sept occasions lors des quatrièmes essais. La NFL ne le fait pas, mais j’ajoute ce nombre aux 9 revirements des Steelers pour voir que cette unité a redonné le ballon à son attaque 15 fois.

Ce sera un élément central à surveiller pour le succès des Titans à l’attaque, car son unité défensive ne sera pas en vacances devant Ben Roethlisberger et son unité offensive.

Big Ben comme au basketball

On n’en parle peu de l’unité défensive du Tennessee qui vient au 26e rang pour les verges allouées, au 28e échelon contre la passe, à nouveau le 26e rang pour le jeu au sol, mais elle se pointe 15e pour les points alloués. Elle limite les dégâts pour les points et peut également réussir sa part de revirement avec neuf jusqu’ici cette saison.

Elle aura un tout autre défi ce dimanche en raison de l’équilibre et la distribution au sein de l’attaque des Steelers. Ce serait les deux mots pour décrire leur unité offensive.

Je parle d’équilibre, car elle a opté pour 159 courses contre 166 jeux par la passe. Pour ce qui est de la distribution, il y a toujours sur la feuille de match au moins cinq joueurs qui ont couru avec le ballon et huit receveurs qui ont été visés par Big Ben. Comme un meneur de jeu au basketball, le quart-arrière distribue le ballon à ses coéquipiers sur le terrain. Il y a cinq receveurs qui ont été visés entre 20 et 28 fois ce qui n’est pas banal. C’est vrai que le Canadien Chase Claypool est celui qui marque les touchés dernièrement, mais l’attaque peut frapper de n’importe où. Il vient continuer la tradition d’excellence des Steelers quant à la sélection de receveurs. Les Steelers repêchent rarement à cette position en première ronde, mais elle ne rate pas son coup. Hines Ward est un choix de troisième ronde, Antonio Brown a été sélectionné en 6e ronde, et JuJu Smith Schuster et Claypool ont été nommés au deuxième tour.

L’attaque des Steelers est aussi opportuniste, alors qu’elle a inscrit 28 points à la suite de revirements devant les Browns (trois fois sur des quatrièmes essais et les deux interceptions). C’est du bon football complémentaire et un bon moyen de remercier son unité défensive.

De quoi donner des maux de tête pour les stratégies défensives adverses. C’est à se demander où les Titans vont vouloir mettre leurs efforts pour les arrêter.

*Propos recueillis par Maxime Tousignant