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Avant-match Browns c. Titans

Le match entre les Bears et les Packers sera présenté avec RDS et RDS Direct.

Qui l'eut cru? On amorce la 13e semaine d'activités dans une saison 2020 de la NFL pas comme les autres, et les Browns de Cleveland affichent un dossier étincelant de 8-3, ce qui les place aisément pour l'instant dans le portrait éliminatoire. Ils se préparent maintenant à affronter les Titans du Tennessee, qui ont une fiche identique à eux.

Il y a certainement de quoi se réjouir pour un bassin de partisans très passionné qui est passé à travers de dures épreuves avec l'équipe qu'ils encouragent depuis une quinzaine d'années. En effet, les Browns sont assurés de jouer, dans le pire des scénarios, exactement à la barre des ,500, chose qui ne s'est pas vue depuis la saison 2006.

C'est vous dire à quel point les fans des Browns n'ont pas été gâtés depuis un long moment!

Évidemment, de la façon dont les choses se déroulent, ils aspirent à bien plus que de simplement jouer pour ,500. Ils pensent aux matchs après-saison et à la course au meilleur 2e dans l'AFC. Les plus optimistes diront même qu'ils continuent de garder un oeil sur les faits et gestes des Steelers de Pittsburgh, meneurs de l'AFC Nord, mais il faut convenir que ce sera une tâche compliquée de rattraper la seule équipe invaincue dans le circuit Goodell.

C'est un peu particulier, la manière dont Cleveland a réussi à cumuler huit victoires en 11 matchs. Je ne veux pas être rabat-joie (je n'aurai pas le choix de l'être), mais en décortiquant un peu comment ça s'est passé jusqu'ici, on s'aperçoit que les Browns se sont régalés contre des clubs ayant connu des difficultés.

En regardant le calendrier, on voit qu'une seule victoire a été acquise contre une équipe ayant une fiche gagnante : les Colts d'Indianapolis. La fiche combinée des huit adversaires battus est de 24 victoires, 51 défaites et 2 matchs nuls. Si on retire les Colts de l'équation, c'est une fiche de 17-47-2 pour les sept autres clubs. Et si on regarde uniquement les trois défaites, on voit que celles-ci ont été encaissées contre les Ravens de Baltimore, les Steelers et les Raiders de Las Vegas, trois équipes à la fiche gagnante. À elles trois, ces formations ont 23 victoires et 10 revers en 2020.

Les Browns n'ont pas à s'excuser pour leur calendrier, mais on dénote quand même une tendance lourde, soit celle de l'absence d'une victoire significative jusqu'à présent. En même temps, il n'y a pas de point accordé pour le côté artistique d'une victoire. Ce qui importe avant tout, c'est la position avantageuse dans laquelle se sont placés les Browns.

L'apôtre Thomas refusait de croire avant d'avoir vu. Je suis un peu comme Thomas en ce moment en qui a trait aux succès des Browns! Je suis un peu sceptique, et une performance convaincante face aux Titans aiderait à faire de moi un croyant.

Je pense qu'on ici affaire à une équipe qui a besoin de sa victoire « signature » de la saison, car elle ne l'a pas encore obtenue. Battre un club qui a le vent dans les voiles, qui est bien dirigée, qui a participé aux éliminatoires l'année dernière réponderait en tout point aux critères d'une victoire signature.

Quand je dis qu'il n'y a pas de point artistique pour une victoire, je fais référence à celles acquises par les hommes de Kevin Stefanski à leurs trois dernières sorties; par trois points contre les Texans de Houston, par cinq points contre les Eagles de Philadelphie, et par deux points plus récemment, face aux Jaguars de Jacksonville. Ce sont des victoires qui nous forcent à nous demander qui sont les Browns exactement, et qui ne peuvent pas nous persuader qu'ils appartiennent à l'élite de l'association Américaine.

Il y aura des enjeux dans ce match pour les Titans aussi, puisqu'ils veulent conserver leur emprise sur la première place de la division Sud de l'AFC. 

Un duel « old school »

Si on devait résumer le match qu'on aura l'occasion de voir, je dirais qu'on aura droit à un duel de la vieille école. L'interrogation la plus évidente, pour moi, est de savoir qui des deuxc clubs parviendra à enrayer le mieux possible la menace du jeu au sol. 

On peut aussi se demander lequel des deux quarts-arrières arrivera le mieux à soutenir son attaque terrestre en réalisant quelques jeux importants. Et finalement, quel unité défensive réussira à provoquer des revirements?

Tant chez les Browns que chez les Titans, on affectionne la course et c'est par là que passe tout le succès offensif, et même une partie du succès défensif. Il y a un besoin fondamental de courir; ça fait partie de l'A.D.N. des deux clubs. Les statistiques le prouvent d'ailleurs... Cleveland est 1er dans la NFL avec 161 verges au sol en moyenne par match, 1er pour le nombre de verges par course à 5,0, et 4e pour le nombre total de courses, avec 352. Ce n'est pas compliqué : les Browns aiment courir, et ils sont bons lorsqu'ils le font. Il faut le dire, car certains clubs essaient fort de faire de la course leur identité, mais les résultats n'y sont pas.

Les Titans sont quant à eux 2es pour le nombre de verges obtenues par match (161), 4es pour le nombre de verges par portée (4,9) et 1ers pour le nombre de courses (357).

Bref, on est en présence de deux équipes qui ont assurément trouvé leur identité offensive. On est dans le dernier droit de la saison, et on se demande encore ce que tentent réellement d'accomplir certaines attaques. Clairement, ce n'est pas le cas des Browns et des Titans. On ne peut pas les accuser de ne pas connaître la recette qui les mènera à la victoire. Je ne vous apprends donc rien en affirmant que la guerre des tranchées sera un aspect primordial à
cette confrontation entre deux équipes très ressemblantes. 

En défense, les chifres sont aussi très similaires. Cleveland accorde 108 verges au sol par match et 4,1 verges en moyenne par course, et le Tennessee, 116 par match et 4,3 verges par course.

Le play action, la clé pour Tannehill et Mayfield

À travers tout ça, le jeu aérien doit aussi être capable d'amener sa contribution. Sans ces quelques gros jeux par match, la course ne peut à elle seule permettre de gagner semaine après semaine. Les quarts-arrières devront faire le travail, même si on n'en demande pas énormément de leur part en général.

Par l'utilisation qu'il en fait, Kevin Stefanski a compris que Baker Mayfield, dans le contexte actuel, est plus un complément à l'attaque que sa composante principale. Mayfield profite ici et là d'une situation appropriée pour feinter le jeu au sol pour décocher une passe, mais ça demeure très conservateur. Sur les 11 matchs des Browns, il a totalisé moins de 200 verges de gains par la voie des airs à six reprises.

On demande de sa part qu'il ne voit pas victime de revirements, et il répond drôlement bien ces temps-ci, n'ayant pas victime de la moindre interception à ses quatre derniers départs.

Ce sera intéressant de voir ce que Mayfield peut accomplir face à une défense qui concède beaucoup de verges cette saison. Statistiquement, les Titans sont permissifs contre la passe et allouent des points aux attaques aériennes adverses. Une chose que cette défense fait très bien toutefois, c'est de générer des revirements. Elle est très opportuniste, ayant déjà créé 16 revirements cette année, dont 11 interceptions. Quand le quart adverse fait une erreur, l'unité défensive des Titans a prouvé qu'elle peut sauter sur l'occasion. À Mayfield de prouver que sa séquence de matchs sans interception n'est pas qu'une illusion.

Pour Ryan Tannehill, c'est aussi par le play action qu'il offre sa plus grande contribution à l'attaque des Titans. Souvent, ça passe par sa connexion avec l'excellent A.J. Brown, de loin sa cible préférée. Ce que Tannehill fait mieux que son vis-à-vis, c'est qu'il décoche des passes de touché avec plus de régularité, et qu'il cause moins de revirements. Il y a aussi la présence de jeux explosifs qu'on n'a pas souvent vu des Browns cette année. Dans un match où deux jeux au sol aussi dominants s'affrontent, c'est peut-être la capacité de Tannehill d'aller chercher de gros morceaux de terrain en repérant Brown (25,3 verges en moyenne par attrapé à ses trois derniers matchs) qui saura faire la différence.

Pour préconiser une attaque au sol dans la NFL en 2020, il faut miser sur une qualité bien importante, et celle-ci est la patience. Chez les Titans, c'est le mot d'ordre même lorsque le tableau indicateur n'est pas à leur avantage. On se dit qu'on va avoir nos rivaux à l'usure en ne s'éloignant pas du plan de match.

Mike Vrabel ne s'emporte pas même si son équipe tire de l'arrière, et quel meilleur exemple de cela que la remontée réussie par les Titans face aux Ravens de Baltimore il y a deux semaines?

Derrick Henry a terminé le match avec 28 courses pour une récolte de 131 verges et un touché, mais ce n'était pas du tout parti pour ça. Après trois quarts de jeu, Henry avait 18 courses pour 44 verges pour une moyenne de 2,4 verges par courses. Et malgré le fait que son club tirait de l'arrière au score, Vrabel a continué de s'appuyer sur son demi offensif vedette, pour que finalement, Henry totalise 89 verges un un majeur en 10 portées lors du 4e quart et de la prolongation, dont une course de 29 verges jusqu'à la zone des buts pour faire gagner les Titans. Une autre preuve que les Titans savent ce qu'est leur pain et leur beurre!

À leur match suivant, les Titans ont obtenu ce qui manque aux Browns, cette fameuse victoire signature, en écrasant les Colts d'Indianapolis dans un match crucial pour le classement de l'AFC Sud. Les trois gros canons offensifs ont offert de belles performances; 170 verges et trois touchés pour Henry, quatre attrapés, 98 verges et un touché pour Brown (et un second sur un retour de botté court), ainsi qu'une passe pour le majeur et un touché au sol pour Tannehill. S'ils offrent une aussi bonne prestation dimanche, ils seront durs à battre.

Tannehill est un peu retard sur les chiffres qu'il avait compilés durant son échantillon de 10 départs avec les Titans en 2019. Il avait alors figuré parmi les meneurs dans plusieurs catégories statistiques. Toutefois, il faut admettre que les quatre derniers matchs, notamment, n'étaient vraiment pas une mince tâche pas un quart. Les Bears de Chicago, les Colts (deux fois) et les Ravens étaient ses rivaux. Cette petite baisse de régime n'a pas empêché les Titans de gagner trois de ces quatre matchs.

Brown pourrait aussi être l'élément qui fera la différence dimanche, lui qui a inscrit au moins un touché lors de trois de ses quatre derniers matchs. Il est le spécialiste des verges engrangées après l'attrapé, et j'ai hâte de voir si les Browns pourront le ralentir.

Pour Cleveland, je serai intrigué de voir si le talentueux Myles Garrett aura un impact immédiat sur le match, lui qui a dû s'absenter pendant deux rencontres en raison de la COVID-19.

Ça fait quatre années de suite que les Titans terminent l'année avec un dossier de 9-7. Peut-être Vrabel a-t-il dit à ses joueurs qu'il était temps d'aller chercher quelques victoires de plus! À 8-3, ils sont dans une situation idéale pour espérer disputer leur 1er match éliminatoire sur leur propre pelouse, un luxe dont ils n'avaient pas disposé les autres années, lorsqu'ils ont réussi à se qualifier.

Cet avantage pourrait être non-négligeable, sachant qu'ils terminent leur calendrier régulier avec deux matchs à l'étranger, à Green Bay et à Houston. Je ne pense pas que ce serait dans le meilleur intérêt des Titans d'aligner trois rencontres dans les stades adverses... Je ne dis pas que c'est automatiquement un mauvaise présage, mais ça serait pesant, surtout dans une année 2020 aussi particulière quant aux conditions liées aux voyagements, alors que la COVID-19 continue de sévir et de causer des maux de têtes aux dirigeants de la NFL.

* propos recueillis par Maxime Desroches