L’université du football
NFL vendredi, 6 juin 2014. 08:00 samedi, 14 déc. 2024. 01:51MONTRÉAL – L’Université de Montréal est un vaste complexe universitaire bordé par le mont Royal. Et sur les flancs de la célèbre colline de la métropole se retrouve le CEPSUM. Sans s’en douter il y a quatre ans, un jeune homme a commencé dans ce stade un parcours post-collégial qui le mènerait à devenir le premier joueur de l'histoire des Carabins à dénicher un contrat dans la NFL.
Son nom : David Foucault. Il est facile de l’identifier sur un terrain de football. Il est une tête – et même deux – au-dessus de tout le monde du haut de ses six pieds huit pouces et sa longue crinière blonde a toujours fait contraste avec le bleu royal du chandail des Carabins.
Le joueur de ligne offensive est choyé depuis trois semaines. Le 13 mai dernier, les Alouettes de Montréal, l’équipe qu’il idolâtrait dans sa jeunesse, l’ont repêché au cinquième rang au total dans la Ligue canadienne. Quatre jours plus tard, il apposait sa signature sur un contrat de la NFL avec les Panthers de la Caroline.
Foucault ne pouvait espérer mieux. Dix-huit jours après avoir conclu une entente avec la formation dirigée par l’entraîneur-chef Ron Rivera, le bloqueur de 25 ans était toujours sur un nuage à Charlotte dans l’État de la Caroline du Nord.
« C’est une place de rêve. On est traité comme des rois. C’est une grosse organisation. Tout est concentré sur le football et on fait ça à plein temps. C’est mon rêve qui se réalise », a relaté mercredi lors d'un entretien téléphonique celui qui a étudié en criminologie à l’UdeM.
Comme la plupart des étudiants, Foucault a été bien préparé pour sa vie sur le marché du travail pendant ses quatre années universitaires.
Le natif de Lasalle s’est baladé des salles de classe au gymnase lors de son séjour à l’université. Ses journées de travail – de plus de 12 heures – sont du même genre.
« À ce niveau, tu étudies le football. Tu dois connaître tous les jeux et les formations. […] Étant donné que je suis une recrue, on fait plus de réunions. Quand je reviens à ma chambre d’hôtel le soir, j’ai le temps de manger. Ensuite, je commence mes devoirs et j’étudie pour que je sois prêt le lendemain parce que je ne veux pas faire d’erreur », a raconté celui qui est devenu un joueur de ligne offensive il y a trois ans et qui évolue comme bloqueur à gauche avec les Panthers.
La transition se passe à merveille pour le colosse. Quelques jours après la mise sous contrat de Foucault, Rivera l’a décrit comme « un joueur intriguant » et a aussi ajouté que ce dernier s’adaptait bien. Les dirigeants de l’équipe, qui compte sur Cam Newton comme quart-arrière, sont également impressionnés par les qualités athlétiques et l’éthique de travail de Foucault. Une éthique qu’il reconnaît avoir apprise avec les Carabins grâce à Danny Maciocia et sa manière de préparer ses joueurs pour le football professionnel.
Le résident de La Prairie considère lui aussi que son adaptation se passe bien tant hors du terrain que sur le terrain.
« Je suis dans la moyenne, a-t-il avoué humblement. Ça bouge tellement vite. Ce n’est plus un pas et tu pousses. C’est vraiment un autre niveau. Il y a tellement d’affaires à apprendre en si peu de temps et il faut que tu apprennes vite. C’est vraiment un souci du détail. Je m’adapte au tempo du niveau de jeu. »
Plus blond que jamais
Comme son ancien adversaire Laurent Duvernay-Tardif qui se retrouve avec les Chiefs de Kansas City, Foucault doit faire face à une autre nouvelle réalité : la chaleur extrême!
« Je n’ai jamais ressenti ça. Ce n’est pas l’été canadien ici. C’est compliqué les pratiques dehors. Il faut boire énormément d’eau. Je suis rendu blond, blond, blond! », a raconté le sympathique gaillard qui doit reprendre le poids perdu, lui qui pèse aujourd’hui 305 livres et qui vise une masse corporelle de 315 livres.
Foucault a droit aux taquineries usuelles pour un Québécois en sol américain alors qu’il fait parfois rire ses coéquipiers lorsqu’il a de la difficulté à prononcer un mot. Mais il assure que ce n’est jamais fait méchamment et qu’il a une excellente relation avec tous les membres de l’organisation.
« Chaque fois que je croise l’entraîneur-chef, on se parle un petit peu. Même chose avec le directeur général. Les recrues ne sont pas mises de côté. On fait partie de l’organisation », a-t-il expliqué.
« On est vraiment bien encadré. C’est vraiment une belle organisation. Comme je dis à tout le monde, on n’est pas arrivé ici comme des nobody. Les vétérans nous aident tout le temps. Si nous commettons une erreur, il n’y a pas juste l’entraîneur qui va nous corriger. Les vétérans aussi et ils vont nous donner des trucs », a renchéri le produit des Lynx du Cégep Édouard-Montpetit.
Des remerciements à Jim Popp en personne
David Foucault a dû quitter le Québec très peu de temps après qu’il eut appris qu’il était le choix de première ronde des Alouettes.
Le Québécois est trop occupé pour garder un œil sur le camp d’entraînement des Moineaux, mais il en prend des nouvelles via des amis qui font partie de l’organisation montréalaise.
Son ancien coéquipier sur la ligne offensive des Carabins, Simon Légaré, participe à son deuxième camp professionnel. Légaré, un choix des Alouettes en 2013, était revenu disputer une cinquième saison avec l’UdeM l’an dernier, mais une sérieuse blessure au genou dès le premier match avait mis fin à sa campagne.
« J’ai deux ou trois de mes chums qui y sont, dont Simon. Je lui parle souvent. On se donne des nouvelles sur comment ça se passe de nos côtés respectifs. C’est vraiment plaisant. C’est sûr que je suis content d’avoir été repêché par les Alouettes », a lancé Foucault.
Dans l’empressement du départ pour la Caroline du Nord, la nouvelle recrue de la NFL n’avait jamais eu la chance de remercier le directeur général des Alouettes, Jim Popp.
La vie est parfois bien faite et ce fut le cas pour Foucault qui a pu offrir ses remerciements à Popp en personne.
Les deux hommes se sont croisés lors de l’épreuve de la Coupe Sprint à Charlotte, il y a deux semaines, étant donné que le grand patron des Alouettes possède une maison en Caroline du Nord.
« J’avais essayé de l’appeler cette semaine-là pour le remercier de m’avoir repêché. Je suis allé avec d’autres joueurs (des Panthers) au NASCAR et c’est là que je l’ai croisé. Il avait lui aussi des billets. On s’est beaucoup parlé et c’était vraiment drôle et plaisant », a raconté celui qui a un bon plan B avec les Alouettes si jamais l’aventure de la NFL ne fonctionne pas.