Antony Auclair n’a pas le temps de jeter un regard sur tout ce qu’il a accompli jusqu’à maintenant dans l’uniforme des Buccaneers de Tampa Bay alors qu’un nouveau défi se présente devant lui.

L’ailier rapproché québécois a gravi les échelons à une vitesse fulgurante depuis son arrivée dans la NFL et il pourrait bien grimper une autre marche dès cette fin de semaine lors du match contre les Panthers de la Caroline.

Avec la blessure à la cheville droite qui incommode l’ailier rapproché O.J. Howard, tout indique qu’Auclair aura sa part de présences sur l’unité offensive des Buccaneers d’ici la fin de la saison.

« Mon rôle risque de ressembler à celui que je remplissais lundi contre les Falcons à la suite de la blessure d'Howard. Je m’attends à avoir beaucoup de répétitions », a-t-il précisé lors d’une entrevue au RDS.ca.

« J’ai obtenu beaucoup de répétitions à l’entraînement cette semaine. Je risque d’être tout le temps sur le terrain lors des premiers et deuxièmes essais », prévoit-il en vue de la rencontre de dimanche.

Auclair n’a pas ménagé les efforts afin de se retrouver dans cette position. Après avoir été ignoré lors du repêchage de la NFL, il s’est entendu sur les termes d’un contrat de trois ans avec la formation de Tampa Bay. Les Bucs avaient d’ailleurs déjà eu un aperçu du talent du Québécois alors qu’ils avaient assisté à son Pro Day en mars dernier, auquel 16 autres équipes de la NFL s’étaient déplacées pour l’occasion. Auclair a par la suite été en mesure de se tailler une place au sein de la formation en septembre, malgré la congestion au poste d’ailier rapproché chez les Bucs.

Antony AuclairEn plus d’Howard qui a été sélectionné au 19e rang du dernier repêchage, Auclair se retrouvait parmi un groupe formé des vétérans Cameron Brate, Luke Stocker et Alan Cross.

C’est au sein de ce groupe qu’Auclair est parvenu à se frayer un chemin et à grappiller quelques minutes sur le terrain. Ce groupe a été réduit lorsque Stocker, vétéran de sept saisons dans l’uniforme des Bucs, a été libéré en novembre dernier.

La porte semble s’ouvrir pour Auclair avec la blessure d’Howard et l’athlète de 6 pieds 5 pouces et 256 livres est prêt à la franchir.

« Je me sens bien et je crois être prêt pour tout ça. Ma progression durant la saison c’est bien faite, donc je me considère prêt. Les entraîneurs font un bon travail pour nous préparer chaque semaine. Je suis excité », mentionne-t-il.

L’ancien porte-couleur du Rouge et Or de l’Université Laval demeure très terre-à-terre. Malgré tout le chemin parcouru depuis qu’il a soulevé la Coupe Vanier en novembre 2016, l’ailier rapproché de 24 ans n’a pas encore eu le temps de prendre conscience de tout ce qui lui arrive. Cette introspection aura cependant lieu affirme-t-il, mais elle devra encore être remisée aux lignes de côtés pour un moment.

« Je n’ai pas eu le temps de réaliser pleinement ce qui m’arrive. Je dirais que je n’ai pas arrêté depuis la Coupe Vanier et la East-West Shrine Game. Je n’ai pas eu le temps de m’asseoir et de penser à tout ça, mais je compte bien le faire dans quelques semaines après la saison. »

S’il ne s’est pas accordé ce pas de recul afin d’admirer le portrait, Auclair a bien voulu se prêter au jeu de revivre ses deux premiers attrapés dans le circuit Goodell.

Le premier de sa carrière est survenu lors de la 13e semaine d’activités contre les Packers de Green Bay. À l’entendre se remémorer le jeu, il ne fait aucun doute que cet événement sera encore décrit de la même façon et dans ses moindres détails dans de nombreuses années.

« Jameis Winston a fait sa lecture de la défense et il a vu que j’étais découvert. Nous avons vu la même chose sur la séquence. J’ai vu la position du demi de coin et je me suis ajusté en conséquence. J’ai arrêté mon tracé vers les lignes de côté pour me démarquer. Winston a vu la même chose et m’a lancé le ballon. J’ai ensuite couru pour aller chercher le premier jeu », se rappelle-t-il à propos de ce premier attrapé pour 11 verges.

Sa deuxième réception est survenue lundi dernier contre les Falcons et elle aura également permis aux Buccaneers d’obtenir un premier essai ce qui n’a pas échappé au numéro 82 des Bucs qui s’est amusé de cette statistique.

« C’était une feinte de jeu au sol où je devais me faire oublier par la défense. J’y suis parvenu, alors qu’aucun joueur ne m’a couvert. C’était cool comme jeu », soutient Auclair, alors qu’il aura parcouru 14 verges sur cette séquence.

Outre ses apparitions sur le terrain avec l’unité offensive, le Québécois doit également s’acquitter de son rôle sur les unités spéciales. Ces deux affectations le forcent à demeurer constamment sur le qui-vive afin de ne pas rater l’une de ses assignations.

 « Ça demande un grand niveau de concentration, car selon le personnel qui est demandé pour chacun des jeux, je dois rester alerte pour savoir si je suis in ou non, explique-t-il.  Je dois toujours rester attentif à ce qui se passe dans le match afin de savoir également quand ce sera mon tour sur les unités spéciales. Je dois toujours être concentré. »

Auclair se démarque aussi hors du terrain

L’apprentissage ne s’est pas uniquement fait sur le terrain pour Auclair. Le natif de Notre-Dame-des-Pins a dû s’immerger dans une toute nouvelle culture à son arrivée à Tampa Bay. Il ne cache pas que l’adaptation n’a pas toujours été facile au début, mais tout comme son ascension dans la hiérarchie des ailiers rapprochés des Buccaneers, il a su relever le défi.

« J’étais déjà bon en anglais, mais de devoir vivre quotidiennement en anglais, c’est certain que c’est différent. C’était quand même difficile au début. Tout ça mis ensemble ça représentait un bon obstacle, mais je suis content d’avoir passé au travers de ça », lance-t-il.

Auclair s’est dit d’ailleurs heureux de pouvoir compter sur des coéquipiers qui ont grandement facilité son arrivée au sein du vestiaire. Même si l’accent québécois n’est pas passé inaperçu, c’est surtout sa prestation vocale lors du camp d’entraînement qui a attiré les réflecteurs avec son interprétation de l’hymne national canadien.

 « Je savais qu’ils respectaient beaucoup leur hymne national, mais j’ai réalisé que c’était aussi le cas pour celui des autres également. C’était cool à voir », soutient celui qui se dit choyer de la relation d’amitié qui s’est développée au sein du groupe des ailiers rapprochés, dirigé par Ben Steele.

Les Buccaneers vont conclure leur saison avec une rencontre en Caroline avant d’accueillir les Saints de la Nouvelle-Orléans. Malgré un dossier de 4-10, qui confère à l’équipe le dernier rang de la division sud dans la Nationale, ne comptez pas sur Auclair pour ralentir la cadence d’ici la fin de sa première année dans la NFL.

« Mon objectif demeure de vouloir aider l’équipe du mieux que je le peux, que ce soit avec un tracé, un bloc ou en étant sur les unités spéciales. Je considère avoir bien exécuté le tout lundi et je veux juste continuer à faire ça afin que les entraîneurs aient toujours confiance en moi. »