Laurent Duvernay-Tardif attire de nombreux compliments de la part de confrères
Super Bowl mardi, 28 janv. 2020. 07:00 mardi, 10 déc. 2024. 10:26MIAMI – L’entraîneur de ligne offensive des Chiefs de Kansas City, Andy Heck, admet qu’il n’était pas entièrement convaincu, en 2014, du cheminement que Laurent Duvernay-Tardif parviendrait à accomplir. Aujourd’hui, son coéquipier Travis Kelce parle de lui comme le gars le plus intéressant au monde, rien de moins!
Oui, Kelce a le sens du spectacle et une habile répartie médiatique, mais il n’ose pas se lancer dans de telles conclusions pour tous ses coéquipiers.
« C’est mon homme! Je suis tellement heureux pour lui. Il y a beaucoup de gens qui s’opposent et qui ne croient pas au potentiel des joueurs qui arrivent du Canada. Mais je peux vous confirmer qu’il est tout un joueur et encore une meilleure personne à côtoyer. Quand il est arrivé avec les Chiefs, tout le monde était intrigué de le connaître parce qu’il est si intéressant, c’est le gars le plus intéressant au monde, vraiment », a témoigné Kelce avec sa vigueur habituelle.
Pourtant, si Duvernay-Tardif appartient maintenant à l’élite de la NFL à sa position, il se classait comme un projet audacieux à long terme lorsque les Chiefs de Kansas City l’ont repêché en en sixième ronde en 2014.
« Je trouvais qu’il était un projet intéressant, mais j’étais surtout préoccupé de déterminer s’il pouvait apprendre ce métier », a reconnu Heck au RDS.ca qui l’a repéré dans un coin reculé du parterre du Marlins Park, lundi, lors de la soirée des médias.
« Je pouvais voir sa force, sa puissance, son côté hargneux dans le feu de l’action, mais je n’étais pas encore certain s’il allait pouvoir assimiler toutes les techniques nécessaires dans la NFL. Avec le peu de football qu’il avait derrière la cravate, c’était comme s’il avait l’expérience d’un gars qui sortait de l’école secondaire quand il est arrivé avec nous », a décrit Heck avec franchise.
Mais ça explique justement pourquoi Heck parle de Duvernay-Tardif avec tant de générosité. Le Québécois s’est lancé à fond dans cet apprentissage et il a prouvé toute sa valeur alors qu’il termine sa sixième saison dans l’organisation des Chiefs.
« Larry est sans l’ombre d’un doute un immense travaillant. C’est évident avec les deux parcours (le football et les études en médecine) qu’il a menés de front, mais pour nous, c’était d’en faire un joueur professionnel qui comptait avant tout. Il a attaqué ce défi de front. Il est l’une des personnes que je préfère côtoyer. Il joue aussi avec une certaine robustesse qui se transpose sur ses coéquipiers. Il est vraiment un atout précieux dans notre équipe sur le terrain et dans le vestiaire. Je l’adore », a confié Heck avec un intérêt évident pour son protégé.
L’entraîneur de 53 ans – et ancien joueur – n’a pas tardé à déceler l’accent francophone de l’auteur de ces lignes. « Tu sonnes comme si tu venais de son coin natal ». S’il a appris quelques mots de français grâce à LDT, il a raconté que lui et les autres Américains passaient plus de temps à enseigner des expressions anglophones particulières au numéro 76.
Les qualités intellectuelles de Duvernay-Tardif ont, bien sûr, été calculées dans l’équation quand les Chiefs ont misé sur lui. Ils avaient déduit que l’enseignement se ferait sans écueil dans son cas.
« On cherche des joueurs intelligents, mais pas des smart ass. Tu n’as pas besoin d’être le plus brillant, mais tu dois être pas mal futé. Parfois, les gars intelligents sont plus difficiles à diriger parce qu’ils veulent des réponses exactes, mais ça n’existe pas toujours dans ce domaine. Il a une approche très scientifique, ça c’est certain », a décrit Heck qui dirige cette unité depuis 2013.
« En même temps, s’il t’apostrophe avec ses grosses mains, tu es cuit », a-t-il rappelé en souriant.
Un accomplissement qui inspire les jeunes et les moins jeunes
Alors que le rayonnement du Duvernay-Tardif se déploie graduellement aux États-Unis, il est déjà perçu comme un modèle exemplaire au Québec. Les plus jeunes le voient comme un héros et même les plus vieux admettent qu’ils sont fascinés par tous ses exploits.
Même si ce volet lui tient à cœur, LDT demeure humble quand on le questionne sur l’influence de sa présence au Super Bowl sur la jeunesse québécoise.
« Si ma présence a un impact, tant mieux. On a entendu tellement de choses sur les commotions cérébrales (au football). On est dus pour avoir de bonnes nouvelles. C’est le fun de sentir que de plus en plus de gens sont portés à essayer le football. Si je peux avoir une influence positive et aider à rassembler les jeunes autour de ce sport magnifique qui a changé ma vie, j’aimerais le faire », a-t-il commenté.
Duvernay-Tardif a, malgré tout, eu besoin de plusieurs années dans le football pour réaliser que les plus hauts sommets de ce sport était à sa portée. Que ce soit avec les Pirates du Richelieu, les Phénix d’André-Grasset ou à McGill, il ne songeait pas véritablement au Super Bowl. Il avoue que c’était plus logique de rêver à une coupe Grey ou une coupe Stanley durant son enfance au Québec.
Pour mener à un Duvernay-Tardif, il aura fallu des précurseurs comme Jean-Philippe Darche et le destin de la vie aura voulu qu’ils aient étudié au même CÉGEP et à la même université. Ce n’est pas tout, Darche œuvre maintenant à titre de médecin pour les Chiefs et il constitue l’autre Québécois à avoir joué au Super Bowl sur la formation régulière.
« C’est une histoire plutôt incroyable quand tu y penses, a jugé LDT au sujet des liens entre les deux hommes devenus de grands amis. J’ai eu la chance de discuter avec lui et ce fut tellement utile pour savoir à quoi m’attendre. Il a été d’une immense aide. »
L’ouverture d’esprit de Duvernay-Tardif a piqué la curiosité de ses coéquipiers, d’adversaires, de nombreux médias et de plusieurs partisans. Pas étonnant de le voir s’emballer de la présence d’une première femme, Katie Sowers, dans un personnel d’entraîneurs au Super Bowl. Elle est également la première dans ce rôle au Super Bowl à avoir dévoilé publiquement son homosexualité.
« C’est une excellente nouvelle. Le football est l’un des seuls sports dans lequel le penchant féminin est encore peu présent, moins que dans le tennis, le golf, le volleyball, le soccer. C’est important de mettre les femmes de l’avant. Ce sont des athlètes qui traversent les mêmes choses que nous. Elles méritent aussi d’avoir les projecteurs sur eux », a conclu Duvernay-Tardif qui a collaboré avec le Blitz de Montréal, une équipe féminine, via sa fondation.
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