Après trois affrontements samedi, les éliminatoires de la NFL se poursuivent avec trois autres duels dimanche. Lamar Jackson remportera-t-il son premier match éliminatoire? Mitch Trubisky fera-t-il le poids face aux Saints? Quel sera l’impact de l’absence de l’entraîneur Kevin Stefanski chez les Browns?

Voici un aperçu du jour 2.

Ravens de Baltimore c. Titans du Tennessee (RDS/RDS Direct, dimanche 13 h)

Il s’agit d’une reprise des dernières éliminatoires, quand les Titans avaient battu les Ravens 28-12. On avait rendu la vie dure à Lamar Jackson et Derrick Henry avait connu tout un match en prenant les choses en main.

Les Titans ont encore gagné cette saison, cette fois 30-24 en prolongation, alors ça fait deux fois d’affilée.

J’ai donc hâte de voir comment les Ravens vont réagir à tout ça. Ils rentrent en éliminatoires un peu comme négligés, avec une moins bonne fiche que la dernière fois. Ils ont connu beaucoup de ratés cette année, ils ont eu des problèmes à cause de blessures, de cas de COVID-19 et ils ont eu un passage à vide en milieu de campagne. Ils ont fait face à de l’adversité, mais depuis cinq matchs, la dynamique a complètement changé et ils ont repris leur rythme. Je pense que c’est mieux pour eux ainsi, de ne pas arriver comme favoris.

On va avoir les yeux rivés sur Lamar Jackson, qui est à la recherche de sa première victoire en éliminatoires. C’est sûr qu’il n’est pas tout seul dans cette équipe, mais ça reste la réalité de la position de quart-arrière, il doit performer.

Ce qui ressort dans son historique en éliminatoires, c’est qu’il a été victime de plusieurs revirements et de sacs du quart. On n’a donc pas été capable de protéger le quart et de protéger le ballon. Ça veut dire qu’ils ont encaissé trop de revirements et de jeux négatifs, qu’ils n’ont pas marqué beaucoup de points et qu’ils ont souvent dû jouer du football de rattrapage. Mais justement, c’est une des plus grosses lacunes des Ravens dans les dernières années, on est mauvais quand on perd après la première demie et qu’on doit revenir de l’arrière. C’est incroyable comment cette équipe s’effondre. Il faut que ça change!

J’ai hâte de voir comment Jackson va jouer et comment les Ravens vont réagir si jamais ils tirent de l’arrière. Quand ça vient bien pour les Ravens, ils sont dominants comme personne.

On verra dimanche la meilleure attaque au sol (192 verges par rencontre) contre le meilleur porteur de la ligue en Derrick Henry. On a une équipe qui aime courir avec un comité de plusieurs joueurs face à une équipe qui cible principalement un joueur en particulier, Henry. Depuis 1970, ça va être seulement la cinquième fois que la meilleure attaque au sol affronte le meilleur porteur de ballon en éliminatoires. Chaque fois, c’est l’équipe avec le meilleur porteur qui a gagné. On en a eu l’exemple pas plus tard que l’an passé quand les Titans ont battu les Ravens.

Les 2027 verges au sol et 378 courses de Henry sont absolument spectaculaires. Juste pour mettre ça en perspective, on joue aujourd’hui un style de football en 2020 qui utilise de plus en plus de petites passes pour remplacer le jeu au sol, on est dans une période où il y a de plus en plus d’équipes qui utilisent comme les Ravens les porteurs de ballon par comité et où il y a de plus en plus d’équipes qui remettent le ballon à des receveurs de passe en mouvement pour courir. Tout ça pour dire que les équipes trouvent toutes sortes de façons d’enlever des opportunités au porteur de ballon, alors c’est d’autant plus impressionnant de voir les prestations un peu à la vieille école de Henry, parce que c’est quelque chose qu’on voit de moins en moins. Ça vaut la peine de le souligner.

Bref, ce sont deux équipes physiques qui courent, qui arrêtent la course et qui réalisent quelques gros jeux sur le terrain. Ils devront réussir des gros jeux dimanche. Les Titans sont capables de le faire, entre Ryan TanneHill et A.J. Brown. Est-ce que ce sera le cas chez les Ravens, c’est la question…

Bears de Chicago c. Saints de La Nouvelle-Orléans (RDS/RDS Direct, dimanche 16 h 40)

Les Saints ont gagné 26-23 en prolongation plus tôt cette saison à Chicago, mais c’était Nick Foles qui jouait derrière le centre à ce moment pour les Bears. Les Saints avaient laissé filer une avance et avaient été un peu brouillons avant de se rattraper, mais ils jouent du gros football depuis ce temps. Ils joueront à domicile, mais ils ont des choses à prouver chez eux car ils ont perdu leurs deux dernières rencontres à la maison en éliminatoires. Ils sont affamés.

La première chose qui me vient en tête quand je pense à ce duel, c’est au quart des Bears Mitch Trubisky contre la défense des Saints. La défense est capable de mettre de la pression alors que Trubisky est l’un des pires de la ligue quand il est sous pression. Il ne réagit pas bien, il est victime de revirements et manque même de précision.

Les éliminatoires sont arrivées!

Dernièrement les Bears ont eu beaucoup de succès à l’attaque en raison notamment de l’équilibre et du jeu au sol de David Montgomery mais les Saints sont coriaces contre le jeu au sol en défense. Est-ce que Trubisky va être capable de générer de l’attaque et de protéger le ballon? C’est vrai qu’on a marqué en moyenne 36 points contre les Texans, les Vikings et les Jaguars en fin de saison, mais ce ne sont pas de gros clubs. La semaine dernière contre les Packers, qui ont une meilleure défense, on a produit seulement 16 points. Et les Saints ont probablement une meilleure défense que les Packers. C’est donc une grosse commande pour Trubisky et le reste de l’attaque

De l’autre côté, j’ai hâte de voir si le front défensif des Bears va se lever. Pour avoir une chance de gagner, il doit monter aux barricades, contenir le jeu au sol, mettre de la pression sur Brees. Il ne faut pas que des gars comme Robert Quinn, Hakeem Hicks, Khalil Mack soient invisibles, ils doivent jouer leur meilleur match de la campagne. La défense de Chicago doit tenir le fort, les Bears ne peuvent se permettre de tomber en rattrapage.

Évidemment, je me demande s’ils seront capables de donner du trouble à Drew Brees. Il a fini la saison en force malgré ses blessures et malgré les blessures à ses receveurs. Il joue du gros football. Mais rappelez-vous ses deux derniers matchs éliminatoires…L’an passé contre Minnesota : 208 verges, 1 passe de touché, 1 interception, 1 échappé perdu, 3 sacs du quart et seulement 6,3 verges par passe tentée. Il y a deux ans dans un match controversé face aux Rams, qui auraient dû recevoir une pénalité en fin de match : 249 verges, 2 passes de touché, 1 interception, 2 sacs du quart et 6,2 verges par passe tentée. Il ne nous a pas offert de grandes performances. Ce qui nous avait aussi marqués contre le Minnesota, c’est que les Saints avaient obtenu seulement 97 verges au sol, et contre les Rams, seulement 48. On s’aperçoit que même si Brees est un grand quart, il est bien meilleur avec un équilibre et du jeu au sol.

On a aussi hâte de voir comment les Saints vont gérer la situation avec les porteurs de ballon. Alvin Kamara pourrait techniquement être disponible dimanche après avoir été déclaré positif à la COVID-10 mais il a peu pratiqué au cours des 10 derniers jours. Sera-t-il en santé? Sera-t-il prêt?

En tout cas, les Saints sont dus pour gagner en éliminatoires.

Browns de Cleveland c. Steelers de Pittsburgh (RDS/RDS Direct, dimanche 20 h 15)

Le dernier duel de la fin de semaine oppose deux adversaires de section qui se connaissent très bien et qui ne s’aiment pas.

Ils ont chacun obtenu une victoire l’un contre l’autre cette saison. Ç’a tout pris pour que les Browns battent les Steelers (24-22) la semaine dernière et qu’ils se qualifient pour les éliminatoires, et ils auront à nouveau une grosse commande.

Avant de parler des joueurs et de stratégie, il faut spécifier que l’entraîneur-chef des Browns Kevin Stefanski sera absent car il a été déclaré positif à la COVID-19. Ça leur fait extrêmement mal car Stefanski n’est pas simplement l’entraîneur-chef, c’est le coordonnateur offensif et le sélectionneur de jeux. Ça aura un énorme impact la journée du match. Voyons comment ça affectera l’attaque des Browns et le comportement de Baker Mayfield car c’est souvent Stefanski qui est dans son oreille et qui fait des ajustements selon la performance du quart. Ce n’est pas une situation évidente.

Stefanski peut quand même faire partie des réunions et il aura le droit de faire le discours d’avant-match via visioconférence, mais dès que le match va commencer, il ne pourra nullement entrer en communication avec sa troupe. Tout ce qu’il pourra faire, c’est se ronger les ongles en regardant la télévision.

Dans le fond, Stefanski peut préparer un certain script dans différentes situations, surtout pour les premières séquences de la partie. On va souvent scripter les 15 premières situations ou premiers jeux pour aller chercher de l’information et on veut aussi aller voir si la défense adverse va réagir de la même façon qu’elle l’a faite par le passé face à ces mêmes situations. On veut confirmer des choses, et à partir de là, la guerre des ajustements commence selon le feeling du match, le tempo, l’instinct. C’est un art, et c’est là que l’influence de Stefanski va manquer à son club. On a 40 secondes entre les jeux, alors pour l’entraîneur des quarts Alex Van Pelt qui a déjà été coordonnateur offensif et qui a déjà sélectionné des jeux, ça va aller quand même vite, il ne peut pas niaiser.  

En plus, les Browns sont sur une séquence de 17 défaites de suite à Pittsburgh, la dernière victoire remontant à 2003. Ça ne regarde pas bien sans entraîneur-chef, en l’absence de certains joueurs à cause du coronavirus, face à une équipe reposée qui a historiquement un ascendant sur eux à domicile. Sans oublier le fait que c’est le premier match de Baker Mayfield en éliminatoires, sans la présence rassurante de Stefanski. Mayfield a un petit côté « hot-dog » comme je l’appelle des fois. Il veut jouer au superhéros. Il devra rester à l’intérieur du système et ne pas essayer de gagner à lui seul.

Mais malgré tous ces éléments qui semblent défavoriser les Browns, on ne sait jamais ce qui peut arriver une fois sur le terrain.

 

* Propos recueillis par Audrey Roy