Un mandat parfaitement rempli par les Chiefs de Kansas City
NFL lundi, 26 déc. 2016. 17:39 samedi, 14 déc. 2024. 03:43Quelle performance nous ont offert les Chiefs de Kansas City à heure de grande écoute dimanche, soir de Noël, face aux Broncos de Denver!
En tant qu’ancien joueur de la ligne offensive, c’est une unité que j’ai tendance à suivre attentivement lors de mes analyses. Celle des Chiefs a fourni un effort colossal – le mot n’est pas trop fort – devant ses partisans.
Il faut dire que le scénario était rêvé : on avait devant nous un match joué au Arrowhead Stadium devant une foule en liesse, un 25 décembre, contre l’ennemi juré de surcroît. Et si ces arguments n’étaient pas suffisants, s’ajoutait aussi la possibilité d’écarter officiellement du portrait éliminatoire les Broncos, vainqueurs du dernier Super Bowl.
Lorsqu’on décortique le travail d’une ligne à l’attaque, il est parfois difficile de s’appuyer sur des statistiques. Sauf qu’en observant les chiffres obtenus par le jeu au sol et la protection fournie au quart-arrière, on a déjà une vue globale. On peut dire que ces deux aspects ont été réalisés à la perfection dimanche : les Chiefs ont couru 37 fois pour des gains de 238 verges (une superbe moyenne de 6,4 verges par course) et ont opté pour la passe 36 fois sans accorder le moindre sac aux Broncos. Seulement quatre fois, Alex Smith a été frappé par ses rivaux après que ses passes aient été décochées. La passe piège a aussi fonctionné à merveille.
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Clairement, la ligne a fait le boulot en réduisant au silence le front défensif adverse. Et on ne parle pas des premiers venus. On avait affaire après tout à Von Miller, DeMarcus Ware, Shane Ray et compagnie. Ces joueurs n’ont pas été en mesure de déranger le travail de l’attaque aérienne des Chiefs.
L’équilibre que la troupe d’Andy Reid a réussi à établir entre la course et la passe a été salutaire. En plus de protéger Smith en faisant confiance au jeu au sol, cela a aussi eu pour effet d’épuiser le front défensif. Beaucoup d’énergie est déployée à réussir des blocs et à partir en poursuite afin de réaliser les plaqués.
Les Chiefs ont utilisé à bon escient des types de blocs très variés : blocage isolé, blocage en puissance, blocage à contre-courant… D’ailleurs, quatre joueurs différents ont enregistré au moins une portée. Bref, on a vu de la diversité dans cette facette.
Smith s'est bien servi de ses jambes
J’ai aimé voir Alex Smith être intégré au jeu de course. Avant cette rencontre, le vétéran quart, qui possède pourtant une belle mobilité, n’affichait que 67 verges de gains au sol. Dimanche contre Denver, il en a récolté 46. Une de ses courses s’est d’ailleurs soldée par un touché sur une distance de 10 verges. Je suis personnellement d’avis que les Chiefs devront retourner à cette tactique au cours des semaines à venir.
Après tout, l’attaque de Kansas City est loin d’être « verticale », en ce sens qu’on ne privilégie que très rarement les longs jeux de passe. On préfère de loin obtenir des verges après l’attrapé. Ainsi, il faut trouver des façons créatives d’ajouter une autre dimension à l’approche des matchs éliminatoires. L’une d’elles est évidemment d’intégrer Smith à l’attaque par la course.
À cet égard, n’oublions pas que Smith avait totalisé 498 verges au sol lors de la saison 2015. Il est plus que capable de contribuer dans cette facette, et parions que lorsque les Chiefs disputeront des matchs sans lendemain, on se fiera davantage à lui que lors de l’ensemble de la saison régulière.
Les Chiefs étaient bien conscients qu’à leurs deux dernières sorties, face aux Titans du Tennessee et contre les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, les Broncos n’avaient inscrit que trois et 10 points. Sachant qu’ils n’étaient pas confrontés à une attaque explosive, ils ne ressentaient pas la nécessité de forcer le jeu. La patience était donc la tactique à employer, surtout compte tenu du fait que Denver demeurait malgré ses récents insuccès la meilleure défense de la NFL en couverture des receveurs de passes.
Et c’est sans compter que la défense des Broncos est vulnérable en raison de l’incapacité des joueurs offensifs à générer de longues et productives séquences. Inévitablement, cela allait tôt ou tard aider les Chiefs.
Kelce m'a épaté
Cela m’apparaît évident que les Chiefs avaient identifié les secondeurs intérieurs et les maraudeurs comme étant des joueurs dont les lacunes pouvaient être exploitées. La preuve est que parmi les 244 verges aériennes obtenues par le clan victorieux, 220 sont allées aux ailiers rapprochés Travis Kelce et Demetrius Harris, ainsi que le porteur de ballon Spencer Ware.
Avec le trio de demis de coin des Broncos formé de Chris Harris, Aqib Talib et Bradley Roby, il n’y avait pas lieu de s’obstiner à envoyer le ballon dans cette direction. La solution simple, celle de s’attaquer aux faiblesses, a donné les résultats souhaités.
Quelle performance magistrale de Kelce, auteur de 11 attrrapés pour des gains de 160 verges et un majeur! Il s’agissait de la meilleure performance enregistrée par un ailier rapproché des Chiefs. Ce n’est pas peu dire lorsqu’on sait que Tony Gonzalez a évolué longtemps dans cette organisation.
Il a contribué dans toutes les facettes, notamment avec quelques blocs clés, l’un sur le touché de Smith, l’autre sur celui de Tyreek Hill. Bref, il a été carrément dominant, mais c’est sur son touché de 80 verges qu’il m’a le plus impressionné. Ça prend réellement des qualités athlétiques spéciales pour traverser le terrain sur une passe à la ligne d’engagement à un joueur possédant un tel gabarit. Des ailiers rapprochés qui réussissent ce genre de jeux, je n’en ai pas vu beaucoup! Il a vraiment joué le match de sa vie.
Finalement, ç’a été réconfortant de voir les Chiefs marquer des points au quatrième quart parce que cela faisait trois matchs de suite que l’équipe ne marquait pas de point à l’offensive lors des deux derniers quarts. Pas la moindre contribution de l’attaque face aux Falcons d’Atlanta, face aux Raiders d’Oakland et face aux Titans durant les sorties précédentes.
À Atlanta, on avait réussi à inscrire neuf points, mais ceux-ci avaient été obtenus par les joueurs des unités spéciales. Cette fois, les Chiefs ont dû être soulagés de leur production de 12 points durant les 15 dernières minutes.
Il est certain que le touché sur un jeu truqué durant ce quatrième quart retiendra l’attention. La passe du plaqueur Dontari Poe en direction de Demetrius Harris était un jeu qu’il n’était pas nécessaire d’appeler dans le contexte de l’affrontement, les Chiefs étant déjà bien installés en avance.
Personnellement, ce n’est pas le jeu pour lequel j’aurais opté. Plusieurs diront que les Chiefs en ont beurré épais là-dessus. Ceux qui voudront se faire l’avocat du diable diront que l’équipe était à la porte des buts, que c’est bon pour la confiance d’un club qui peinait à inscrire des points en deuxième moitié de match, et que la foule a apprécié ce geste des entraîneurs.
Même si je reconnais que ce jeu a mis le point d’exclamation sur une excellente soirée pour les Chiefs, il reste néanmoins qu’à leur place, j’aurais préféré conserver ce genre de jeu truqué dans ma manche pour une situation plus corsée.
À la blague, on peut dire qu’il sera intéressant de voir si l’utilisation de ce jeu empreint d’une certaine arrogance nuira au karma des Chiefs au mois de janvier!
Des remises en question à Denver
Un mot en terminant sur la saison des Broncos, qui est officiellement terminée après avoir commencé le calendrier avec quatre victoires consécutives.
Après 10 semaines d’activités, les hommes de Gary Kubiak montraient un dossier satisfaisant de 7-3. À ce moment, on spéculait à l’idée qu’on pourrait retrouver trois formations issues de la division Ouest de l’AFC dans le calendrier d’après-saison.
Sauf que le revers crève-cœur subi en prolongation contre ces mêmes Chiefs – à domicile de surcroît – lors de la 12e semaine a été l’élément déclencheur qui a annoncé le pire pour l’équipe du Colorado. Depuis cette confrontation, elle n’a gagné qu’un seul match. Comme on dit, « la chaîne a débarqué » à cet instant précis. Les Chiefs les ont carrément assommés.
Le revers de dimanche a aussi confirmé que pour la première fois depuis 2003, les deux finalistes du Super Bowl rateront le rendez-vous éliminatoire. La dernière fois, il y a 13 ans, les Raiders et les Buccaneers de Tampa Bay avaient été incapables de se qualifier.
La plus grande frustration de cette équipe, à mon avis, a été le travail cahoteux de la ligne offensive, qui a fragilisé le travail de l’ensemble de l’offensive toute l’année, surtout vers la fin. La perte de C.J. Anderson a aussi pesé lourd car la menace du jeu au sol a pratiquement disparu à ce moment. La feinte de course ne fonctionnait plus aussi bien dans ce contexte.
Je trouve que Trevor Siemian, dans les circonstances, n’a pas été vilain. Il a fait ce qu’il a pu malgré le manque flagrant de protection et l’absence d’une menace au sol.
Dimanche, il jouait sans ailier rapproché, et ses receveurs de passes ont fait très peu pour se démarquer et s’offrir en options.
Si on regarde les ratios passe/course de Denver ces dernières semaines, ce n’est rien de bien reluisant : 52-9 face aux Titans, 40-17 contre les Pats et 43-14 face aux Chiefs. Difficile pour un quart recrue d’exceller lorsque son attaque devient aussi prévisible.
Et c’est dommage, car je trouve qu’il démontre une bonne attitude et garde son sang-froid. Il aurait mérité un meilleur sort.
Tout cela pour dire que John Elway et les Broncos ont du pain sur la planche afin d’aligner une attaque plus compétitive en 2017.
* propos recueillis par Maxime Desroches