C’est assez évident que nous avons eu droit à une leçon de football dimanche soir. C’était de toute beauté de voir l’unité défensive des Seahawks briller ainsi. On savait que ce groupe était bon, mais c’est intéressant de voir qu’ils ont réussi à le démontrer sur la plus grande scène qui existe.

Ce fut tout le contraire pour l’attaque des Broncos de Denver. Oui, l’attaque des Broncos a été mauvaise, mais ça s’explique surtout par l’excellent rendement défensif des Seahawks.

Après les faits, on réfléchit à ce qui s’est produit et on doit en venir à la conclusion que les Seahawks étaient mieux préparés pour ce match de championnat. Les joueurs, tout comme les entraîneurs, semblent avoir accompli un meilleur boulot et dans toutes les facettes et en voici quelques exemples.

Pour certaines personnes, ça peut sembler anodin, mais la mauvaise remise sur le premier jeu offensif du match en disait long. On dirait que les Broncos ont été surpris par le niveau de bruit qui régnait dans le stade. Je pense ensuite à la première fois que le receveur Percy Harvin a effectué son fameux balayage rapide et qu’il a gagné 30 verges. J’avais de la difficulté à y croire parce qu’on devait absolument s’attendre à ce jeu. Bien sûr, les Seahawks ont probablement présenté cette option d’une différente façon, mais tu devais absolument prévoir, anticiper et contrer cette stratégie.

Ensuite, sur un troisième essai et quatre verges, Russell Wilson a complété une passe de 37 verges à Doug Baldwin en battant la couverture de Champ Bailey. Dans une telle situation, c’était évident que les Seahawks allaient pouvoir repérer une couverture défensive homme à homme des Broncos. Denver devait donc absolument s’attendre à se faire attaquer et Wilson n’a pas hésité à tenter le coup même si ça demandait une passe agressive.

Je n’ai pas le choix de croire que les Seahawks étaient mieux préparés et j’en conviens que ça ne prend pas la tête à Papineau pour arriver à ce constat!

J’ai aimé que la défense des Seahawks parvienne à donner le ton au match et particulièrement Kam Chancellor. Sur la première passe du match, Chancellor a réussi un plaqué très solide aux dépens de Demaryius Thomas. Il est revenu à la charge sur Wes Welker dès la troisième passe du match de Manning et il a finalement intercepté Manning sur sa quatrième passe! Chancellor était partout sur le terrain.

La semaine dernière, je me demandais justement si les Broncos allaient être en mesure de tenir le coup face à la robustesse des Seahawks. De toute évidence, la réponse est non, mais personne ne pouvait prédire que ce serait autant à sens unique.

Mais ce n’est pas le seul atout de la défense des Seahawks car elle allie robustesse et rapidité alors que plusieurs groupes défensifs sont bâtis sur la rapidité ou sur la robustesse. La meilleure façon de le prouver c’est que les demis défensifs sont très physiques sans oublier que des plaqueurs de la ligne défensive ont réussi des jeux grâce à leur rapidité. J’ai même vu un plaqueur reculer en défensive de zone et accomplir un plaqué sur un tracé en crochet. J’ai toujours dit que si tu veux repérer une défensive physique, tu n’as qu’à regarder la façon de travailler des demis de coin. Quand c’est le cas, c’est évident que toute l’unité présente le même trait de caractère.

En attaque, quand une ligne offensive est physique et que les porteurs de ballon le sont également, les receveurs veulent agir de la même façon. Je dois vanter les qualités des receveurs des Seahawks car ils sont souvent sous-estimés puisque leur jeu aérien n’est pas très complexe.

Par contre, ils ont attrapé les passes quand c’était essentiel et ils ont fait des blocs clés pour permettre des courses de Harvin ou d’autres jeux. Ils ont été excellents et ils se démarquent aussi sur les unités spéciales. Quand les receveurs sont aussi physiques, ça en dit long sur le reste de l’équipe et c’est impressionnant.

En ce qui concerne les Broncos, c’était plutôt le contraire parce que plusieurs receveurs ont manqué des blocs.

Je dois aussi souligner les plaqués en meute réalisés par les Seahawks. Vous avez sûrement remarqué que les Seahawks n’ont laissé aucune chance aux joueurs des Broncos à ce chapitre. Quand c’était une situation défensive homme à homme, les joueurs défensifs étaient collés sur les joueurs des Broncos et quand ça devenait un système de zone, le joueur qui attrapait le ballon se faisait frapper par 4 ou 5 joueurs.

Il faut savoir que le succès de l’attaque des Broncos repose sur de petites passes qui deviennent des gains intéressants par la suite avec la course des receveurs. Les Seahawks avaient donc compris l’astuce contre Manning : il faut l’empêcher de profiter des premières secondes des jeux. Quand ses receveurs ne sont pas libres rapidement, la ligne défensive enchaîne en mettant de la pression et il devient moins confortable surtout quand il doit bouger dans sa pochette.

Les Seahawks ont compris que les Broncos ne tentent pas une multitude de longues passes et ils ont enrayé les possibilités de courte distance. D’ailleurs, quand Manning a essayé de viser plus loin, il a manqué de précision. Dans le fond, les Seahawks ont joué les pourcentages en enlevant les atouts des Broncos et la recette a été payante. Seattle a réussi à imposer de la pression quelques fois avec cinq joueurs, mais surtout avec quatre et même avec trois ce qui est remarquable.

À certains moments, Manning a fini par sentir la pression et on pouvait se demander s’il commençait à voir des fantômes en devant décocher ses passes plus rapidement avec moins de précision. Les Seahawks peuvent dire mission accomplie à propos de leur plan contre Manning.

Vous avez peut-être vu la statistique qui fait foi de tout. Et oui, la défense des Seahawks a marqué plus de points que l’attaque des Broncos. C’est hallucinant de constater que cette défense a gagné le duel 9 à 8! Personne n’aurait pu prédire un tel scénario. Kam Chancellor

Ceci dit, les Seahawks ont provoqué quatre revirements et les Broncos avaient une mauvaise tendance dans cette catégorie. Ils ont conclu la saison avec un ratio de 0, malgré une attaque sensationnelle et ils se retrouvaient à -2 après 2 matchs éliminatoires. Cette statistique sera toujours très importante.

Quant au joueur du match, Malcolm Smith, je suis content parce que ça représente bien les Seahawks. L’attaque qui a marqué 606 points en saison régulière est limitée à 8 au Super Bowl, je ne peux pas être plus à l’aise avec la sélection d’un joueur défensif.

Bien sûr, le choix aurait pu se porter sur Kam Chancellor (photo) ou Cliff Avril ou d’autres joueurs, mais je suis content que ce soit un joueur défensif car ça représente l’allure du match. En même temps, Smith est à l’image de son équipe. On parle d’une jeune formation agressive, combative, remplie de fougue, mais composée d’une multitude de joueurs méconnus. Smith a été sélectionné en 7e ronde et il ne jouait pas beaucoup en début de saison. Il s’est fait un peu plus valoir quand K.J. Wright s’est blessé et c’est intéressant qu’il obtienne ce titre.

Les Seahawks ont brandi cette carte tout au long de la saison. L’entraîneur Pete Carroll (à droite sur la photo) a souvent répété à ses joueurs que personne ne voulait d’eux, mais que son groupe croyait en leurs forces. Il symbolise très bien les Seahawks et c’est lui qui avait complété l’interception en fin de match contre les 49ers de San Francisco.

Tout le contraire qui avait été prévu en attaque

C’était le monde à l’envers au niveau de l’offensive. C’est l’attaque, supposément conservatrice, des Seahawks qui a foncé et joué sans retenue pour gagner. Dès le début du match, tout le monde a touché le ballon alors que six receveurs différents ont capté des passes de Wilson. Ce dernier a aussi couru le ballon tout comme son porteur Marshawn Lynch et Harvin s’est imposé avec son agilité.

Russell WIlson et Pete CarrollIl ne faut pas oublier la tentative de jeu truqué des Seahawks ce qui démontre leur désir de tout donner pour l’emporter. J’ai adoré la stratégie de Seattle alors qu’on s’attendait à voir le spectacle explosif des Broncos.

Wilson (photo) a été excellent et il a évité les revirements ce qui demeure la clé. Harvin est venu ajouter quelques étincelles avec des jeux explosifs et tous les gros jeux ont été réalisés par les Seahawks comme la course de Harvin, la passe à Baldwin, le retour d’interception pour un touché de Smith, le touché sur le retour de botté d’envoi de Harvin…

Évidemment, quand tu gagnes la bataille des revirements et celle des gros jeux, les probabilités sont énormes de mener au tableau.

Revenons sur le premier jeu, la fameuse mauvaise remise à Manning, parce que c’est assez particulier de rater une exécution dès le départ. Je comprends que le Super Bowl est considéré comme un endroit neutre, mais le 12e homme des Seahawks s’est fait entendre. C’est inusité étant donné que les premiers jeux sont établis à l’avance et les joueurs s’adaptent à la couverture défensive. Tout est réfléchi et ça finit par commencer du mauvais pied… On ne pouvait pas prédire l’impact de ce départ, mais c’était un présage de ce qui allait suivre.

Au final, c’est évident que les Broncos n’ont jamais égalé l’intensité des Seahawks. Il ne faut jamais oublier que le football commence par un bloc et se termine par un plaqué. Oui, le jeu d’échecs est très important, mais ça débutera et ça se terminera toujours de la même façon si bien que l’élément robustesse sera toujours présent.

Je ne peux pas conclure sans glisser un mot sur la performance décevante de Peyton Manning. Par contre, il est loin d’avoir perdu le match à lui seul. La ligne offensive a éprouvé des ennuis, ses receveurs ont été incapables de se démarquer, le plan de match ne semblait pas adéquat. C’était tellement évident qu’on se demandait si les Seahawks n’étaient pas dans le caucus des Broncos car ils prévoyaient tout ce qui allait se passer.

Il ne faut pas seulement viser Manning dans les critiques même s’il a raté des passes. C’est un amalgame de facteurs qui a mené à cet échec. Les unités spéciales des Broncos n’ont pas été à la hauteur et elles ont accordé le jeu qui a brisé les reins des Broncos.

À la demie, le pointage était de 22-0 et je suis certain qu’on a demandé à la défense d’arrêter les Seahawks au retour sur le terrain en disant qu’un touché nous replacerait dans la partie à 22-7. Mais le pire scénario s’est produit pour Denver avec le touché de Harvin et c’est dommage pour l’unité défensive des Broncos car elle n’a pas grand-chose à se reprocher dans ce duel.

Les Seahawks ont inscrit un touché sur les unités spéciales, un autre sur une interception et un touché de sûreté ce qui grimpe à 16 points. Ensuite, les Seahawks ont souvent bénéficié d’un court terrain pour aller marquer des points. Je trouve que la défense des Broncos a fait ce qu’elle pouvait, mais les autres unités n’ont pas contribué à l’effort.

C’est frustrant et surprenant pour les Broncos ! ll faudra voir la suite parce que Seattle possède une jeune équipe qui pourrait sévir encore. Wilson ne coûte pas encore très cher ce qui permet de garder d’autres piliers du club.

Quand une équipe remporte le championnat, les joueurs demandent des contrats plus lucratifs et tu dois faire des choix déchirants en sacrifiant quelques morceaux. Pour l’instant, la situation est enviable pour les Seahawks qui seront encore dangereux.

À bientôt chers amateurs de football, probablement lorsque les Alouettes annonceront la composition finale de leur équipe d’entraîneurs.

*Propos recueillis par Éric Leblanc.

Une mauvaise préparation des Broncos