En étant repêché au 200e rang au total par les Chiefs de Kansas City, Laurent Duvernay-Tardif savait qu’il devrait se battre pour faire sa place. Ce qu’il ignorait, c’est qu’il allait le faire dans une ambiance totalement amicale.

Depuis maintenant trois semaines, le joueur de ligne offensive québécois est à Kansas City où il a pris part au camp des recrues puis à la dernière étape avant le camp d’entraînement officiel, les OTA (activités d’équipe organisées).

« La chose qui me surprend le plus, c’est à quel point tout le monde est gentil. Tout le monde connaît ton nom. Les vétérans sont très coopératifs et m’aident. Je m’attendais à un environnement vraiment compétitif où les joueurs recrues sont exclus et qu’ils doivent faire leur place », a lancé Duvernay-Tardif dans un entretien téléphonique avec le RDS.ca la semaine dernière.

L’ancien bloqueur des Redmen de McGill ne s’attendait pas à un accueil aussi chaleureux dans le circuit Goodell. Mais son entraîneur-chef Andy Reid a fait de créer un esprit de famille l’une de ses priorités. Un slogan rappelant ce principe orne le complexe d’entraînement des Chiefs.

Laurent Duvernay-Tardif« Je pensais arriver là-bas comme un inconnu. Peut-être que c’est parce que je suis un choix au repêchage, mais tout le monde prend soin de moi. Tout le monde te salue quand il te voit. C’est vraiment une famille. De ce que j’ai entendu, c’est propre aux Chiefs, mais je ne peux pas comparer parce que je n’ai rien vu d’autre », a confié celui qui est l'aîné de trois enfants dans sa propre famille.

Depuis le 11 mai dernier, soit la journée après le repêchage, Duvernay-Tardif loge dans une suite d’hôtel – qui ressemble à un appartement – en compagnie des autres joueurs de ligne offensive recrues.

L’athlète de six pieds cinq pouces et maintenant 315 livres a développé une belle complicité avec les autres joueurs qui occupent la même position que lui. Tels des étudiants – un monde que connaît bien Duvernay-Tardif –, le groupe révise leurs notes et étudie le cahier de jeu le soir venu. Mais avant de parfaire leurs connaissances, les imposants joueurs partagent un bon souper cuisiné sur le barbecue.

Celui qui a été repêché par les Stampeders dans la Ligue canadienne a aussi fait la connaissance des vétérans des Chiefs.

« Il y a plein de joueurs de ligne offensive qui t’invitent à leur domicile pour aller souper. Je ne m’attendais pas à ça. Jusqu’à maintenant, je suis tellement impressionné par l’ouverture de tout le monde », a relaté celui qu’on surnomme Larry et LDT.

Seul bémol qu’il note, il fait extrêmement chaud dans le centre des États-Unis.

« Il fait environ 32 et 33 degrés Celsius, mais c’est extrêmement humide. Je suis dégoulinant après les entraînements », a-t-il exprimé en ne trouvant aucun autre point négatif à sa nouvelle vie de joueur professionnel.

« Pas que c’était un point d’interrogation, mais je n’avais jamais fait ça du football à temps plein et là c’est plus qu’à temps plein. Tu en rêves la nuit. Et jusqu’à maintenant, j’adore! », a-t-il ajouté.

Les yeux sur l’objectif

Malgré une ambiance conviviale, Laurent Duvernay-Tardif garde toujours la même éthique de travail qu’il s’est imposée depuis qu’il a l’ambition de jouer dans la NFL.

Lorsque la journée d’entraînement commence, sa concentration est utilisée pour en apprendre plus sur le football américain.

Le rythme endiablé des journées n’effraie pas le Québécois de 23 ans qui en a vu bien d’autres en alliant études en médecine et football pendant trois ans. Il y prend même goût.

Laurent Duvernay-Tardif« Il n’y a aucune minute de perdue. Tu cours de la réunion d’équipe pour aller te faire tes bandages pour ensuite te rendre sur le terrain. Mais personnellement, j’aime bien ça de cette manière parce que ça roule et tu ne vois pas le temps passer », a expliqué celui qui faisait la une du site des Chiefs lundi.

Duvernay-Tardif a raconté ne pas avoir de problème à compétitionner physiquement avec les joueurs de ligne défensive. Son plus grand apprentissage – de son point de vue – est d’analyser plus rapidement les fronts défensifs qui se présentent devant lui et d’apprendre les techniques qu’il n’a pas nécessairement encore toutes acquises.

Son arrivée hâtive à Kansas City lui a permis de se familiariser avec le livre de jeux des Chiefs, qui est évidemment beaucoup plus complexe et volumineux que celui des Redmen de McGill.

Celui qui a été utilisé comme garde et bloqueur pendant les entraînements sent qu’il rattrape déjà les joueurs de ligne à l’attaque en ce qui a trait aux lectures de défensive et au jeu de pieds. « L’écart se rétrécie, et à vue d’œil à part de ça. Mais je ne veux pas trop me comparer parce que toutes mes preuves restent à faire. »

Le choix de sixième ronde des Chiefs sent aussi avoir l’appui de son entraîneur de ligne offensive, Andy Heck, qui passe beaucoup de temps avec lui.

« Chaque fois que je me fais corriger, j’aime ça. Je ne veux pas parler pour lui (Andy Heck), mais j’ai l’impression qu’il veut vraiment que je m’améliore. Lorsque je ne fais pas bien un exercice, il me demande de revenir et de l’exécuter de nouveau. Il sait que pour moi il y a beaucoup de nouveautés alors il prend le temps et il me fait répéter. Je vois ça comme un compliment qu’il passe de son temps supplémentaire pour me faire apprendre », a observé le numéro 76 des Chiefs.

Il reste encore trois semaines aux activités d’équipe organisées chez les Chiefs et les joueurs bénéficieront ensuite d’un congé d’un mois avant le moment de vérité de Laurent Duvernay-Tardif, soit le camp d’entraînement.

Le Québécois reviendra assurément au Québec pendant ce séjour. Est-ce que ce sera son dernier voyage dans sa province natale jusqu’à la fin du calendrier régulier de la NFL? La réponse sera connue au mois d’août.