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L'AVANT-MATCH | ANALYSE DE PIERRE VERCHEVAL

MIAMI – Kurt Warner n’est pas un analyste qui parle à travers son chapeau. En plus de se fier sur son imposant bagage comme joueur, il a réfléchi bien longtemps dans les dernières semaines avant d’oser cette affirmation, mais il croit maintenant que Patrick Mahomes pourrait devenir le quart-arrière le plus complet de l’histoire de la NFL.

Warner a lui-même appartenu à l’élite de la NFL et il a été le chef d’orchestre de l’une des attaques les plus dévastatrices. Ça ne l’empêche pas de s’incliner devant les prouesses et le potentiel de Mahomes, qui n’est âgé que de 24 ans, faut-il rappeler.

« Il est encore jeune, mais je me demande si on a déjà vu un quart-arrière avec un package aussi complet! », a-t-il lancé aux journalistes qui étaient assis autour de lui à la table qui lui avait été attitrée pour la disponibilité des analystes de NFL Network.

Warner était ravi d’appuyer son point de vue avec des arguments.  

« Il a les qualités athlétiques phénoménales et le bras canon d’Aaron Rodgers. Ensuite, il est en mesure d’être précis et de jouer dans la pochette comme de grands quarts. Mais la chose qui le démarque des autres, c’est sa façon créative de voir le jeu et c’est très unique. Seulement quelques gars peuvent faire  ça. Quand tu rassembles tout ça, je vois le potentiel pour qu’il devienne le quart le plus complet de l’histoire », a-t-il renchéri.

« Qu’est-ce que ça veut dire? Je ne sais pas exactement parce qu’il a beau être le plus talentueux, il doit aussi être bon à long terme, gagner et tout. Mais c’est très excitant quand on pense à ce qu’on pourrait voir. »

L’auteur de ces lignes a voulu savoir à partir de quel moment cette réflexion s’est avérée juste dans son esprit, alors que Mahomes conclut à peine sa deuxième saison dans le circuit Goodell.   

« C’était vers le milieu de cette saison, je regarde tous les matchs. Vous savez, quand les entraîneurs élaborent les jeux, ils simulent ce qui devrait arriver chez l’adversaire et comment ils espèrent que ça se passe pour que la stratégie fonctionne. Mais, comme on le sait, il y a 11 joueurs de chaque côté et c’est impossible de tout prévoir. Peu d’athlètes ont cette créativité et la capacité de déceler d’autres possibilités sur le champ quand un jeu ne se déroule pas comme prévu », a élaboré l’ancien des Rams, des Giants et des Cardinals.

On a ensuite refilé le constat de Warner à Steve Mariucci, qui a ajouté d’autres éléments en sa faveur.

« Il est encore un bébé en plus! C’est complètement fou d’y penser. Je regardais leur pratique la semaine dernière et il complétait toutes les passes, c’est fascinant. Parfois, j’ai l’impression de ne pas croire ce que je vois de lui tellement il est épatant. Ça fait peur, mais d’une manière plaisante », a cerné l’ancien quart-arrière qui a brièvement appartenu aux Tiger-Cats de Hamilton en 1978.  

« Ce n’est pas tout, il a un côté old school en lui dans le sens qu’il voulait encore jouer quand il s’était blessé au genou. Il ne fait pas juste surfer sur son talent », a poursuivi Mariucci.  

Durant sa carrière au football et au baseball, Deion Sanders en a vu passer des athlètes et il ne cache pas, lui non plus, son admiration pour Mahomes. À sa façon, il a trouvé une manière de le démontrer.

« Oh oui, il m’impressionne et pas juste comme quart-arrière. Après mon entrevue avec lui, je suis retourné à la maison et j’ai parlé de ses qualités à mon fils. Je prévois le faire s’entraîner avec lui au Texas. Je ne laisserais personne parler et entraîner mon fils sans avoir une immense confiance envers ce mentor », a témoigné Sanders.

Puisque Mahomes réalise déjà quelques petits miracles sur le terrain, Warner a bien hâte de voir où son talent le mènera. Il se réjouit du fait qu’il peut compter sur un entraîneur assez outillé pour l’aider.

« Certains entraîneurs ont les capacités pour repousser les limites, aller encore plus loin. Ils voient le jeu d’une autre façon. Quelques quarts peuvent suivre les idées de ces génies créatifs et tu te sens invincible quand ça se produit. La majorité des quarts, tu ne peux pas aller trop loin pour éviter que ça devienne une erreur. Avec (Mike) Martz (son entraîneur avec les Rams), on ne faisait que continuer à foncer. Parfois, j’ai eu à pousser d’autres entraîneurs à aller plus loin, ils ne voyaient pas toutes les possibilités. Andy Reid et Mahomes possèdent les composantes nécessaires. »

Moins d’enthousiasme à l’égard de Jimmy Garoppolo

Il fallait voir le visage de Warner quand la discussion a dévié vers Jimmy Garoppolo, qui sera le vis-à-vis de Mahomes au Super Bowl. Ce serait gentil de dire qu’il n’est pas un grand partisan du quart des Niners.

« Je pense sans aucun doute qu’il peut compléter des passes et bien jouer dans des moments importants. Mais, ma réticence face à lui, c’est que ça lui arrive par moments de ne pas voir des joueurs défensifs. Sa vision semble devenir un peu embrouillée parce qu’il est trop concentré à vouloir repérer un joueur. On l’a vu contre les Vikings, ses erreurs ont mené à une interception facile, mais on aurait dû en voir deux », a exposé Warner.

Une telle lacune risque de ne pas pardonner dans un match aussi relevé que celui qui sera disputé au Hard Rock Stadium, qui a été rénové de superbe manière.

« Il a fait de très bonnes choses, mais il devrait être confronté à quelques jeux de la sorte dans ce match. Il n’a pas encore tout assimilé sur le terrain, c’est comme ça que je décrirais son niveau actuellement. Comme je le sais bien, ça peut se décider sur une seule passe dans ce match. Est-ce que Jimmy peut éviter cette erreur coûteuse? », a lancé Warner.

Sur une note plus encourageante pour les partisans des Niners, Warner n’a pas été convaincu que les Chiefs seront en mesure de freiner la colossale attaque au sol élaborée par Kyle Shanahan.

Le mot de la fin est revenu à Mariucci quand il s’est prononcé sur Reid, le pilote des Chiefs, qui demeure à la recherche de sa première victoire au Super Bowl.

« J’ai fait une émission de radio en Californie l’autre jour et les animateurs me disaient que les seules personnes qui se rangent derrière les 49ers sont les irréductibles du club pendant que le reste du pays souhaite que les Chiefs gagnent. Vous savez quoi, je pense que c’est vrai et c’est à cause d’Andy. Il est très loyal envers ses joueurs, il a donné une chance à bien des athlètes et des entraîneurs qui ont grandi sous son aile. Bientôt, il va dépasser Curly Lambeau qui a un stade à son nom, ce n’est pas rien. Oui, je suis biaisé puisque c’est mon ami, mais c’est tout un entraîneur et une bonne personne », a conclu Mariucci.